Tahiti Infos

Motu Haka, l’âme des Marquises au Fifo


Le tournage a eu lieu du 12 juin au 13 juillet 2022 aux Marquises.
Le tournage a eu lieu du 12 juin au 13 juillet 2022 aux Marquises.
Tahiti, le 3 février 2023 - Raynald Mérienne est le réalisateur du film documentaire Motu Haka, le combat des îles Marquises présenté en compétition au Fifo. Il en est également le co-auteur avec Pascal Erhel Hatuuku. Le festival polynésien est une première étape et toute l’équipe espère que la parole des Marquisiens et de leur terre portera loin.

La sélection en compétition du film Motu Haka, le combat des îles Marquises au Festival international du film documentaire océanien (Fifo) est une première étape. “C’est une joie gigantesque et un honneur”, indique Raynald Mérienne son réalisateur. Car rien n’était garanti. “Mais on aimerait aller au-delà, porter la parole de Motu Haka plus loin, car elle est universelle et essentielle. Elle apporte de l’espoir et une certaine façon de voir.” 
 
Né il y a dix ans
 
Tout a commencé en 2013. Cette année-là, Raynald Merienne est venu en Polynésie tourner un documentaire aux Marquises pour l’émission Des racines et des ailes. Il dit avoir été “subjugué” par le territoire et par les femmes et les hommes qui le peuplent. “Il s’est passé quelque chose de très fort.” Il a rencontré Pascal Erhel Hatuuku qui a joué pour lui le rôle de fixeur, c’est-à-dire de guide. Pendant les années qui ont suivi, le réalisateur est revenu en Polynésie à plusieurs reprises. “J’ai gardé un lien avec les Marquises et avec Pascal. Nous avons songé à faire un film sur le Matavaa de Ua Pou.” 

La société de production audiovisuelle Bleu lagon productions a suivi le duo. “Nous avons fait des repérages en 2018/2019 pour cerner notre projet.” Raynald Merienne et Pascal Erhel Hatuuku, les deux auteurs, ont également lancé une campagne de financement participatif, diffusé un teaser pour chercher des fonds. Ils avaient pour objectif de faire un film documentaire pour le cinéma. “Ce qui ne s’est pas fait, nous avons frappé à toutes les portes, mais la pandémie est arrivée.” Le secteur du cinéma est resté frileux et n’a pas suivi le projet qui visait un marché de niche. “On s’est retrouvé un peu dans l’impasse”, reconnaît Raynald Merienne. 

En parallèle, France télévision s’est montrée intéressée, puis Polynésie la 1ère, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC)… Cela a apporté un nouveau souffle. “Nous avons raté le festival de Ua Pou car nous n’étions pas prêts, mais avons pu suivre celui de Fatu Hiva en 2022.”

Regards croisés

Le film raconte le combat de l’association Motu Haka qui se lève depuis 40 ans pour rassembler, sauvegarder, mettre en valeur ce qui demeure de leur culture. Grâce aux combats menés, le peuple marquisien peut honorer ses origines et les montrer avec ferveur à l’occasion du festival des arts traditionnels. 

Pour raconter ce combat, les deux auteurs ont choisi de croiser les regards. Il y a ceux des grands témoins, Georges Teikihuupoko, dit "Toti", et Ben Teikitutoua. “Ils disent comment les choses se sont passées.” Il y a Teanavai, une étudiante de 19 ans passionnée de danse et de culture, ainsi que Heretu, tatoueur d’à peine 30 ans qui se prépare pour participer au Matavaa. “Eux décrivent leur quotidien, leurs problématiques, leur passion et leur réalité. Ils ont un regard très différent.” Enfin, se trouvent les anciens “qui sont comme des ombres, des esprits qui accompagnent le film”. 

Raynald Mérienne (à gauche) et Pascal Erhel Hatuuku sont les deux auteurs du film documentaire Motu Haka.
Raynald Mérienne (à gauche) et Pascal Erhel Hatuuku sont les deux auteurs du film documentaire Motu Haka.
Les deux co-auteurs ont travaillé en échangeant en permanence et en apportant leur propre vision. “J’avais mon regard extérieur, Pascal, lui, a pu mettre en avant sa double culture bretonne et marquisienne. On s’est nourri mutuellement.” 

Le tournage a duré cinq semaines entre le 12 juin et le 13 juillet. “Nous avons sillonné l’archipel en amont du Matavaa pour capter les derniers préparatifs, l’effervescence, le bruissement.” Selon Raynald Mérienne, il y avait une “énergie très particulière”. Les moments intenses ont été nombreux tout au long du tournage. “Il y a eu plusieurs moments précieux”. Les grands témoins par exemple se sont livrés en toute confiance, “il y avait un paradoxe entre la simplicité des descriptions et l’immensité du combat”

À la veille du Fifo, Raynald Mérienne, Pascal Erhel Hatuuku ainsi que des représentants de Motu Haka sont “fébriles”. Le réalisateur espère que les Marquisiens “se reconnaîtront, qu’ils seront fiers”. Il espère que le film sera accueilli par le public avec “douceur”, “joie” et “émotion”. L’équipe sera sur le site de la Maison de la culture. L’étape suivante se jouera à Palm Springs (Californie) du 30 mars au 3 avril prochain. Le film a été retenu à l’American Documentary and Animation Film Festival.

​Projections

Lundi 6 février – Grand théâtre – 8 heures (scolaires uniquement) + rencontre en salle à la fin de la projection
Mardi 7 février – Petit théâtre – 9 heures
Mercredi 8 février – Grand théâtre – 18 heures + rencontre en salle à la fin de la projection
Jeudi 9 février – Grand théâtre – 8 heures + rencontre en salle  à la fin de la projection

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 3 Février 2023 à 17:36 | Lu 1349 fois