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Livre blanc de la défense australienne : maintenir les priorités


Livre blanc de la défense australienne : maintenir les priorités
CANBERRA, vendredi 3 mai 2013 (Flash d’Océanie) – Stephen Smith, ministre australien de la défense et la Première ministre fédérale Julia Gillard ont présenté vendredi la mouture 2013 du Livre Blanc de la Défense, marqué par un maintien des priorités régionales et alliances internationales et des budgets nécessaires à ces objectifs.
Le ministre, lors d’une conférence de presse vendredi, a estimé ces dépenses consacrées au poste militaire à près d’une centaine de milliards de dollars australiens (78 milliards d’euros) au cours des quatre années à venir.
Ces ordres de grandeur devraient être confirmés lors de la présentation du budget 2013-2014, prévue pour avoir lieu le 14 mai 2013, a assuré le ministre Smith, qui parle même de « modeste augmentation ».

La publication de ce nouveau livre blanc http://www.defence.gov.au/WhitePaper2013/docs/WP_2013_web.pdf
intervient alors que l’Australie est en train de retirer ses troupes engagées sur plusieurs théâtres internationaux comme l’Afghanistan (où elles se trouvaient depuis plus de dix ans, au nom de l’indéfectible alliance avec les États-Unis) ou encore le Timor oriental (où les troupes australiennes participaient à une force de stabilisation sous mandat de l’ONU).

Autre théâtre sur lequel les forces australiennes sont présentes en masse et depuis près de dix ans : les îles Salomon, où Canberra est le principal acteur et financier de la Force Régionale d’Assistance aux îles Salomon (RAMSI), force militaro-policière à l’origine débarquée fin juillet 2003 dans cet archipel mélanésien, pour y rétablir l’ordre après cinq années de conflit qui avait dégénéré en quasi guerre civile entre provinces rivales.

Depuis plusieurs mois, concernant la RAMSI, aussi bien Canberra que Wellington ont clairement indiqué leur intention d’entamer une « transition » considérée comme souhaitable à l’approche du dixième anniversaire de la présence des troupes étrangères sur le sol mélanésien.

La période à venir devrait être marquée par un recentrage des priorités australiennes sur l’environnement régional, à la fois sur la façade Pacifique de l’île-continent, mais aussi sur le flanc Océan Indien, avec comme actions clés la lutte contre les trafics en tous genres (trafics d’être humains, de substance illicites) ainsi que les activités illégales de pêche.

Autre centre d’intérêt de premier plan : la zone Asie, proche de l’Australie, complétant ainsi le mouvement de recentrage vers l’Asie-Pacifique, déjà initié par le grand allié américain.

L’alliance australo-américaine, ces derniers mois, s’est notamment concrétisée par le début de rotation de soldats américain sur la base militaire australienne de Darwin (extrême Nord de l’Australie, en regard direct sur l’Indonésie et l’Asie).

Au plan de ses relations avec son environnement direct, à l’Est, le Pacifique Sud, l’Australie avait déjà, cette semaine, peu ou prou bouclé le dossier en participant à la première édition d’un sommet des ministres de la défense du Pacifique Sud, qui rassemblait, entre autre, son partenaire privilégié océanien (la Nouvelle-Zélande), mais aussi le royaume de Tonga, la France, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore le Chili, avec comme observateurs les États-Unis et le Chili.

Cette réunion a notamment jeté les bases des grandes priorités d’une action concertée en matière de défense et d’actions militaires dans cette vaste zone, avec en tête de liste des exercices conjoints censés aiguiser les capacités d’interopérabilité entre forces régionale, la surveillance et la lutte contre les activités de pêche illicite et non signalées, et un accroissement de la coopération militaire avec les petits pays de la zone, qui bénéficient aussi de l’aide des puissances souveraines en cas de catastrophes naturelles.
« L’Australie a un intérêt fondamental dans la sûreté et la stabilité des États insulaires du Pacifique », souligne une fois de plus le livre blanc, qui rappelle aussi que les flottes de petits patrouilleurs donnés aux États riverains, à l’aube de leur indépendance pour la plupart d’entre eux au début des années 1980, seraient prochainement renouvelées, étant donné que ces petits bateaux approchent de leur fin de vie.

La Chine n’avait pas été conviée à cette réunion, qui se déroulait mercredi et jeudi dans la capitale tongienne Nuku’alofa.

Entre le Panda et l’Oncle Sam….

Néanmoins, le livre blanc tente de mettre en avant la thèse selon laquelle, sur fonds de tensions entre Washington et Pékin au sujet de leur influence dans le Pacifique, Canberra ne se sent pas obligé de choisir un camp.
« Le gouvernement ne croit pas que l’Australie doive choisir entre son alliance de longue date avec les États-Unis et ses relations en pleine expansion avec la Chine ; et ni les États-Unis, ni la Chine ne pensent que nous devions faire un tel choix », souligne le livre blanc qui reconnaît que ces deux pays « demeurent les deux plus puissants États de la région et du globe ».


Livre blanc de la défense australienne : maintenir les priorités
Livre banc français : stabilité, sécurité, souveraineté dans le Pacifique

En début de semaine, un autre livre blanc sur la défense et la sécurité nationale était publié : celui de la France.
Ce document consacre quelques paragraphes à la région Pacifique, censée, selon les analystes mondiaux, être devenue le point nodal des équilibres géostratégiques de la planète.

Dans cette nouvelle édition http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/livre-blanc-2013 il est notamment affirmé, au chapitre des « priorités géostratégiques de la France », que « la stabilité et la sécurité de l’Asie, de l’Océan Indien et du Pacifique revêtent ainsi pour la France une importance stratégique particulière. La France y consolide son engagement politique à travers sa coopération de défense, une présence active, le développement de partenariats stratégiques et l’intensification de ses réseaux de coopération ».
« Dans le Pacifique, la France assume pleinement ses responsabilités de puissance politique et maritime présente dans la région (accord de partenariat stratégique avec l’Australie en 2012 notamment) », peut-on lire.

Australie, partenaire privilégié

Cet accord avec l’Australie « marque la convergence croissante des intérêts des deux pays sur un grand nombre de sujets internationaux et régionaux, relatifs au Pacifique et à l’océan Indien. Il confirme également l’intérêt renouvelé des pays de la zone pour la présence française qui apparaît comme un facteur de stabilité, susceptible en outre d’apporter une aide immédiate, notamment en cas de catastrophe naturelle, grâce aux moyens de l’État prépositionnés dans les outre-mer. »

Le document rappelle aussi qu’ « aux cotés de l’Australie, (…) la France continuera à marquer sa souveraineté et à l’intégrité de son territoire outre-mer. Dans une région caractérisée par la fragilité de certains États, la France continuera d’apporter une assistance grâce aux moyens présents dans les collectivités d’outre-mer, notamment en cas de catastrophe naturelle. »
Concernant les collectivités françaises d’Outre-mer (dans le Pacifique : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna), « Outre leur importance économique et stratégique, ces territoires permettent à notre pays d’entretenir des relations bilatérales approfondies avec des pays éloignés de l’hexagone et d’être membre ou partenaire de nombreuses organisations régionales, souvent comme seul État européen. Cette présence permet à la France de disposer de la deuxième zone économique exclusive après les États-Unis – soit 11 millions de kilomètres carrés qui représentent trois pour cent de la surface des mers du globe - où se trouvent de nombreuses ressources halieutiques, minérales et énergétiques dont l’exploitation constitue et constituera un atout très important pour notre pays. »
Le même document estime par ailleurs que « De nombreux risques et menaces pèsent sur les territoires ultra-marins : catastrophes naturelles (séismes, cyclones, tsunamis, volcans, etc.), pillage des ressources naturelles (orpaillage clandestin, pêche illégale), narcotrafic, piraterie maritime, etc. Ils affectent directement la sécurité des presque trois millions de nos concitoyens qui vivent dans les outremer. La protection de nos territoires et de leur population exige des réponses adaptées qui tiennent compte à la fois de l’ampleur des risques et menaces et des contraintes propres aux outre-mer, notamment leur éloignement et leur dispersion. »

La défense française constate aussi, au passage, que « l’importance stratégique de l’Asie et du Pacifique pour les États-Unis ne cesse de s’accroître dans un contexte d’augmentation continue des budgets de défense de la région et de la montée de tensions interétatiques en Asie du Nord-est et du Sud-est. Le rééquilibrage en cours du dispositif militaire américain vers l’Asie-Pacifique devrait donc être poursuivi. Il constituera un facteur dimensionnant pour la France, puissance souveraine et acteur de sécurité dans l’océan Indien et dans le Pacifique (…) Elle est également l’alliée des États-Unis qui jouent un rôle central en matière de sécurité dans cette partie stratégique du monde. Ses entreprises et ses ressortissants sont en nombre croissant dans la région et sa prospérité est désormais inséparable de celle de l’Asie-Pacifique. »

Reconnaissance du rôle des collectivités du Pacifique

Le livre blanc version 2013 souligne aussi l’importance des collectivités françaises du Pacifique : « La Nouvelle-Calédonie et les collectivités de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna font de la France une puissance politique et maritime dans le Pacifique. Elle y dispose de ressources halieutiques et minérales importantes. Cette situation confère à notre pays un accès à de nombreuses organisations régionales : Forum du Pacifique Sud, Agence des pêches, etc. Nos enjeux de souveraineté doivent y être défendus, de même que doit être garantie la sécurité de nos concitoyens dans des zones exposées aux aléas climatiques, notamment au travers des Accords FRANZ (France/Australie/Nouvelle-Zélande). »

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 3 Mai 2013 à 05:29 | Lu 842 fois