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Les papas océaniens de Nouvelle-Zélande montrés du doigt


AUCKLAND, jeudi 23 avril 2015 (Flash d’Océanie) – Le rôle des pères océaniens établis en Nouvelle-Zélande a fait l’objet d’une étude publiée en début de semaine par l’université d’Auckland (Auckland Institute of Technology), qui monte du doigt un sérieux manque d’implication dans l’éducation de leurs enfants au sein de la cellule familiale.

Cette étude, « Familles Océaniennes », a porté sur un échantillon de 1.200 enfants d’origine océanienne vivant dans la banlieue Sud d’Auckland, rapporte jeudi la radio nationale publique Radio New Zealand.
Parmi les résultats notables : sur le total des enfants et adolescents interrogés, il apparaît qu’à l’âge de six ans, un tiers des sondés a connu des troubles du comportement pouvant aller du mutisme à l’anxiété, en passant par la dépression, voire la violence sur d’autres enfants.

Ces tendances seraient liées à un manque d’implication des pères de familles océaniennes, qui le plus souvent délèguent l’éducation des enfants à la mère, a analysé le Dr El-Shadan Tautolo, qui a dirigé cette enquête.
« Si les pères sont plus impliqués, alors ce genre de problèmes de comportement chez les enfants n’apparait pas », a-t-il affirmé.

Selon le Dr Tautolo, « même si, jusqu’ici, le rôle d’éduquer les enfants a été laissé en grande partie aux mamans, ou à d’autres femmes de la famille élargie, notre étude démontre qu’il y a grand besoin de changer ça ».
Autre besoin, selon le Dr Tautolo : mettre en place des services de conseil et d’aide psychologique spécifiquement destinés aux pères océaniens, afin de les éduquer sur l’importance de leur rôle dans l’éducation de leurs enfants.
« Pour ces pères de première génération, nés dans les îles du Pacifique, leur propre éducation a été bien différente de ce à quoi peut ressembler une éducation ici en Nouvelle-Zélande (…) Ici, ils ont la pression de longues journées de travail, ce sont eux qui nourrissent toute la famille et ça rend encore plus difficile pour eux l’accomplissement du leur rôle de père », a-t-il expliqué en évoquant le changement radical de style de vie qu’ont connu ces hommes océaniens.
Selon le chercheur, l’un des points importants serait de « leur montrer combien il est important de considérer du temps avec leurs enfants comme une priorité, à chaque fois qu’ils le peuvent, et peut-être aussi de mettre en place des services de soutien qui leur permettent d’atteindre cet objectif ».

Dans l’échantillon interrogé, deux tiers des pères de familles sont des immigrants de première génération, donc nés hors de la Nouvelle-Zélande, dans des pays comme Samoa et Tonga.

Auckland est considérée comme la plus grande ville océanienne du monde (environ 180.000 personnes, soit 13,7 pour cent de la population totale d’Auckland), avec de très importantes communautés de personnes originaires de Polynésie (Samoa, îles Cook, Tuvalu, Tokelau, Tonga) ou encore de Mélanésie (Fidji en tête, avec une forte proportion de Fidjiens d’origine indienne) y ayant élu domicile.

La population océanienne d’Auckland se caractérise aussi par sa jeunesse (45 pour cent des membres de cette communauté ont moins de vingt ans) et son fort taux de croissance (à l’horizon 2043, on estime que vingt pour cent de la population de cette ville sera d’origine océanienne).

Au sein de ces communautés, le mode de vie occidental en Nouvelle-Zélande provoque souvent un choc culturel et une érosion des repères culturels et identitaires, qui conduit souvent à la délinquance, à l’échec scolaire et aux violences au sein de la famille.

pad

le Samedi 25 Avril 2015 à 07:25 | Lu 1335 fois