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Les rivalités sino-américaines pourraient bénéficier aux États insulaires océaniens


Les rivalités sino-américaines pourraient bénéficier aux États insulaires océaniens
SUVA, mardi 4 septembre 2012 (Flash d’Océanie) – Les rivalités d’influence entre les États-Unis et la Chine, qui ont constitué l’un des points saillants du récent sommet annuel des dirigeants des pays du Forum des Îles du Pacifique (FIP), aux îles Cook, pourraient favoriser de nouvelles exigences de la part des petits États de cette zone, conscients de la valeur accrue e leur soutien à l’une ou l’autre de ces puissances.
À la lumière de ces preuves d’intérêts et, côté américain, par l’annonce du réengagement américain dans tout le bassin Pacifique, plusieurs analystes de la région estiment désormais que les conditions sont réunies pour que les petits pays océaniens fassent monter les enchères.
Lors de son passage aux îles Cook, en fin de semaine dernière, dans le cadre d’une tournée plus large qui devrait aussi l’emmener en Chine, la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait toutefois pris garde de ne pas placer sa présence, une première à un sommet du FIP, sur le terrain de la concurrence ou de la rivalité.
Elle a au contraire voulu mettre en avant la notion d’un océan Pacifique « suffisamment grand pour tout le monde » entre acteurs et partenaire de développement avec les pays océaniens.

Mais ce retour en force, annoncé dès l’arrivée au pouvoir de l’administration Obama, en 2008, intervient aussi sur fond de présence bien établie de la Chine, dans des pays aussi bien Mélanésiens (Vanuatu, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon) que Polynésiens (Samoa, Tonga), où de nombreux projets de développement et d’infrastructures (stades sportifs, centre de conventions, bâtiment publics et administratifs) ont été, ces dernières années, construits sur financement chinois (souvent sous forme de prêts à taux préférentiel) et par une main d’œuvre chinoise elle aussi, importée pour l’occasion.

Fidji, zone d’affrontement entre plaques géostratégiques

Frontière entre la Mélanésie et la Polynésie, un eu à la manière des zones d’affrontements et de frictions entre plaques tectoniques au sein de ce qui est, aussi, situé dans la « Ceinture de Feu » du Pacifique, Fidji, en matière diplomatique et géostratégique, fait figure d’illustration, presque de caricature : délaissée par le bloc occidental de ses partenaires de développement (Australie, Nouvelle-Zélande), le gouvernement issu du putsch du 5 septembre 2006 a, ces six dernières années, développé d’excellentes relations avec Pékin, qui n’a jamais condamné ce coup d’État.
Également jugé stratégique sur l’échiquier océanien par Washington, cet archipel a ainsi vu, mi-2011, l’inauguration des deux plus grosses ambassades américaine et chinoise de la région, dans sa capitale Suva.
Contrairement à Canberra et Wellington, Washington préconise depuis deux ans un réengagement basé sur un partenariat avec le régime de Suva.
Entre les lignes : un reproche rarement formulé mais bien sonore aux deux grands voisins occidentaux de la région perçus comme ayant, par leur politique punitive et d’exclusion vis-à-vis de Fidji post-putsch, poussé cet archipel dans les bras de Pékin.

Renouant avec une tradition qui avait prévalu en d’autres temps, les petits pays océaniens, conscients de la valeur accrue de leur soutien et de leur voix aux yeux des puissances riveraines et au sein d’instances internationales comme les Nations-Unies, pourraient aussi les monnayer.

Toujours prompt à une forme bénigne de provocation, le Premier ministre samoan, Tuilaepa Sailele Malielegaoi, renouvelait à l’occasion du Forum de Rarotonga des déclarations faites quelques mois plus tôt et qui, en substance, posent la Chine comme un « partenaire flexible » et dont le mode d’aide est « unique »
« L’autre chose, c’est que je suis toujours impressionné car quand on se tourne vers la Chine, on trouve toujours des gens prêts à nous rencontrer et à nous écouter », avait-il lancé au cours d’un entretien accordé à l’agence gouvernementale Xinhua (Chine Nouvelle).

Une nouvelle voie : les partenariats en cofinancement

Pragmatique, le gouvernement néo-zélandais annonçait la semaine dernière, à l’occasion du Forum des Îles du Pacifique, le lancement d’un programme innovant et collaboratif au bénéfice des îles Cook et en partenariat avec la Chine.
Il s’agit en l’occurrence d’améliorer les systèmes d’adduction d’eau et des systèmes sanitaires dans la capitale Rarotonga.
Sur les quelque 60 millions de dollars (néo-zélandais) estimé pour ce projet, Wellington en prendra en charge une quinzaine et la Chine plus d’une trentaine, débloqués sous forme de prêts, le reste étant à la charge du gouvernement bénéficiaire.

Toujours à l’occasion du Forum, les États-Unis et Taïwan annonçaient conjointement le lancement d’un programme de bourses visant à la formation de plus d’une centaine de « futurs dirigeants » pour l’Océanie, avec des stages de trois mois à la clé à partir de l’été 2013 et pour une durée initiale de cinq ans.

pad


Fiche technique, département d’État américain : l’engagement des États-Unis dans le Pacifique. (en anglais) à l’adresse suivante
http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2012/08/197249.htm


Rédigé par () le Mardi 4 Septembre 2012 à 05:22 | Lu 1064 fois