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Macron lance de nouveaux "contrats" pour "changer concrètement la vie" en Outre-mer


Paris, France | AFP | lundi 08/07/2019 - Un président de la République, un Premier ministre, et huit ministres réunis à Paris autour des territoires ultramarins: Emmanuel Macron a défendu lundi "un engagement collectif" en signant avec 31 collectivités d'outre-mer des "contrats de convergence" destinés à "changer concrètement la vie de nos concitoyens".

La succession de réglementations et de textes législatifs consacrés à l'Outre-mer et leurs effets insuffisants ont entamé la crédibilité de l'Etat auprès des ultramarins, a reconnu le chef de l'Etat.

Le jour où "on aura réussi en proximité avec l'ensemble des ultramarins à bâtir des solutions qui changent le quotidien, à ce moment-là, nous serons à nouveau crus. Aujourd'hui je le dis pour nous tous, nous ne sommes plus crus", a-t-il poursuivi lors d'un discours prononcé au ministère des Outre-mer.

Héritiers des contrats de plan Etat-région, ces contrats de "convergence et de transformation" sont conçus pour rattraper les retards de développement économiques et sociaux des outre-mer.

Ils ont été signés avec les collectivités de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de Mayotte, de La Réunion, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Wallis-et-Futuna, les autres territoires devant suivre ultérieurement. Au total, cela représente "un effort financier de l’Etat de 2,1 milliards d’euros" pour la période 2019-2022.

Fort taux de chômage, problèmes d'accès à l'eau et à l'assainissement, infrastructures scolaires et sanitaires souvent déficientes, économies fragiles: les Outre-mer souffrent de retards économiques et sociaux structurels.

"On a signé ces dernières années, quelle que soit la sensibilité politique, beaucoup de textes, sans doute beaucoup trop, on a pris beaucoup de déclarations, mais la vie des gens n'a pas assez changé", a insisté M. Macron.

"On ne fait pas d'économie sur les Outre-mer", a également affirmé le président, alors que le budget 2020 est en discussion.

Pour le chef de l'Etat, on ne peut "pas s'habituer dans les Outre-mer à des situations de retard et de décrochage" et il faut "une forme de conversion du regard" sur ces territoires, car "les seules dépenses ne sont pas seulement des dépenses pour rattraper des retards, mais (pour) porter des ambitions".

-"moment fort"-

"C'est un moment fort (...), un engagement majeur de l'ensemble du gouvernement", a déclaré à l'AFP le président de la Région Réunion, Didier Robert, "satisfait" des 250 millions d'euros apportés à son territoire.

Issus de la loi Egalité réelle Outre-mer votée en 2017 sous François Hollande, les contrats détaillent les mesures et actions concrètes (aménagement de plages en Guadeloupe, construction de collèges et lycées en Guyane, développement des transports collectifs à Mayotte...) qui seront mises en place par l'Etat et les collectivités (régions, collectivités territoriales, départements...) d'ici 2022.

L'ancienne ministre socialiste des Outre-mer Ericka Bareigts s'est dit "satisfaite" qu'on puisse appliquer "avec quelques années de retard" la loi Egalité réelle. Mais "nous sommes sur du court terme", a-t-elle regretté.

Les contrats s'inspirent "du Livre bleu outre-mer", sorte de feuille de route pour les Outre-mer présentée en juin 2018 à l'Elysée à l'issue des Assises des outre-mer, mais également des différents plans d'urgence déjà mis en place dans certains territoires après plusieurs crises sociales (Guyane, Mayotte, etc).

Le président de la communauté de communes de Petite-Terre à Mayotte, Saïd Omar Oili, a loué la volonté du gouvernement de prendre en compte les "spécificités de chaque territoire" et que ces contrats aient été "co-construits" avec les collectivités. "C'est la façon dont nous voyons le développement de notre île", a ajouté l'élu.

Les contrats s'inscrivent par ailleurs dans la "Trajectoire 5.0" lancée par le ministère des Outre-mer, à savoir la déclinaison des objectifs de développement durable d'ici 2030 pour les territoires ultramarins.

Pour le Premier ministre Edouard Philippe, "si nous n'agissons pas très vite et très fort, nous risquons de payer dès demain les retards que nous avons pris. "La géographie et les caractéristiques des Outre-mer font d'eux des avant-postes dans ce combat", a-t-il affirmé.

Plus de 2 milliards d'euros pour le développement des Outre-mer

Développement des transports, conservation des récifs coralliens, implantation de technopole... Plus de deux milliards d'euros sont engagés par l'Etat pour rattraper le retard économique et social des territoires d'outre-mer dans des contrats de convergence et de transformation (CCT) signés lundi. Voici les principales mesures.

GUADELOUPE Plus de 680 millions d'euros ont été engagés dont près de 209 millions par l'Etat. Ces fonds sont notamment affectés aux infrastructures sportives (33 millions d'euros), à l'aménagement des plages (20,7 millions) et à la conservation des récifs coralliens. Ils devraient également permettre l'implantation d'un technopole ainsi que le développement de la mobilité électrique de trois des îles de l'archipel (Les Saintes, La Désirade, Marie-Galante).

GUYANE L'Etat a débloqué 296 millions d'euros pour la Guyane, venant compléter les 196 millions apportés par la collectivité territoriale. Ces montants visent entre autres à financer la construction et l'extension de collèges et de lycées (plus de 15 millions d'euros), la mise en place d'un bus à haut niveau de service sur l'île de Cayenne (20,1 millions de l'Etat) ainsi que l'amélioration du réseau de stockage des déchets.

LA RÉUNION Les 608 millions d'euros prévus pour La Réunion - dont 398 millions versés par l'Etat - ont notamment vocation à équiper en réseaux d'eau certaines communes de l'île ainsi qu'à développer les pôles universitaires de Saint-Denis et Saint-Pierre. Un centre régional dédié à la gestion des risques naturels et au changement climatique dans l'océan Indien sera créé, porté par la Croix-Rouge française. 500.000 euros seront consacrés à l'accueil de proximité en commissariat et gendarmerie des victimes de violences conjugales.

MARTINIQUE Plus de 473 millions d'euros ont été engagés au total dont 182 millions par l'Etat pour l'île antillaise. La formation professionnelle a particulièrement bénéficié de ces fonds (163 millions d'euros) et de nombreuses mesures concernent la transition énergétique (production d'énergie renouvelable), l'économie circulaire et le plan séisme (pour consolider le bâti). Plus de 12 millions seront dédiés à la création du Lycée de la mer et de l'Institut de l'économie bleue et de la mer.

MAYOTTE Département confronté l'année dernière à une crise sociale majeure, Mayotte est le territoire dont le CCT est le mieux doté, avec 1,6 milliard d'euros dont plus de 608 millions apportés par l'Etat. Dans le détail, 260 millions visent au développement des transports collectifs et à la restructuration du réseau routier, et près de 120 millions au réseau d'eau et d'assainissement dans le but de garantir un approvisionnement en eau suffisant pour les dix prochaines années, alors que le territoire a connu en 2017 une importante sécheresse.

SAINT-PIERRE ET MIQUELON Sur les plus de 38 millions d'euros du contrat signé par Saint-Pierre et Miquelon, dont 19 millions engagés par l'Etat, près de 10 millions seront alloués aux investissements portuaires, et 10 millions à l'eau potable et à l'assainissement.

WALLIS ET FUTUNA Plus de 36 millions d'euros ont été engagés pour Wallis et Futuna dont 32,5 millions par l'Etat. Le CCT vise notamment à favoriser l'accompagnement et le financement d'initiatives économiques, ainsi que le déploiement et la rénovation du réseau d'eau à Futuna.

le Lundi 8 Juillet 2019 à 11:28 | Lu 602 fois