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Levée de boucliers contre la fermeture de sites Renault en France


Paris, France | AFP | mercredi 20/05/2020 - La possible fermeture d'usines Renault en France suscitait colère et inquiétude mercredi, le Premier ministre assurant que le gouvernement serait "intransigeant" sur la préservation des sites au moment où l'Etat, premier actionnaire du constructeur automobile, prévoit de garantir un prêt d'environ 5 milliards d'euros pour l'aider à traverser la crise.

Le Canard enchaîné a affirmé mercredi que le constructeur automobile français envisage de fermer quatre sites en France -- Flins, Dieppe, Choisy-le-Roi et les Fonderies de Bretagne --, dans le cadre d'un vaste plan d'économies qui doit être annoncé le 29 mai. 

Selon une source proche du dossier, à Flins (Yvelines), il ne s'agirait pas d'une fermeture, mais de l'arrêt de la production automobile pour consacrer le site à une autre activité.

Syndicats et responsables politiques de tous bords - en particulier des élus locaux - se sont immédiatement élevés contre cette éventualité, les oppositions appelant le gouvernement à intervenir si Renault confirmait envisager ces fermetures.

Tout en soulignant que le "plan n'est pas encore présenté et donc probablement pas encore arrêté", le Premier ministre a assuré que l'Etat était "extrêmement attentif" à la situation.

"Nous serons extrêmement attachés, voire intransigeants, à la préservation des sites en France", a déclaré Edouard Philippe au Sénat.

"Il y a une forme de responsabilité de l'entreprise à avancer, à se transformer mais aussi à tenir compte des réalités du pays qui l'accueille et d'une certaine façon le fait vivre", a-t-il mis en garde, en soulignant que si "Renault est une entreprise mondiale", "sa marque française est évidente". 

En difficulté avant même la crise du coronavirus qui a provoqué un effondrement du marché automobile, le constructeur au losange avait subi l'an dernier ses premières pertes en dix ans. L'arrêt de l'activité provoquée par la pandémie n'a fait qu'aggraver la situation. 

L'Etat français, son premier actionnaire avec 15% du capital, a accepté de voler à son secours en garantissant un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros. Ce prêt, approuvé par l'Union européenne, devait être signé rapidement. 

La directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, avait indiqué fin avril que ce prêt ne remettait pas en cause le plan d'économies de Renault, ni d'éventuelles suppressions d'emplois, la seule condition fixée par le gouvernement étant le renoncement aux dividendes versés aux actionnaires cette année.

Syndicats reçus lundi et mardi

Le syndicat CFE-CGC du groupe Renault, première organisation représentative au sein du constructeur automobile, a souligné dans un communiqué les "inquiétudes" des salariés, même si elle a dit "privilégie(r) le dialogue social face aux rumeurs".

"Si les annonces devaient être partiellement ou totalement confirmées, cela montrerait de nouveau le mépris des dirigeants de Renault à l'encontre des organisations syndicales et des institutions représentatives du personnel qui, à ce jour, ne disposent toujours d'aucune information sur le sujet", a jugé de son côté la CGT Renault.

Le constructeur "a besoin de reproduire des Renault en France et retravailler sur l'emploi en France. La situation de Renault n'est pas due à la crise sanitaire. Elle est due à des années de gouvernance de Carlos Ghosn (l'ancien PDG, NDLR), qui a été érigé comme un dieu pendant des années et on voit les conséquences de sa stratégie", avait estimé plus tôt le secrétaire général de la centrale, Philippe Martinez.

Les quatre organisations représentatives de Renault - CFE-CGC, CFDT, CGT et FO - seront reçues séparément par la direction générale du groupe lundi et mardi, tandis que le comité central social et économique (CCSE) et le comité de groupe seront réunis chacun deux fois, les mercredi 27 et jeudi 28 mai, a-t-on appris auprès de plusieurs syndicats. 

Renault, avec ses alliés nippons Nissan et Mitsubishi, doit annoncer le 27 mai un plan stratégique pour l'alliance franco-japonaise, qui prévoit un accroissement des synergies. Le groupe français doit ensuite dévoiler le 29 mai les contours de son vaste plan d'économies de 2 milliards d'euros, annoncé en février.

C'est dans ce contexte que l'usine Renault de Sandouville (Seine-maritime) doit rouvrir dans la nuit de jeudi à vendredi, deux semaines après avoir été condamnée pour mesures sanitaires jugées insuffisantes face au Covid-19.

le Mercredi 20 Mai 2020 à 06:55 | Lu 301 fois