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Mayotte: des pluies diluviennes tuent une mère et ses 4 enfants


Mamoudzou, France | AFP | jeudi 11/01/2018 - Une mère et ses quatre enfants sont morts à Mayotte après que des pluies diluviennes ont emporté leur habitation de tôle, dans ce jeune département où subsistent de nombreux bidonvilles, en majorité habités par une population clandestine.

Mercredi vers 23H00, de "fortes pluies localisées" ont provoqué une coulée de boue qui a emporté la case de tôle, ou "banga" en langue mahoraise, de la famille, construite à flanc de colline dans une zone non viabilisée de Koungou, dans le nord de Mayotte, ont indiqué les services de secours et la préfecture.
Un enfant a pu s'extraire et "est indemne", mais "une maman et quatre enfants" sont décédés, a précisé à la télévision Mayotte 1ère le Colonel Cassou, directeur du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) 976. 
Les secours ont dû extraire les corps engloutis sous la boue, dans une ravine où se côtoient plusieurs centaines d'habitations de tôle au milieu des palmiers.
Sur place jeudi matin, le préfet Éric Veau a longuement rencontré le père de famille effondré, qui n'était pas dans l'habitation au moment du drame. 
Les enterrements des cinq victimes étaient prévus dans la journée, selon les rites musulmans.
"Ce sont des conditions d'habitat précaire sur lesquelles il nous faut travailler dans la durée. Il nous faut relancer toutes les actions de lutte contre l'habitat illégal" et "offrir des solutions de relogement", a ajouté le préfet. "Pour cette année, nous avions 300 logements prévus, il y en aura 200 qui seront livrés et les choses vont aller en s'améliorant dans les années qui viennent", a-t-il promis. 
En raison d'une grande instabilité du terrain sur lequel sont bâties ces habitations "de fortune", les secours ont évacué dans la nuit "150 personnes", selon la préfecture, et ont constitué un "périmètre de sécurité de 200 mètres", a précisé le directeur du SDIS 976. 
 

- "Colère froide" -

 
Mais jeudi matin, de nombreuses personnes étaient de nouveau sur place: "Certaines ont souhaité revenir contre les consignes de sécurité qui ont été données (...) afin de récupérer des affaires", a précisé sur place le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet.
"C'est moi qui ai appelé le père", a raconté à l'AFP Fahidati Mohamadi, voisine immédiate et amie de la famille, elle-même alertée dans la nuit par son mari qui a entendu la coulée de boue. 
"J'ai sept enfants, j'ai peur", ajoute Fahidati, qui précise que sa famille va dormir la nuit prochaine "chez (sa) mère", dans une habitation de fortune toute proche mais pas immédiatement au-dessus du glissement de terrain.
Mayotte, département français depuis 2011, en croissance démographique exponentielle, est marqué par un habitat précaire important et de très nombreux bidonvilles, liés à une forte immigration irrégulière.
"C'est important de redire à la population tous les risques qu'il y a à s'implanter comme ça de manière spontanée dans des zones en pente et dans des lits de rivière", a insisté le préfet. 
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a présenté jeudi matin sur Twitter ses condoléances aux "proches et aux habitants choqués par ce terrible drame. Les services de l'État mobilisés pour assister les sinistrés".
Le député LR de Mayotte, Mansour Kamardine, a réclamé au gouvernement "la constitution et l'envoi immédiat, à Mayotte, d'une mission interministérielle d'évaluation des risques et de définition d’un plan d'urgence".
"Notre tristesse est mêlée d'une colère froide", écrit le député dans un communiqué, soulignant que des "dizaines de milliers de personnes vivent à Mayotte dans des habitations insalubres, construites sauvagement sur des terrains non viabilisés, la grande majorité d'entre eux étant des immigrés clandestins". L'île subit une forte immigration irrégulière venant principalement des Comores. 
"L'inaction des pouvoirs publics face à la situation à Mayotte, alliée au changement climatique (...) est une source potentielle de drames humains massifs", affirme M. Kamardine, réclamant que l'immigration soit "stoppée" et un plan de résorption de l'habitat insalubre "engagé sans délai".

le Jeudi 11 Janvier 2018 à 05:14 | Lu 550 fois