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Les récifs de coquillages, désastre écologique méconnu de l'Australie


Sydney, Australie | AFP | jeudi 14/02/2018 - Des spécialistes en biologie marine ont appelé jeudi les autorités australiennes à protéger les récifs naturels de coquillages du vaste pays-continent, un écosystème océanique méconnu mais particulièrement menacé, les récifs en question ayant quasiment tous disparu.

Si l'opinion publique est alertée sur les menaces qui pèsent sur les récifs coralliens du fait, entre autres, du réchauffement climatique, les gens savent moins qu'entre 90 et 99% des récifs de coquillages australiens ont disparu depuis la colonisation britannique il y a 230 ans, relèvent les chercheurs.
On trouvait ces récifs, constitués de millions d'huîtres et de moules, dans les baies, les estuaires et les eaux côtières des régions tropicales comme tempérées de l'ensemble de l'Australie.
Il s'agissait d'écosystèmes complexes, qui fournissaient habitat et alimentation à d'autres espèces d'invertébrés et de poissons, tout en filtrant l'eau et protégeant les côtes.
"Nous savions déjà que les récifs de coquillages se portaient très mal dans le monde, avec la perte ou la forte dégradation de 85% d'entre eux", a expliqué Chris Gillies, directeur de l'étude et chercheur à l'0NG Nature Conservancy.
"Notre étude confirme qu'en Australie, la situation est encore pire. Il ne reste que 1% des habitats d'huîtres plates et 10% des habitats de saccostrea", un autre type d'huître.
Ian McLeod, scientifique du Centre de recherche sur les eaux tropicales et écosystèmes aquatiques de l'Université James Cook, souligne que le phénomène est méconnu contrairement aux épisodes de blanchissement sans précédent subis par la Grande barrière de corail, joyau inscrit au patrimoine de l'Unesco.
"C'est vrai que la Grande barrière et d'autres récifs coralliens sont menacés mais ce sont les récifs de coquillages qui ont souffert le plus en réalité", a-t-il dit. "Simplement, la plupart avaient disparu avant notre naissance alors les gens ne savent pas que nous les avons perdus".
La plupart ont disparu au XIXe siècle et au début du XXe siècle à cause de la surpêche, de la modification de l'habitat, de maladies, d'espèces invasives et de la dégradation de la qualité de l'eau.
D'après l'étude publiée par le journal scientifique PLOS ONE, il ne reste plus qu'un récif d'huîtres plates connu, en Tasmanie, contre 118 auparavant. Les récifs de saccostrea ne sont plus que six, contre 60.
Leur destruction aggrave le changement climatique, l'acidification des océans et les menaces sur les côtes. Mais ces récifs peuvent être restaurés en éliminant les causes de leur destruction initiale, soulignent les chercheurs.
Ils préconisent de protéger ceux qui restent et de financer des projets de restauration. "Il est toujours temps d'arrêter leur déclin et de les recréer là où ils offraient jadis leurs bienfaits à la population et à la nature", a déclaré M. Gillies.

le Jeudi 15 Février 2018 à 06:08 | Lu 1083 fois