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Les joueuses de Reao impressionnées par le professionnalisme de leurs adversaires


La délégation de Reao quittera Tahiti ce lundi.
La délégation de Reao quittera Tahiti ce lundi.
PAPEETE, le 21 décembre 2018 - Elles représentaient les Tuamotu Est, en futsal. D'ailleurs, c'est la seule délégation à être venue avec sept joueuses, contre dix pour les autres équipes. Des rencontres qui n'ont pas été de tout repos. Et elles rentrent avec un seul objectif en tête : se préparer pour les prochains jeux.

C'est dans leur salle d'hébergement que la délégation de Reao nous a accueillis vendredi matin. Une petite salle climatisée et confortable pour un groupe de 11 personnes. Reao représente ainsi les Tuamotu Est, dans la catégorie futsal.

À la tête de cette délégation, Taihopu Teaka, agent communal. Autour de lui, son staff et quelques joueuses de futsal. Mais notre intérêt s'est porté sur trois joueuses, celles qui ont participé pour la 1ère fois aux jeux.

Et pour être au top de leur forme, elles se sont données à fond durant leurs entrainements à Reao. Entre le mois d'octobre jusqu'à leur arrivée à Tahiti, les championnes de Reao se sont préparées toutes les semaines, avec comme adversaires, les jeunes hommes de l'atoll. De quoi, leur donner un moral d'acier avant de venir sur Tahiti.

Et malgré leur hargne sur le terrain de Fautaua, les filles se sont inclinées face à leurs adversaires. Mais, elles n'ont pas démérité, puisqu'elles finissent à la 4è place, derrière Fatu Hiva. Pour une première expérience, elles peuvent être fières de leur parcours, puisque leur équipe n'était composée que de sept joueuses, contre dix pour leurs adversaires.

Georgina, Vaitea, Andréa et leurs amies savent désormais que le chemin sera long pour obtenir la médaille d'or, mais elles ne désespèrent pas. Elles promettent de tout mettre en œuvre pour améliorer leurs performances, même si les moyens ne sont pas les mêmes sur leur atoll.

En effet, sur Reao, on ne retrouve que deux plateaux sportifs non couverts. Des lieux qui regroupent les jeunes de l'atoll en fin de journée. Mais quand il pleut, aucune activité sportive n'est pratiquée.

La première ressource économique à Reao est le coprah, et la priorité des familles est de se nourrir. Donc, le sport passe en second plan pour les parents, ce qui a compliqué notamment le recrutement des jeunes pour cette délégation. Les responsables assurent cependant qu'ils feront mieux la prochaine fois.

La délégation de Reao quitte Tahiti ce lundi, et avant le départ, chacun a profité de faire ses derniers achats de noël. Leur prochaine venue à Tahiti devrait se faire en avril, pour le challenge "Alphonse Greig".


LA PAROLE À

Georgina Teaka, 19 ans

"Tahaa m'a beaucoup impressionnée"


"L'ambiance était bonne pendant les jeux. Par contre, le niveau des autres archipels était assez élevé. La délégation de Tahaa m'a beaucoup impressionnée, les filles avaient des techniques particulières. On voit qu'elles se sont bien entrainées. À Reao, nous avons un plateau sportif et on joue entre amis. La plupart du temps, je suis avec ma famille dans le coprah. Je ne vais pas tout le temps sur le terrain. Des fois, il y a des tensions dans la famille, parce que pour mes parents, c'est mieux de travailler ça rapporte de l'argent, contrairement au futsal. Mais, je préfère la vie à Reao, il n'y a pas d'embouteillages et c'est calme. Et pour ces fêtes, je voudrai souhaiter un joyeux noël à tout le monde."


Andréa Barsinas, 32 ans

"On profite aussi de faire nos achats de noël"


"C'est la première fois que je viens aux jeux. Pour moi, c'était bien, ça change de chez nous. Les marquisiennes étaient fortes. Elles étaient bien organisées sur le terrain, et c'est ce qui nous manquait. Mais, il y a l'entente aussi entre nous qui a pesé dans la balance, parce qu'on s'énervait, dès fois, sur le terrain. Nous sommes arrivées à la 4e place, et je pense que c'est dû aussi au stress, parce qu'on voulait tellement arriver en demi-finale. À Reao, nous jouons avec des garçons, et on s'entraine du lundi au vendredi, et s'il fait beau, on est sur le terrain le week-end aussi. Mon atoll me manque, parce que la vie à Tahiti est différente. Ici, il y a la pollution. En attendant notre retour, on profite aussi de faire nos achats de noël, et je voudrai souhaiter à ma famille de bonnes fêtes."


Vaitea Teara, 22 ans

"Ça n'a pas été facile de nous démarquer"


"J'étais carrément excitée à l'idée de venir ici. J'ai fait tellement de sacrifices pour ces jeux et j'avais trop hâte de venir. Mais maintenant, j'ai hâte de rentrer (rires). On s'est entrainé depuis le mois d'octobre. Et j'ai ressenti l'esprit compétitif, les autres délégations étaient là pour remporter les médailles d'or, comme Fatu Hiva et Tahiti. Ça n'a pas été facile de nous démarquer. On a joué à sept, on n'avait pas de remplaçantes. On avait droit à dix athlètes, mais nous sommes venues à sept, parce que les filles de Reao ne sont pas très sportives, elles préfèrent travailler. Par contre, les marquisiennes et les tahitiennes sont vraiment rapides dans leur jeu, on ne voit même pas quand elles passent. Elles se sont bien entrainées. Après, il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'elles participent, contrairement à nous. En plus, elles participent aussi au challenge Alphonse Greig, donc, elles s'entrainent souvent. Après, on n'a pas les mêmes moyens aussi. Nous, nous n'avons qu'un petit plateau non couvert. Et en octobre, il pleut beaucoup chez nous, ce qui fait qu'on a moins de jours d'entrainements, et ça a pénalisé l'équipe. Mais, on veut se venger, donc, si on revient sur Tahiti, on se donnera à fond. Notre objectif est de revenir en force. Sinon, je suis contente d'être venue, ça m'a permis de rencontrer d'autres délégations et de me faire des amis, et les athlètes masculins sont beaux aussi (rires)."


Taihopu Teaka
Responsable de la délégation de Reao

"Nous n'avons eu que trois jours pour acheter nos tenues"


"Nos filles se sont entrainées intensivement pendant deux semaines, contre des garçons. On a essayé de leur donner des opportunités pour qu'elles puissent remporter des matches sur Tahiti. Nous avons fait beaucoup d'endurances, des cardio… même si on n'a pas beaucoup de moyens, contrairement à Tahiti. La mairie vient de lancer, justement, un appel d'offres pour la construction d'une salle de musculation, et j'espère qu'on va le faire en début d'année prochaine pour qu'on puisse mieux se préparer pour le challenge Alphonse Greig, en avril. On va essayer aussi d'avoir d'autres joueuses, parce que nous sommes une équipe incomplète. Les filles ont joué à sept, alors que les autres équipes étaient composées de 10 joueuses, c'est ce qui nous a pénalisés.
Nous avons deux plateaux sportifs sur Reao, celui qu'on utilise tout le temps et qui est situé dans la cour de la paroisse catholique, et il y a aussi le plateau de la commune qui est éclairé et que nous pouvons utiliser aussi la nuit. À Reao, on fait du coprah et ce n'est pas évident d'attirer les jeunes dans le sport. Pour les familles, le plus important est de se nourrir, et non de faire du sport. Et quand ils vont travailler le coprah, ils reviennent fatigués et ils n'ont pas le temps de réfléchir. Lorsque nous sommes arrivés sur Tahiti, nous n'avons eu que trois jours pour acheter nos tenues et nos équipements, au moins, on a été prêts pour ces jeux.
Et pour finir, j'aimerai souhaiter de bonnes fêtes à tous les sportifs de la Polynésie, ainsi qu'aux habitants de Reao. Et un grand māuruuru aussi à toutes les personnes qui nous ont aidés."




le Vendredi 21 Décembre 2018 à 15:21 | Lu 1753 fois