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"Malgré la victoire, c'est une alerte"


Tahiti, le 24 avril 2022 – Le président du Pays et du Tapura, Édouard Fritch, a réagi dimanche matin chez nos confrères de Polynésie la 1ère aux résultats du second tour de l'élection présidentielle. Il concède que cette victoire en demi-teinte est une "alerte" pour son parti qui, selon lui, n'a "pas suffisamment travaillé sur le terrain".
 
Quel bilan tirez-vous de ce deuxième tour de l'élection présidentielle ?
 
"Les scores se sont érodés par rapport à 2017, même dans ma commune à Pirae. Ce qu'il faut retenir quand même, c'est la victoire. (…). Cela dit, puisqu'encore une fois il y a eu beaucoup d'abstention, je veux remercier tous les électeurs qui sont venus et qui se sont prononcées, soit pour Emmanuel Macron, soit pour Marine Le Pen."
 
Il y a des communes où Marine Le Pen est en tête, on pense notamment à Bora-Bora, Mahina, Arue… Est-ce que ce n'est pas une alerte pour le Tapura ?
 
"Malgré cette victoire, c'est une alerte pour le Tapura huira'atira. Cette élection peut être interprétée de différente façon, suivant les partis politiques. J'ai entendu que le Amuitahira'a revendique, à lui seul, le score de Marine Le Pen. Il y a eu une espèce de conglomérat pour s'opposer au Tapura, en vue des prochaines élections. Il ne faut pas se leurrer, car les législatives arrivent et surtout les territoriales l'année prochaine. Il y a un rassemblement anti-Tapura qui s'est constitué dans l'opposition et c'est ce qui explique le score de Marine Le Pen. Il y a Te Nati, avec Eric Minardi qui a quand même fait du bon travail. Mais il y a tout le reste, ainsi que les abstentionnistes du premier tour qui sont venus exprimer leur 'ino'ino vis-à-vis du Tapura et du gouvernement. Il y a deux façons de voir les choses. Tout d'abord, j'estime que le Tapura huira'atira s'est bien débrouillé. Nous avons tenu le choc, puisque nous avons obtenu la moitié des voix. La deuxième chose, c'est l'abstention qui me préoccupe depuis le premier tour. Je pense que c'est une conséquence de tout ce qu'il s'est passé ces deux dernières années avec la crise du Covid et la taxe qui a été mise en place et qui a pourtant un but précis, même si les acteurs sociaux sont maintenant acquis à notre cause. J'ai pris des décisions difficiles. A la fin de l'année dernière, les critiques envers le gouvernement étaient très fortes. Je ne pensais même pas que le Tapura huira'atira ferait la moitié des voix exprimées. Dans cette victoire, il y a un signe fort qui vient des électeurs. C'est une alerte. J'en prends compte et j'assume, parce qu'effectivement j'en suis en partie responsable en tant que chef de l'exécutif."
 
Comment vous abordez les législatives ?
 
"D'une façon positive. L'élection présidentielle n'intéresse pas les Polynésiens. Depuis pas mal de temps. Il fallait expliquer que pour sauver la Polynésie de demain, il fallait à tout prix qu'Emmanuel Macron soit élu. Contrairement à ce que disent certains, Emmanuel Macron a fait beaucoup pour le Pays. Après sa visite de juillet dernier, il n'a pas pu tout mettre en chantier puisqu'on était encore dans la crise sanitaire et qu'il y avait les élections, mais il y a beaucoup de projet. Un des premiers signes de sa volonté vis-à-vis de la Polynésie, c'est la construction des abris de survie. L'état va participer à hauteur de 5 ou 6 milliards pour le plan de transition énergétique (7 milliards, NDLR). Des signes forts ont été donnés. J'ai demandé à nos maires, à nos représentants, de descendre sur le terrain, d'aller à la rencontre de nos électeurs pour leur expliquer ce que c'est qu'une élection, ce que c'est qu'un vote et surtout l'intérêt pour la Polynésie à ce qu'Emmanuel Macron soit élu. Dans le cas de Bora-Bora, le maire était très occupé, sur les 15 derniers jours, avec la francophonie. Mais, effectivement, nous avons montré des signes de faiblesse dans certaines communes. Ça ne veut pas dire que le Tapura huira'atira est réellement en difficulté. On n'a pas suffisamment travaillé sur le terrain. Pour les législatives, il n'y a que le travail qui paie, il faut aller sur le terrain, éviter de s'engager sur des choses dont on n'est pas sûr et surtout éviter de raconter des mensonges."
 

Rédigé par Propos recueillis par Polynésie la 1ère le Dimanche 24 Avril 2022 à 13:04 | Lu 3902 fois