Tahiti Infos

Les salariés d'Air France réclament leur "part du gâteau"


Roissy-Charles de Gaulle airport, France | AFP | jeudi 22/02/2018 - "Pas de pognon, pas d'avion": pilotes, hôtesses, stewards et personnels au sol d'Air France ont réclamé jeudi leur "part du gâteau" en manifestant pour une augmentation générale de 6%, lors d'une grève quasi-unitaire qui a contraint la direction à annuler la moitié des vols long-courriers.

Devant le siège de la compagnie à Roissy, ils étaient environ 750 à se rassembler à la mi-journée, selon la préfecture, en gilets fluo ou en uniforme, dans le calme et sous une nuée de drapeaux syndicaux, a constaté une journaliste de l'AFP.
Ils ont répondu à l'appel lancé par 11 syndicats de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, Unac, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD). Tous réclament une augmentation générale des salaires de 6%, quand la direction propose 1%.
"On veut les 6%!", "rends l'argent", criaient des manifestants à Roissy, tandis que d'autres tenaient des pancartes: "Non aux salaires low cost" ou encore "Nous voulons notre part du gâteau", une référence au DRH d'Air France, Gilles Gateau.
Un cortège s'est ensuite formé jusqu'au terminal 2 de l'aéroport, envahi bruyamment par une partie des manifestants aux cris de "Pas de pognon, pas d'avion". Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène, mais l'action s'est terminée en début d'après-midi sans incident notable.

- Grève inédite depuis 1993 -

 
La grève inter-catégorielle, inédite "depuis 1993" d'après FO, a conduit la compagnie à annuler bon nombre de vols.
Air France avait prévu jeudi d'assurer au total "75% de son programme". Dans le détail, 50% des vols long-courrier au départ de Paris ont été maintenus, 75% des moyen-courrier au départ et vers Paris Charles-de-Gaulle et 85% des court-courrier (assurés en partie par la filiale Hop!).
La direction estime le taux de grévistes à "28%". Selon une source interne, il est de 33% pour les pilotes, 37% pour les PNC (hôtesses et stewards) et 26% au sol.
Le mouvement est "massif", il y avait "vraiment beaucoup de monde, très motivé", s'est réjoui Jérôme Beaurain de SUD-Aérien. L'Unac a salué une "mobilisation exceptionnelle".
Au terme d'une négociation salariale houleuse, la direction a appliqué unilatéralement une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 1% en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d'augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté...) de 1,4% pour les seuls agents au sol.
"Pendant des années, la direction a bloqué nos salaires à cause de la crise", a expliqué à l'AFP Stéphane Pérez, délégué FO au sol. "Aujourd'hui ils ont fait 1,5 milliard de bénéfices et nous proposent juste 1% d'augmentation générale".
Le groupe Air France-KLM a affiché un bénéfice d'exploitation en hausse de 42% pour 2017 à 1,488 milliard d'euros, dont 588 millions pour la partie française.

- 'Rattraper l'inflation' -

"Les pilotes, tout comme les autres catégories de personnel, ont fait plusieurs années d'efforts, et nous estimons aujourd'hui que nous devons avoir une augmentation qui nous permettrait au moins de rattraper l'inflation des six dernières années", a affirmé à l'AFPTV Matthieu Hérault, pilote et délégué SNPL.
Mais pour la direction, l'augmentation générale de 6%, qu'elle chiffre à 240 millions d'euros, serait "déraisonnable et irréaliste".
"Si nos résultats se sont améliorés", ils restent "significativement en dessous de ceux de nos compétiteurs" Lufthansa et British Airways, a relevé mercredi le directeur général d'Air France, Franck Terner, en vantant un "équilibre réaliste" entre "juste rétribution des efforts" et "investissements" nécessaires.
En additionnant augmentation générale, enveloppe individuelle et accord d'intéressement, négocié à hauteur de "130 millions d'euros", les 44.200 salariés d'Air France "percevront cette année entre 3 et 4,5%" de plus que l'an dernier, selon le dirigeant. 
L'intersyndicale, qui se réunira vendredi, brandit déjà la menace d'un mouvement plus dur "si la direction s'entête". Le SNPL, majoritaire dans les cockpits d'Air France, consulte l'ensemble des pilotes jusqu'au 14 mars pour "recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail" pouvant dépasser six jours.

le Jeudi 22 Février 2018 à 07:33 | Lu 445 fois