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Meurtres en sorcellerie en Papouasie: l’hécatombe continue


Meurtres en sorcellerie en Papouasie: l’hécatombe continue
PORT-MORESBY, mardi 13 mars 2012 (Flash d’Océanie) – La macabre liste ne cesse de s’allonger concernant les personnes tuées en Papouasie-Nouvelle-Guinée après avoir été accusées publiquement de sorcellerie.
Dernière affaire en date : la découverte des corps mutilés de deux hommes, ceux de Motunga Steven, la soixantaine, et de Boling Itai, la cinquantaine, dimanche 11 mars 2012, non loin du village de Gobadik (province de Morobé), rapporte lundi le quotidien papou The National.
Les deux individus avaient au cours des jours précédents été publiquement accusées d’avoir pratiqué la sorcellerie, a précisé la police après une enquête préliminaire.

Les premiers éléments recueillis révèlent aussi l’organisation d’une véritable expédition exécutoire de la part d’un groupe d’hommes du village, qui sont allés réveiller l’une des deux victimes à son domicile aux alentours de trois heures du matin, dimanche.
Deux des hommes se sont d’abord fait passer pour des agents de police menant une perquisition à la recherche de plants de cannabis.
Après avoir ainsi convaincu l’homme de sortir de chez lui, ce dernier a alors été assailli par le groupe d’hommes, armés de haches, de sabres d’abattis et même de tournevis, selon les quotidien.
Le corps de la victime aurait ensuite été traîné sur une bonne centaine de mètres avant que d’être laissé sur place.
Quelques heures plus tard, un villageois a fini par vouer à la police qu’un autre homme avait été exécuté le même jour et que son corps gisait aussi sur une route.
Mi-janvier 2012, dans un village de la province du Sépik occidental, six personnes, dont un collégien, auraient aussi été exécutées après avoir été publiquement accusées de pratiquer la sorcellerie, rapportait à l’époque le quotidien Post Courier, qui faisait aussi état de la présence au moment du crime d’agents de police.
Depuis la multiplication de ces affaires de meurtres en sorcellerie, les appels se multiplient en Papouasie-Nouvelle-Guinée afin de faire abroger une loi considérée comme un facteur encourageant ce genre d’attitudes : le texte condamne les actes de sorcellerie, pratiques auxquelles un grande majorité de la population croit encore.

Une grande majorité de victimes sont des femmes

Les dernières statistiques disponibles concernant cette seule cause de décès font état, chaque année, de pas moins de deux cent victimes, principalement dans les régions isolées et reculées de Hauts-Plateaux.
Rebondissant sur la toute récente journée internationale des femmes, le 8 mars 2012, l’organisation humanitaire Amnesty International a une nouvelle fois exhorté le gouvernement papou à s’attaquer sérieusement à ce phénomène, en s’appuyant au besoin sur les ONG locales.
Outre l’ignorance et les croyances en milieu tribal, une autre cause a ces derniers mois été identifiée comme contribuant à ces assassinats : l’existence d’une vieille loi relative à la sorcellerie, toujours présente dans le code pénal, et qui semble faire croire à de nombreux dirigeants locaux, villageois ou coutumiers, qu’ils sont fondés à se faire justice eux-mêmes.

Prochaine visite de la rapporteure spéciale des Nations-Unies

La rapporteure spéciale des Nations-Unies pour les violences faires aux femmes, Rashida Manjoo, devrait se rendre prochainement dans ce pays, sur l’invitation du gouvernement, afin dans un premier temps de tenter de dresser un bilan de ce phénomène et ensuite d’obtenir des engagements concrets de l’exécutif.
Début décembre 2011, le tribunal de Kundiawa (district de Simbu, province des Hauts-Plateaux) a condamné à quinze années de travaux forcés deux hommes reconnus coupables du meurtre d’une vieille femme, qu’ils pensaient être une sorcière responsable du décès d’un responsable provincial.
Le juge Lawrence Kangwia, en rendant son verdict vendredi 2 décembre 2011, a justifié la lourdeur de la sentence par le fait que ce genre de crimes, motivé par d’anciennes croyances, « n’a aucune place dans une société moderne ».
Dans le cadre de la même affaire d’homicide, un troisième homme a été placé en détention préventive, en attendant sa comparution.
Les cas de meurtres et d’exécutions ouvertement motivés par des accusations de sorcellerie envers les victimes, le plus souvent en milieu rural, se sont multipliés ces dernières années en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans certains cas, les victimes sont accusées d’être responsable de la mort inexpliquée de membres de la communauté qui, en fait sont décédé des suites de maladies comme le VIH-SIDA.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 13 Mars 2012 à 05:50 | Lu 1276 fois