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Marie-Christine Seroux et les sœurs de combat


TAHITI, le 2 mars 2022 - Depuis décembre 2021, elle est la nouvelle présidente d’Amazones Pacific, cette association qui apporte du soutien aux femmes atteintes ou ayant été atteintes d’un cancer. Elle prend très à cœur son rôle, ne manque ni d’idées, ni d’énergie pour mener à bien les projets nombreux et variés.

Apporter toujours plus de soutien aux femmes qui souffrent, tel est l’objectif de Marie-Christine Seroux. Elle est la nouvelle présidente de l’association Amazones Pacific depuis décembre 2021. Cette association a été fondée en Polynésie en 2018. Elle vient en appui aux femmes atteintes ou ayant été atteintes d’un cancer.

Au départ de Amazones : le désir pour des femmes originaires ou vivant dans les Outre-mer de partager, sensibiliser et transmettre sur la question du cancer. Comment guérir le corps et l’âme ? Comment guérir son propre regard et accueillir le regard de l’autre quand on doit apprendre à se réapproprier son corps très souvent marqué par les traitements ? De ces nombreuses questions est né le projet Amazones : une exposition photo collective en Martinique en octobre 2017 qui portait sur la question de la féminité après avoir vécu un cancer du sein. Cette exposition a voyagé, évolué et s’est tenue à Tahiti, en Guadeloupe, à Paris et à la Réunion. À la suite et en lien avec le corps soignant, les membres d’Amazones ont décidé de mettre en place une série d’outils mis à la disposition des femmes et de leurs familles pour les Outre-mer et Paris, lieux où avaient eu lieu l’exposition. Informer le plus grand nombre, sensibiliser aux problématiques que rencontrent les femmes en Outre-mer, développer des lieux d’accueil conviviaux, des activités de soins complémentaires, défendre les droits des femmes et de leurs familles, créer d’autres associations en Outre-mer et ailleurs sont les priorités des membres du projet Amazones. En Polynésie, depuis 2018, l’association est dynamique, portée par des femmes fortes et pleines de ressources. En 2021, elle comptait 104 adhérents, dont 64 femmes.

Atelier ukulele
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"C’était plus fort que moi"

Marie-Christine Seroux est née aux Antilles en 1968 mais a grandi en métropole. Militaire, elle a travaillé dans l’armée de l’air dans le secteur de la logistique à Bordeaux, Djibouti, Orléans et Tahiti où elle a fini par poser définitivement ses valises. Avec son mari, elle savait que “c’était la vie en Outre-mer qui nous correspondait. On a pu rester ici”. Elle a démissionné et a travaillé dans le civil dans diverses entreprises. Elle a démarré une formation d’auxiliothérapie. Il s’agit d’une relation de soutien et d’accompagnement spécialisé dans le domaine de la forme et de la santé.

En parallèle, elle a rencontré les Amazones Pacific via une amie proche atteinte d’un cancer du sein. “Je l’ai vue, du début à la fin, aller de l’avant, rester positive, être là pour les autres, accorder du temps à ceux qui l’entouraient malgré les difficultés, mobiliser son énergie.” Marie-Christine Seroux a suivi tout son parcours médical mais aussi moral. “Je me disais : si cela m’arrivait à moi, comment je réagirais ? Qu’est-ce que je ferais ?” Malgré sa détermination, son amie s’est éteinte en septembre 2020.

Marie-Christine Seroux a poursuivi sa formation, convaincue après avoir accompagné son amie qu’elle était sur la bonne voie. En novembre, un stage l’attendait, elle a dû le décaler. “J’avais pris un rendez-vous chez l’ophtalmologiste à cause d’un problème à l’œil.” Finalement, Marie-Christine Seroux n’a pu suivre son stage comme prévu. Elle a passé une semaine à l’hôpital. “Cela a été très long de rester sans savoir d’abord ce que j’avais puis comme on allait le prendre en charge.” Elle a appris ensuite qu’elle souffrait d’un cancer du poumon. Une stratégie thérapeutique rapide et ciblée a pu être mise en place. Elle s’est révélée très efficace. Elle bénéfice d’un traitement de troisième génération dont elle supporte bien les effets secondaires. La maladie a régressé et reste sous contrôle. C’est avec beaucoup d’énergie, de volonté, d’envie de vivre mais également de détermination pour prévenir, sensibiliser et aider que Marie-Christine Seroux ressort de cette expérience. Elle a elle-même pu profiter du soutien des Amazones.


Initiation golf à Papara.
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”Il faut donner ce qu’on peut, tant que l’on peut”

Quand la place de présidente de l’association s’est présentée, “cela m’a paru comme une évidence de l’accepter. C’était plus fort que moi.” Marie-Christine Seroux ne veut pas “avoir de regrets”. Elle fonce. “J’ai fait tellement de choses en l’espace de si peu de temps, mais je m’éclate sur tous les plans.” L’issue de la maladie n’est jamais certaine, “il faut donner ce qu’on peut, tant que l’on peut.” Les projets ne manquent pas, sa générosité est sans limite.

Avec le lancement de l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF), une dynamique est en route sur le territoire. Associations, patients, professionnels de santé travaillent main dans la main. Le 10 février, le défi Tapea i tapari a été lancé. Il encourage les patientes et leur entourage à faire du sport au moins 2h30 par semaine. Une journée des patients se prépare pour toucher toujours plus de monde sur le territoire. Elle est prévue en avril.

Par ailleurs, Amazones Pacific qui est installée à Tipaerui, aimerait voir fleurir des “petites sœurs”. Des espaces pour recevoir les femmes, fédérer les patientes, leur proposer des activités sur la Presqu’île, Moorea, Bora Bora… Marie-Christine Seroux cherche le moyen d’ouvrir le fare de Tipaerui à temps plein et envisage d’y installer un nouvel espace de repos. Un fauteuil, à l’abri des regards, du quotidien pour offrir un endroit aux femmes qui ont besoin de s’isoler quelques minutes. “Parfois, à la maison, ce n’est pas toujours facile, il peut y avoir des tensions, du bruit.

Par ailleurs, Amazones Pacific va œuvrer pour tisser des ponts entre médecine conventionnelle et médecine traditionnelle. Si la médecine conventionnelle a fait beaucoup de progrès —“on peut guérir de la maladie”, insiste Marie-Christine Seroux qui milite pour briser les tabous et faire en sorte que la prise en charge arrive le plus tôt possible— la médecine traditionnelle a toute sa place.

La présidente de l’association parle également de son souhait de voir un jour se mettre en place le diplôme patient-partenaire pour travailler toujours plus étroitement avec le corps médical et “systématiser notre intégration dans le parcours de soin”. Elle conclut : “Il y a encore tant de personnes dans la souffrance. Il reste tant à faire”. Une chose est sûre, qu’elle que soient les réalisations, Marie-Christine Seroux ne peut avoir de regret de n’avoir pas fait assez.



Contacts

FB : Amazones Pacific
87 38 90 39
[email protected]
Adhésion : 1 000 Fcfp. Tous les ateliers de l’association sont gratuits pour les adhérentes.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 2 Mars 2022 à 19:08 | Lu 1376 fois