Tahiti Infos

Manoeuvres militaires rivales en Méditerranée orientale malgré les appels à la désescalade


Athènes, Grèce | AFP | mercredi 26/08/2020 - Malgré les appels à la désescalade, des manoeuvres militaires rivales ont eu lieu mercredi en Méditerranée orientale, dans un contexte de tensions croissantes entre la Turquie et la Grèce, toutes deux membres de l'Otan, qui se disputent des zones maritimes riches en hydrocarbures.

D'un côté, des navires de guerre turcs ont procédé à des exercices *avec un destroyer américain, selon le ministère turc de la Défense. 

De l'autre, "Chypre, la Grèce, la France et l'Italie se sont mises d'accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l'Initiative quadripartite de coopération (QUAD)", a annoncé le ministère grec de la Défense.

Ces manoeuvres ont commencé mercredi et doivent durer jusqu'à vendredi dans le sud et le sud-ouest de Chypre, selon une source militaire.

Elles interviennent en plein accroissement des tensions entre la Turquie et la Grèce en Méditerranée orientale, où la découverte d'importants gisements gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux pays voisins concernant leurs frontières maritimes.

Depuis le 10 août, le bâtiment sismique turc Oruç Reis accompagné d'une escorte navale se trouve dans cette zone, provoquant l'ire d'Athènes qui a répliqué en envoyant sur place des bâtiments.

La France a averti Ankara que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer "un terrain de jeu" pour des "ambitions" nationales.

"Le respect du droit international doit être la règle et non l'exception", a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly dans un tweet. 

En dépit des appels à la désescalade en provenance de l'Europe, des Etats-Unis et de l'Otan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt tenu dans un discours des propos au vitriol. 

Il a averti que la Turquie ne ferait "aucune concession" pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale, appelant ses "interlocuteurs" à "se garder de toute erreur" qui mènerait à leur "ruine", dans une allusion à la Grèce qu'il n'a pas nommée.

Athènes sur "le qui-vive"

"Nos forces armées restent sur le qui-vive", a de son côté prévenu le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis devant le parlement, "la Grèce est aussi forte sur le terrain qu'elle l'est dans le dialogue".

Le gouvernement grec attend que du président Erdogan qu'il "montre ce qu’il a dit à nos partenaires européens (...) c’est-à-dire qu’il amorce une désescalade dans sa rhétorique et dans ses actes”, selon son porte-parole Stelios Petsas.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est dit "préoccupé par la situation en Méditerranée orientale", exhortant lui aussi à "la désescalade" et au "dialogue".

"Nous devons trouver un moyen de régler cette situation (...) sur la base de l'esprit de solidarité entre alliés et du droit international", a-t-il lancé.

Pour le ministère chypriote de la Défense, "les tensions et les tentatives de déstabilisation en Méditerranée orientale (...) ont atteint leur pic".

Dans le cadre de sa mission de médiation entre Ankara et Athènes, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, avait prévenu mardi que "la moindre étincelle pouvait conduire à une catastrophe".  

"Personne ne veut régler ce différend par des moyens militaires", avait souligné le ministre allemand, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

La petite île grecque de Kastellorizo, située à deux kilomètres des côtes turques, cristallise la colère d'Ankara.

Selon Athènes, les eaux l'entourant sont sous souveraineté grecque, ce qui priverait Ankara de dizaines de milliers de km2 de zones maritimes riches en gaz. 

Ankara réclame "un partage équitable des eaux en Méditerranée" et s'est dit prêt mardi à "un dialogue sans conditions préalables" avec la Grèce, qui, pour sa part, s'est dite disposée à dialoguer "mais pas sous les menaces".

Déploiement "planifié" 

"Ceux qui veulent s'opposer à nous et qui sont prêts à en payer le prix, qu'ils le fassent. Sinon, qu'ils s'écartent de notre chemin", a encore averti le président Erdogan mercredi.

Selon le ministère turc de la Défense, "la frégate turque TCG Barbaros et la corvette TCG Burgazada ont effectué des manoeuvres d'entraînement militaire avec le contre-torpilleur américain USS Winston S. Churchill", le même qui avait participé à un exercice avec la Grèce lundi.

De son côté, la France a engagé trois avions de chasse Rafale, une frégate et un hélicoptère dans les manoeuvres communes, selon la ministre des Armées.

Les Italiens ont quant à eux engagé dans ces opérations une frégate, les Grecs une frégate et des moyens héliportés tandis que Chypre a déployé des moyens héliportés et un patrouilleur, selon le ministère français.

"Il y a une volonté de ces pays (...) de renforcer leur présence et de réaffirmer à la fois le droit international et la liberté de navigation", a précisé le ministère, selon lequel ce déploiement est "planifié depuis un certain temps".

Le différend gréco-turc sera à l'ordre du jour d'

le Mercredi 26 Août 2020 à 08:48 | Lu 357 fois