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Makatea : une autre voie que celle de la mine


Makatea : une autre voie que celle de la mine
PAPEETE, jeudi 15 novembre 2012. La semaine dernière, deux adjoints (des directeurs techniques) de l’investisseur minier australien Colin Randall, sont allés à la rencontre des habitants de Makatea pour évoquer en réunion publique, la possibilité d’une réouverture de l’exploitation du phosphate. Une réunion qui a fait le plein puisque, selon le président de l’association de protection de l’environnement à Makatea, près d’une centaine de personnes était présente, un nombre plus important que celui des résidents habituels de l’atoll. Lors de cette réunion, une autre voie que celle du développement minier a été évoquée. «J’ai été surpris de voir qu’ils étaient eux-mêmes surpris que ce projet de réouverture de l’exploitation du phosphate ne contentait pas tout le monde. On a remis les pendules à l’heure» explique Jacky Ione, le président de l’association de protection de l’environnement de Makatea qui existe depuis plusieurs années. Visiblement, pour Jacky Ione l’opposition de certains habitants à ce projet a été occultée et n’a pas été communiquée aux promoteurs miniers. «A 90%, ils sont contre, même si quelques propriétaires voudraient bien vendre en cédant aux bonnes paroles qu’on leur sert» précise-t-il.

Selon l’association et certains résidents actuels de l’île -ils ne sont qu’une soixantaine-, d’autres projets moins destructeurs pour l’environnement de Makatea devraient être étudiés. «On n’a rien contre les Australiens, mais l’exploitation du phosphate restant va obliger à creuser de nouveau, puis les trous seront rebouchés par des cailloux. Et après ?». En clair, cela ne changera rien pour l’atoll et ses habitants. «Makatea a déjà beaucoup donné et cela n’a rien apporté. Même le territoire a été un peu ingrat à ce sujet». Ces résidents avancent d’autres possibilités pour le développement futur de leur île et évoquent notamment une exploitation de l’immense nappe phréatique dans le sous-sol de l’atoll. «On sait qu’il y a une réserve d’eau douce très importante, cela pourrait être exploité». L’autre piste est celle du tourisme vert. Makatea et ses richesses faunistiques et floristiques aurait effectivement une carte à jouer en tournant le dos définitivement à une exploitation industrielle ravageuse. Il faudrait, pour cela, que l’île soit plus accessible qu’aujourd’hui : sa seule vraie liaison maritime étant actuellement mensuelle.

En tout cas, Makatea veut faire entendre une nouvelle voix. Celle des résidents qui y vivent à l’année «on est plutôt heureux sur place» précise Jacky Ione, et qui espèrent un développement plus harmonieux pour leur atoll. Beaucoup de familles sur place ne vivent que de la coprahculture et accueillent avec méfiance que les projets concernant leur île soient décidés loin d’eux. «Vous savez, nombre sont les propriétaires des parcelles concernées qui n’ont plus mis les pieds à Makatea depuis 30 ans. Même le maire n’habite pas ici». L’association défend ainsi une autre vision de l’atoll, une autre richesse, une autre douceur de vivre qui cadre mal avec des ambitions d’exploitation minière, même temporaire. Une rencontre avec le ministre de l’environnement, Jacky Bryant est programmée la semaine prochaine.

Pas très loin de Makatea, l’atoll de Mataiva est aussi dans la ligne de mire des investisseurs miniers australiens
où les ressources en phosphates seraient infiniment plus importantes, huit fois plus qu'à Makatea. Là bas, en revanche la résistance aux sirènes de ces projets miniers est plus frontale. Avec ce doute qui s’immisce : les réserves en eau de l’une pourraient-elle servir au nettoyage du minerai de l’autre ? Car l’exploitation d’une mine de phosphates qui ne serait pas à ciel ouvert à Mataiva, mais en extraction au fin fond du lagon, pose un sérieux problème d’eau. Selon certaines sources, pour produire une tonne de phosphate sorti des profondeurs, il faut cinq tonnes d’eau. Aussi ceux qui ont des doutes sur ces projets veulent que l’exploitant s’explique davantage sur le process qui sera utilisé. Un exploitant, qui, de son côté, va très vite : Avenir Makatea, la société créée pour l'exploration à Makatea a sorti sa première newsletter (datée de novembre 2012) qui indique comme date de début d’exploration mars ou avril 2013...






Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 15 Novembre 2012 à 15:15 | Lu 2376 fois