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Mahina : les riverains de Tuauru en ont marre de l’état de leur route


Durant les périodes pluvieuses, la situation s'empire. Les nids de poule se multiplient.
Durant les périodes pluvieuses, la situation s'empire. Les nids de poule se multiplient.
MAHINA, le 15 avril 2018 - Ils sont fiu, ils n’en peuvent plus. 300 familles vivent dans cette vallée de Mahina, et l’état de la route est chaotique. Plusieurs nids de poule perturbent la circulation et abiment les véhicules des riverains. Aujourd’hui, ils veulent que leur cas soit pris au sérieux par les autorités.

Une route en piteux état, avec plusieurs nids de poule répartis un peu partout, voilà le quotidien des habitants de la vallée de la Tuauru à Mahina. Cette route s’étend sur plus de 3 km, et pour les familles qui habitent vers le fond de la vallée, la situation ne peut plus durer ainsi.

Ils passent leur temps à reboucher les trous. « Une fois, je suis allé voir mama Annette, celle qui habite au fond de la vallée pour avoir du tout-venant et elle a accepté. C’est comme ça qu’on arrive à remplir les trous, surtout qu’ils sont difficilement évitables avec nos véhicules », raconte papa Manarani Tuterai, 74 ans.

Avec sa famille, papa Manarani tente de minimiser les dégâts. Souvent, il sort sa camionnette et munis de leurs pelles, ils sillonnent la vallée, parce que « j’ai des véhicules qui ont été abimés à cause de l’état de notre route, et ensuite qu’est-ce qui se passe ? Eh bien, je suis obligé d’aller acheter les pièces pour réparer mes véhicules. Personne ne va nous aider », explique-t-il.

Le discours est le même pour plusieurs des riverains, tels que Manu, une mère de famille qui utilise tous les jours son scooter pour aller au travail. « Normalement, je mets 5 minutes pour aller au travail, mais là je mets 20 minutes, par sécurité. Une fois, ma roue a déjà crevé et ça ne coûte pas 100 francs pour changer un pneu, c’est cher. » Et quand la saison des pluies est là, la situation s’empire : « L’eau stagne devant notre lieu de travail. De l’eau qui vient des hauteurs, ce qui entraine des nids de poule, et pour les voitures berlines, ce n’est pas évident, elles peuvent s’abimer. Ça fait 2 ans et demi que je travaille ici et ça n’a pas amélioré. Donc, on retire tout ce qui se trouve dans les trous et on met des sacs de ciment dedans, et on rajoute du gravier par-dessus », décrit Hitiarii Chin Loy, 23 ans.

La municipalité est bien informée de la situation, mais elle ne peut pas faire grand-chose, « une partie de la route appartient au pays et l’autre partie est privée », souligne Damas Teuira, maire de Mahina.

Mais face à l’appel en détresse des familles de Tuauru, la municipalité a décidé d’intervenir, malgré tout. « Nous avons préparé un petit budget pour réparer les endroits les plus défectueux, bien que ce n’est pas de notre compétence. Donc, nous allons demander des devis. On est parti sur un budget à 1,5 million voire 2 millions de francs », poursuit le tāvana.

Des travaux qui pourraient démarrer après les élections. Le tāvana regrette tout de même que le pays ne fasse rien. « J’ai alerté plusieurs fois les ministres, Albert Solia et maintenant Luc Faatau, l’actuel ministre de l’Equipement, pour rénover l’accès qui concerne le tronçon pays. Je lui ai dit que ça tombait bien parce que nous avons notre projet de galerie drainante. Et lors des dernières intempéries, le Haut-commissaire et le président du pays étaient venus sur Tuauru pour voir l’état de la route qui avait été fortement endommagée par la rivière. Et j’ai parlé de l’état de la route, quand nous étions tous les trois dans la voiture. C’est au pays. Il faudrait peut-être y songer et mettre cette route dans la programmation budgétaire de l’Equipement ».

Aujourd’hui, on dénombrerait 300 familles qui vivent dans cette vallée de Mahina.

La parole à

Manarani Tuterai
74 ans


« Mes amortisseurs ont déjà été abimés, mes triangles… ça représente un coût »


« La plupart des gens ici, attendent que le gouvernement refasse notre route, et ils ont raison, mais on ne fait pas attention à nous. Ils aiment nous dire qu’ils ne peuvent rien faire parce que la route est privée. Mais quand il s’agit de faire des travaux, ils le font sans nous demander quoi que ce soit. Donc, nous nous débrouillons avec nos véhicules, et nous allons remplir les trous. Les amis viennent aussi nous aider.
Aujourd’hui, on aimerait bien que le gouvernement nous regarde, et qu’ils nous donnent les moyens pour le faire, et nous ferons ce qu’il faudra pour retaper notre route. Qu’ils nous donnent le ciment et tout ce qu’il faut pour que notre route soit plus praticable, et nous ferons le reste. Au moins, nous sommes sûrs que ça va durer. Si on continue comme ça, en mettant du tout-venant, eh bien, ça recommencera, surtout qu’aujourd’hui, il pleut. Donc, dans 3 jours, ça va recommencer avec les trous. Et, on sera obligés de les reboucher. Je le fais avec mes enfants, ils viennent m’aider et ils le font parce qu’ils ont des véhicules aussi. Mes amortisseurs ont déjà été abimés, mes triangles… ça représente un coût. Mais on n’a pas le choix sinon on n’a plus de voitures.
»


Manu
36 ans


« Qu’on n’arrête de dépenser du fric dans des réparations »


« Nous aimerions que notre route soit refaite, qu’on ne vienne pas me dire que c’est à cause du gouvernement actuel, parce que ça fait des années que ça dure. Je ne sais pas combien de gouvernements sont passés, rien n’a été fait, et personne ne nous a écoutés. Alors, on aimerait bien que cette fois-ci on vienne réparer notre route, pour notre sécurité et qu’on n’arrête de dépenser du fric dans des réparations. J’ai croisé le maire, et il m’a dit que la route n’est pas communale mais qu’elle appartient au pays ou je ne sais quoi, et qu’une partie est privée. Mais, j’aimerai bien qu’en tant que maire, qu’il appuie notre dossier. »


Damas Teuira
Maire de Mahina

« C’est sujet aussi à polémique électorale, je l’ai bien compris »


« De Apahere jusque vers les familles Bremond et Arai, ça appartient au pays, à partir de là jusqu’à chez mamie Annette, c’est privé. La commune de Mahina n’est pas propriétaire du foncier de la vallée de Tuauru. Je suis allé plusieurs fois jusqu’au bout, donc, je comprends les administrés. Tous les trous on va déjà les boucher et les tronçons qu’il faudra réparer, on le fera. On attend encore les derniers devis, ce n’était pas prévu au départ. Mais bon, c’est sujet aussi à polémique électorale, je l’ai bien compris. Mais, nous nous sommes engagés lorsqu’on a voté notre budget de 2018, qu’on allait faire un effort sur les voies. Mais, je le rappelle, ce n’est pas de la compétence de la mairie. J’ai été fustigé sur les réseaux sociaux parce que j’ai investi dans des mules pour les mille sources parce qu’il n’y a plus d’eau. Ce sont des co-financements que nous avons trouvés. Il y a des gens qui ont mal réagi parce que j’ai investi de l’argent ailleurs, au lieu de faire la route de Tuauru. »


Plusieurs véhicules ont été dégradés avec les nombreux nids de poule sur la route.
Plusieurs véhicules ont été dégradés avec les nombreux nids de poule sur la route.

Pour minimiser les dégâts, papa Manarani et sa famille bouchent les nids de poule avec les moyens du bord.
Pour minimiser les dégâts, papa Manarani et sa famille bouchent les nids de poule avec les moyens du bord.

le Dimanche 15 Avril 2018 à 12:00 | Lu 4227 fois