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Mutinerie au sein de la police vanuatuane


Mutinerie au sein de la police vanuatuane
PORT-VILA, lundi 1er octobre 2012 (Flash d’Océanie) – Les tensions récurrentes, sous forme de guerre des chefs, au sein de la police de Vanuatu, ont connu en fin de semaine dernière un nouvel épisode avec l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs, dans le cadre d’une affaire de mutinerie, rapporte la presse locale.
Dès fin juin 2012, le gouvernement de l’archipel s’inquiétait de la probabilité d’éventuelles tensions au sein de sa police, à la suite d’une décision présidentielle intervenue peu avant de mettre à pied le chef des forces de l’ordre, Joshua Bong, dans le but affiché de mettre fin à un conflit qui l’opposait à celui qui assurait son intérim, Arthur Caulton.

Mi-juin 2012, le Président de Vanuatu, Iolu Abbil, avait dû intervenir afin de contenir les tensions entre les deux hommes.
Il avait choisi de mettre à pied M. Bong pendant trois mois, tout en lui maintenant son salaire, le tout jusqu’à la fin prévue du contrat de l’intéressé.
Quelques jours auparavant, M. Bong avait saisi la Cour Suprême, qui avait statué en sa faveur.
Au terme de ces trois mois de suspension, et quelques jours seulement avant la fon officielle de son mandat (le 30 septembre 2012), M. Bong avait repris son poste, ravivant ainsi l’affrontement entre les deux officiers: en fin de semaine dernière M. Caulton, mais aussi le Président de la Commission des Services de Police Tony Arthur et le commandant de la division du Sud Vanuatu (y compris l’île de Tana) Pierre Carlot ont été interpellés, puis inculpés, entre autres chefs d’accusation, de « mutinerie » et d’incitation à la mutinerie.
À l’issue d’une seconde comparution dimanche suivant leur arrestation, les trois officiers interpellés ont été remis en liberté sous caution, mais la juge Rita Naviti, du tribunal de première instance, qui entendait l’affaire, a ensuite estimé que cette affaire relevait de la juridiction de la Cour Suprême.
Le gouvernement de Vanuatu, via le ministre de tutelle George Wells, a dans un premier temps déclaré qu’étant donné que la justice est désormais saisie de cette affaire, la posture est officiellement d’attendre et de voir (« wait and see ») tout en surveillant la situation de près.
« Personne ne veut voir s’instaurer la confusion au sein de nos forces de police », a-t-il déclaré à la radio nationale en estimant que l’affaire demeurait une « affaire interne » aux forces de l’ordre qui doivent maintenant « clarifier la situation ».

Mais la Commission des Services de la Police, au cours de sa dernière réunion dimanche dans la soirée, semblait apporter son soutien à M. Bong et à un renouvellement de son contrat pour une durée de cinq ans.
Cette prise de position a suscité une autre réaction de la part de M. Wells qui, lundi, rappelait que le contrat de M. Bong était arrivé à échéance le 30 septembre 2012 et que le chef de la police par intérim, par conséquent, était désormais M. Caulton, conformément à une nomination présidentielle.

Le Président à Tanna

M. Bong, entre-temps, a appelé la population au calme en assurant que la police continuerait à assurer ses fonctions.
Il a aussi, sur les ondes de la radio nationale dimanche, démenti toute intention d’arrêter le Président Abbil alors que celui-ci a quitté Port-Vila samedi, après l’arrestation des trois officiers supérieurs, et se trouve depuis sur son île de Tanna.

Joshua Bong
Joshua Bong
Mais le verdict présidentiel de juin 2012, contre M. Bong, semble avoir laissé des traces.
Dès après cette intervention présidentielle, Georges Wells, ministre de l’intérieur, en charge de la police nationale, ne cachait pas son intention de surveiller de très près l’évolution de la situation en commençant par ordonner une enquête en internes sur des bruits de « mutinerie » au sein des forces de l’ordre.
M. Wells, qui parlait alors de faits « graves » et « lourds de conséquences » s’ils sont avérés, avait ordonné à l’intérimaire Arthur Caulton de se charger de cette enquête.
Ces préoccupations faisaient suite à des « avertissements » qui auraient été formulés par plusieurs officiers hauts placés et qui seraient opposés à une série de mutations aux postes clés au sein des rangs supérieurs de la police.

Mutinerie au sein de la police vanuatuane
M. Bong avait été une première fois mis à pied par la commission des services de la police, organe qui tient lieu de comité de discipline pour la police nationale vanuatuane.
La commission avait alors évoqué un manque de compétence et avait mis l’officier en « congés forcés », au titre de ses droits à faire valoir sur ses congés annuels.
Depuis, c’est son adjoint Arthur Caulton, qui avait assuré son intérim et avait très rapidement acquis une haute visibilité médiatique, partiellement en raison d’une nouvelle évasion en masse de prisonniers dans la capitale et qui a eu pour conséquence une vague de criminalité et l’assassinat à leur domicile d’un couple de Néerlandais en retraite, à Port-Vila.
Après la décision de la Cour Suprême, M. Bong avait tenté de reprendre son poste, mais M. Caulton avait refusé de lui céder la place.
M. Bong avait alors estimé qu’il s’agissait d’une « incitation à la mutinerie » et avait porté plainte.

En 2002, une tentative de mise en œuvre de réformes drastiques et d’intégration de la police aux Forces Mobiles de Vanuatu (les VMF, force paramilitaire) avait causé de graves tensions au sein des forces de l’ordre, conduisant au bord d’un affrontement direct entre camps opposés.

Rédigé par PAD le Lundi 1 Octobre 2012 à 05:35 | Lu 788 fois