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Matelots de la vie, pour oublier la maladie et transmettre un message d'espoir


Matelots de la vie, pour oublier la maladie et transmettre un message d'espoir
LE CROISIC, 20 juillet 2013 (AFP) - Sur le pont du Notre Dame des Flots, huit ados regardent Pornichet s'éloigner en ce matin frisquet de juillet. Sous l'égide de "Matelots de la vie", les voilà embarqués sur le voilier pour une expédition de trois semaines, pour oublier la maladie, les tourments, l'hôpital et envoyer un message d'espoir.

Depuis 2006, l'association "Matelots de la Vie" embarque chaque été des jeunes, malades ou anciens malades. Comme ce mois-ci, Léa, 13 ans, en rémission d'un cancer de la gorge, ou Pierre, 16 ans, atteint d'une maladie génétique, dont les jambes sont marquées par les traces des broches qu'il a portées pendant huit mois.

Comme aussi Nathan ou Emilie. En tout, 4 filles et autant de garçons, âgés de 11 à 16 ans, qui agitent leurs mains en guise d'au revoir adressé à leurs parents, à d'ex-"matelots" et aux membres de l'association restés à quai. En août, huit autres adolescents prendront leur place, certains avec leur traitement.

"Pour des enfants qui sont restés isolés du fait de leur maladie, qui ont été archi-protégés par les parents, l'expédition est un moyen de se remettre dans un collectif, de s'impliquer, de se reprendre en mains, de prendre des responsabilités", explique Flore Lévêque, la chef d'expédition, bénévole.

"Ils ont été passifs pendant la maladie, et là ils sont acteurs de tout: cuisine, ménage, vaisselle, manoeuvres. Chacun avec sa maladie va s'adapter", dit-elle.

"A l'hôpital, on reste enfermés, même s'il y a des activités", confirme Cindy, qui à 16 ans, a déjà fait face à deux cancers et cinq chimiothérapies. "C'est pas marrant quand on ne peut pas se déplacer tellement on est faible", témoigne-t-elle.

"Embarquer, c'est du bonheur, c'est une libération", assure Romane, 13 ans et demi, qui a pris la barre du harenguier de 28 m et 210 tonnes de bois, sous l'oeil attentif du commandant, Pepo.

Ambassadeurs et donneurs d'espoir

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"C'est une récompense de s'être battus contre la maladie, ça veut dire: c'est fini, t'as réussi", dit la jeune fille, tellement vive qu'on a du mal à croire que souffrant d'une arthrose congénitale, elle a été amputée d'une jambe à mi-mollet.

C'est déjà l'heure du déjeuner: au menu, rôti de porc et coquillettes, préparés par les préposés aux repas du jour, Pierre et Joël. A la vaisselle: Léa et Cindy, dont le rire retentira toute cette première journée de l'expédition, entre Pornichet et Le Croisic.

Une expédition ponctuée de rencontres avec des professionnels de la mer, artisans, pêcheurs, ostréiculteurs, scientifiques... Car les Matelots de la vie entendent faire prendre conscience des menaces pesant sur l'environnement.

"Les enfants sont conscients de la valeur de la vie car ils ont failli la perdre", souligne Flore Lévêque. "Donc ce sont de bons messagers pour la protection de l'environnement ...et de la vie".

Au-delà de ce rôle d'ambassadeur, les matelots ont une autre mission: donner de l'espoir aux enfants en lutte contre la maladie. Car l'aventure est partagée chaque jour, via internet, avec quelque 3.000 enfants hospitalisés en France dans quelque 30 hôpitaux partenaires.

Ainsi, chaque soir, les préposés au journal de bord rédigent le compte-rendu de la journée et postent sur le site de l'association photos et vidéos. Ils envoient aussi une énigme, que les enfants devront résoudre, pour gagner des cadeaux destinés aux services où ils sont traités. Sur le pont, les huit ados s'apprêtent à mimer, palmes aux pieds, main en équerre, "La marche de l'empereur".

"La mission de nos matelots est de faire rêver, s'évader" alors qu'il y a "un creux à l'hôpital pendant l'été", propice à laisser les enfants "gamberger", dit Flore Lévêque. "C'est une façon de dire: +moi, j'étais au fond de mon lit il y a six mois. Donc ne désespère pas, tout est possible, un jour toi aussi tu pourras embarquer+".

Sur le livre de bord, à l'issue d'une journée marquée par un sentiment de "liberté", les ados ont adressé ce message aux enfants malades: "L'an prochain, c'est nous qui viendrons pour votre départ".

Rédigé par Par Hervé GAVARD le Samedi 20 Juillet 2013 à 06:29 | Lu 301 fois