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Les "gilets jaunes" poursuivent leurs actions, Macron appelle au "dialogue"


Paris, France | AFP | mardi 20/11/2018 - "Dialogue" mais "constance et détermination": le gouvernement tentait mardi de mettre fin au mouvement des "gilets jaunes" accusés de radicalisation au quatrième jour de leurs actions visant autoroutes et dépôts pétroliers.

Les forces de l'ordre s'emploient depuis la nuit de lundi à mardi à débloquer des dépôts et péages dans plusieurs régions, dans un climat parfois tendu.
"C'est dans le dialogue qu'on peut en sortir, dans l'explication, dans la capacité à trouver à la fois le bon rythme et les solutions de terrain", a déclaré mardi le chef de l'Etat, lors de sa première réaction au mouvement. "Nous gagnerons par la cohérence, la constance et la détermination", a de son côté assuré le Premier ministre Edouard Philippe lors d'une réunion de groupe des députés LREM.
D'abord attentiste au début des actions, l'exécutif a adopté lundi un ton de fermeté après la multiplication d'incidents.
Mardi matin, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé sur France 2 la "dérive totale" des manifestations, pointant une "radicalisation" et "un très très grand nombre de blessés". Depuis le début de la mobilisation contre la hausse des prix du carburant, les manifestations ont fait un mort, quelque 530 blessés, dont 17 graves. 
Dans un pays où le taux de chômage ne reflue toujours pas, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a, lui, vu le mouvement des "gilets jaunes" à l'aune d'une "déchirure territoriale" et assuré que "la vraie réponse (était) l'emploi pour tous" et non de baisser le prix des carburants "d'un ou deux centimes".
Aucun chiffre sur le nombre de manifestants n'était disponible mardi à la mi- journée. Lundi, environ 27.000 personnes avaient participé à ce mouvement qui se veut apolitique et asyndical, selon le comptage du ministère de l'Intérieur. Elles étaient 290.000 samedi.
Les actions ont parfois donné lieu à des faits de violence et dégradations. 
À Langueux (Côtes-d'Armor), six personnes ont été interpellées dans un centre commercial dans la nuit pour des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, selon le parquet de Saint-Brieuc.
Au péage de Virsac (Gironde) sur l'A10, que des "gilets jaunes" bloquent depuis plusieurs jours, des manifestants "ont saccagé et mis le feu aux installations, entraînant des dégâts matériels très importants", selon Vinci Autoroutes, qui a annoncé porter plainte.
Sur l'île de la Réunion, où 35 barrages étaient encore dressés à la mi-journée, un couvre-feu partiel a été instauré dans la moitié des communes où les écoles sont restées fermées mardi à la suite d'une nouvelle nuit de violences. 

- "Tendance à l'amélioration" -

 
Les dépôts de carburants de Lucciana (Haute-Corse), Frontignan (Hérault), Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme), de Port-la-Nouvelle (Aude) et Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) ont été débloqués dans la matinée. Les accès à ceux de Lespinasse (Haute-Garonne), de Fos-sur-Mer et Lavera (Bouches-du-Rhône) étaient eux sur le point d'être libérés par les CRS, selon les journalistes de l'AFP.
Un dépôt pétrolier à Figeac (Lot) était toujours bloqué selon la préfecture.
Plusieurs barrages sur des axes routiers ont également été évacués, notamment à Caen où les forces de l'ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes, dans la ville voisine de Lisieux (Calvados), où une centaine de camions étaient bloqués, et sur l'A16 à Calais.
D'autres barrages, bloquants ou filtrants, et des opérations escargot persistent néanmoins partout en France à proximité des péages, des échangeurs autoroutiers et sur des ronds-points.
"La tendance globale est à l'amélioration même si plusieurs points de perturbations subsistent ou réapparaissent sur le réseau Vinci Autoroutes", a indiqué l'opérateur dans un point de situation à 11H00, relevant des "mouvements et blocages" sur plusieurs axes autoroutiers.
Sur l'A7, en vallée du Rhône, plusieurs échangeurs restent ainsi inaccessibles sur décision préfectorale entre Vienne et Orange. 
 
La grogne pourrait néanmoins se poursuivre dans les prochains jours: des appels à bloquer Paris samedi commencent à fleurir sur les réseaux sociaux, appelant parfois à un "Acte 2" du mouvement.
Ce mouvement, lancé sur les réseaux sociaux et qui n'a pas de leader connu, est soutenu par près des trois quarts des Français, selon plusieurs sondages. D'abord concentrés sur la hausse du prix des carburants, les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale en matière de taxation et de baisse du pouvoir d'achat.

le Mardi 20 Novembre 2018 à 04:40 | Lu 179 fois