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Migrants: un documentaire offre une plongée dans un camp controversé d'Australie


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 10/10/2017 - Tourné avec un smartphone dans l'un des camps de rétention controversés mis en place par l'Australie dans le Pacifique, un documentaire présenté à Londres offre une plongée dans le quotidien de migrants parqués comme des parias.

"Chauka, please tell us the time" raconte la vie à l'intérieur du camp de l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où sont relégués des réfugiés ayant tenté de gagner les côtes australiennes, à l'instar de l'un des co-réalisateurs et auteur des images. Ce camp essuie régulièrement les foudres d'organisations des droits de l'Homme pour sa politique très dure envers les demandeurs d'asile. 
Le film, projeté lundi soir dans le cadre du festival du film de Londres (BFI), a été tourné avec un smartphone par l'Iranien Behrouz Boochani, qui y est détenu depuis quatre ans, après l'interception du bateau à bord duquel il tentait de rejoindre ce pays. 
"Nous avons construit l'histoire avec des images tournées au moyen de WhatsApp, une vidéo de vraiment faible qualité, et cela a pris longtemps à transférer", a expliqué à l'AFP le co-réalisateur Arash Kamali Sarvestani, qui avait contacté Boochani via Facebook. 
Le résultat final juxtapose des scènes enjouées d'enfants à celles d'hommes racontant comment ils sont traités et d'ambulances arrivant pour les soigner. 
"Nous avons juste parlé des idées et il a trouvé sa propre manière de faire parce qu'il vit là-bas", a poursuivi M. Sarvestani.
 

- 'Une belle vie' -

 
Behrouz Boochani est l'un des quelque 1.000 demandeurs d'asile parqués dans le camp de Manus et celui de l'île de Nauru, également en Papouasie-Nouvelle-Guinée, venant pour la plupart d'Iran, d'Afghanistan et du Pakistan.
Trois d'entre eux sont morts à Manus et les réalisateurs du documentaire espèrent contribuer à une prise de conscience publique en montrant au grand jour leurs conditions de vie - très vertement critiquées par les associations de défense des demandeurs d'asile et des professionnels de la santé. 
"C'est la première fois que le film est projeté en dehors de l'Australie", a dit Kamali Sarvestani, qui attend de voir "si cela va mettre les habitants d'autres pays en colère ou les conduire à faire pression sur l'Australie". 
Son co-réalisateur n'a pu venir assister à la projection malgré l'invitation des organisateurs du BFI. 
En 2016, la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée avait jugé "illégale" et "anticonstitutionnelle" les détentions dans le camp de Manus, que Canberra est censé fermer prochainement, réclamant leur relocalisation.  
Un premier groupe d'une vingtaine de réfugiés a quitté les lieux fin septembre afin de s'établir aux Etats-Unis, dans le cadre d'un accord conclu par l'administration Obama qui a suscité l'ire de Donald Trump. 
Mais le sort des autres demeure incertain. Selon Kamali Sarvestani, Behrouz Boochani est dans le flou le plus total: incapable de retourner en Iran et aucun autre pays ne veut l'accueillir. 
"S'il parvient à sortir de ce camp, je pense qu'il aura une belle vie (...). J'espère vraiment qu'il pourra partir mais je pense que ce sera difficile", a-t-il déploré.

le Mardi 10 Octobre 2017 à 04:23 | Lu 1130 fois