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Manuel Valls bat le rappel en Nouvelle-Calédonie avant le référendum de 2018


A deux ans du référendum d'autodétermination, Manuel Valls a mis vendredi la pression sur les responsables calédoniens pour qu'ils se mobilisent en vue de cette échéance cruciale tout en venant à la rescousse du secteur du nickel en crise.

"Le temps est compté. L'année 2017 sera une année d'élections (...) Il importe d'autant plus que l'année 2016 soit pleinement une année utile" pour préparer l'archipel au référendum où les Calédoniens se prononceront sur l'indépendance, au plus tard en novembre 2018, conformément à l'accord de Nouméa (1998).

Et pour que les choses soient claires, le Premier ministre a lancé une mise en garde à ceux qui seraient tentés par les atermoiements à l'occasion des élections présidentielle et législative de l'année prochaine.

"Ne jouons pas la montre. D'abord, vous ne savez pas ce qui se passera en 2017 (...) Il ne faut pas imaginer que tel ou tel changement, s'il y a changement, pourrait venir au secours de telle ou telle thèse".

Paris considère que quel que soit le résultat de la consultation, les différentes parties calédoniennes, indépendantistes ou anti-indépendantistes, doivent échanger dès maintenant sur les futurs contours institutionnels et politiques de l'archipel.

"Si l'un ouvre la bouche, l'autre le fait fusiller", soupire un bon connaisseur du dossier calédonien.

Fustigeant lui-même les "escarmouches inutiles alors que les sujets essentiels sont laissés sur le bord du chemin", Manuel Valls a assuré que l'Etat assumerait "pleinement son rôle", rappelant que d'"éminents" experts étaient à la disposition des acteurs calédoniens pour les aider à "matérialiser le fruit de (vos) propres réflexions".

Un "comité des signataires", chargé de veiller au bon déroulement de l'accord de Nouméa, se tiendra à la fin de l'année, a-t-il dit.

Dans une visite au pas de charge entrecoupée de rencontres avec les dirigeants politiques et coutumiers, agrémentées de danses traditionnelles au son du tambour et des fifres, Manuel Valls a évoqué lui-même la question de l'insécurité sur l'archipel, qui suscite la préoccupation de plusieurs interlocuteurs.

"Je n'ignore rien de (...) l'exaspération de nombreux Calédoniens dont j'avais déjà été saisi comme ministre de l'Intérieur", a-t-il dit.

Mais c'est sur la situation très préoccupante du nickel, poumon économique de l'île, que Manuel Valls était particulièrement attendu.

- 200 millions d'euros -

"En Nouvelle-Calédonie, et plus particulièrement dans ces périodes critiques de l'Histoire, les désordres sociaux peuvent se transformer en conflit ethnique et politique", n'a pas hésité à mettre en garde dans la matinée Philippe Germain, président du gouvernement calédonien. Il s'était juste auparavant alarmé de la "crise sérieuse" de la métallurgie calédonienne "qui perdure depuis 2013 et dont personne ne voit la fin à court terme".

Le Premier ministre est venu de Paris avec plusieurs propositions pour soutenir le nickel.

Prenant la parole dans l'usine de la Société Le Nickel, à Nouméa, il a déclaré que l'Etat était disposé notamment à prêter 200 millions d'euros aux trois provinces calédoniennes actionnaires de la SLN.

Cette proposition concerne la STCPI, qui porte l'actionnariat des trois provinces de Nouvelle-Calédonie dans le capital de la SLN, premier employeur privé de l'archipel.

Le nickel calédonien, qui représente 20 à 25% des emplois de l'archipel selon Matignon, subit une crise très importante consécutive à la chute des cours due notamment au ralentissement de l'économie chinoise.

Manuel Valls a également assuré le personnel présent que l'Etat était prêt à aider à la construction d'une nouvelle centrale électrique, pour remplacer l'actuelle, vieillissante et coûteuse, qui alimente les fours de l'usine métallurgique de Doniambo, à Nouméa.

"On a été rassurés mais il y a encore des choses à améliorer, comme la compétitivité. Et nos craintes sur la masse salariale demeurent", a commenté Eddy Coulon, délégué du Soenc Nickel, principal syndicat de la SLN.

"L'Etat tend une perche formidable. Nous avons les meilleures conditions possibles (...) pour pouvoir nous sortir de cette passe difficile", s'est félicité Patrick Buffet, PDG d'Eramet, la maison-mère de la SLN.

Manuel Valls doit consacrer sa journée de samedi à un déplacement dans la province nord de l'archipel, gérée par les indépendantistes.

Il quittera la Nouvelle-Calédonie dimanche, après un passage aux îles Loyauté, pour gagner la Nouvelle-Zélande.

Avec AFP

Rédigé par () le Vendredi 29 Avril 2016 à 06:53 | Lu 743 fois