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Les fonctionnaires manifestent pour leur statut et les services publics


Paris, France | AFP | mardi 22/05/2018 - Postiers, enseignants, égoutiers... Les fonctionnaires ont manifesté dans une rare unité syndicale mardi pour défendre leur statut et s'opposer à la réforme du gouvernement, lors de leur troisième journée de mobilisation depuis l'élection d'Emmanuel Macron qu'ils accusent de les "attaquer".

Le fonctionnement des écoles et collèges était perturbé, de même que l'accueil dans les crèches, des avions étaient cloués au sol et des coupures de courant étaient à prévoir. SUD Rail a par ailleurs déposé un préavis de grève alors que le prochain épisode de deux jours à la SNCF débutera à 20H00.
Entre 130 et 140 manifestations étaient programmées partout en France. 
La manifestation parisienne a quitté la place de la République vers 14H00 avec à sa tête, fait inédit depuis 2010, tous les grands leaders syndicaux, derrière une banderole proclamant: "Pour une fonction publique de progrès social, pour l'augmentation du pouvoir d'achat, pour l'emploi public". 
L'unité syndicale est "une très bonne chose", a déclaré Philippe Martinez (CGT), estimant que "ça donne une autre image du syndicalisme". "Les agents publics sont malmenés aujourd'hui et ils méritent d'être respectés", a abondé Laurent Berger (CFDT), tandis que Pascal Pavageau (FO) assurait que cette unité pourrait "prendre une dimension interprofessionnelle".

- "Remontée" -

 
A Marseille, facteurs, étudiants, enseignants et retraités avaient manifesté dans la matinée, de même qu'à Lyon, où ils étaient 4.500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, des lycéens ou des cheminots, les fonctionnaires étaient 4.300 à Nantes, 2.500 à Grenoble, 2.700 à Caen, 2.000 à Limoges, 2.200 à Périgueux, 2.800 à Rennes ou encore 500 à Auch, selon la police. 
"Des nouilles encore pour les fonctionnaires, des couilles en or pour les actionnaires", scandaient des manifestants à Brest.  
A Grenoble, Michèle Cluchague, 76 ans, ancienne professeure d'histoire, se dit "remontée et ça ne date pas d'hier". "On va vers une liquidation totale des services publics et de la société (...). Des sous, il y en a plein, il faut aller les chercher là où ils sont", déclare-t-elle.
Ulrich Bouchut, du collectif des égoutiers de la métropole lyonnaise, rappelle avoir "une espérance de vie de 17 ans inférieure à un cadre et de sept ans inférieure à un ouvrier". Il proteste contre la "remise en question" de la retraite anticipée. 
Tentant de déminer la grogne, le secrétaire d'État à la Fonction publique, Olivier Dussopt, avait promis lundi qu'il n'y aurait pas de "remise en cause" du statut mais des "ajustements" et "une modernisation".
Le syndicat policier Alliance a organisé de son côté une opération escargot sur le périphérique parisien pour défendre le régime spécial de retraite des policiers. Une opération similaire a eu lieu à Toulouse. 

- Projet de loi -

 
Déterminés, les syndicats représentant 5,7 millions d'agents affichent une solidarité rare: les neuf (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA), déjà unis le 10 octobre, n'avaient jusqu'alors pas lancé d'appel unitaire depuis une dizaine d'années.
Les relations se sont détériorées depuis un an avec l'exécutif qui envisage la suppression de 120.000 postes au cours du quinquennat.
Il a également reporté d'un an le plan de revalorisation des carrières des fonctionnaires (PPCR) conclu sous le gouvernement précédent, maintenu le gel du point d'indice qui sert au calcul des salaires, et réinstauré le jour de carence (paiement du salaire à partir du deuxième jour d'arrêt maladie).
Une concertation entre les syndicats et le gouvernement, démarrée fin mars, n'a fait qu'aggraver les inquiétudes. Les orientations choisies, dont une extension du recours aux contractuels, constituent, selon eux, une "attaque" du statut du fonctionnaire.
La réforme doit déboucher sur un projet de loi au 1er semestre 2019 mais les fonctionnaires attendent avec méfiance le rapport CAP 22, censé dégager des pistes d'économies. M. Dussopt prédit des propositions "plus ou moins disruptives" et promet une "phase de concertation" après la remise du rapport, prévue en juin.
Dans les écoles, le ministère de l'Éducation a recensé 15,5% d'enseignants grévistes et 10% dans les collèges-lycées. 
Des étudiants protestant contre la loi Orientation et réussite des étudiants ont rejoint les cortèges presque partout. 
Dans le secteur public, la précédente journée de mobilisation, le 22 mars, avait réuni 323.000 personnes dans la rue, selon le ministère de l'Intérieur (500.000 selon la CGT) et la toute première, celle du 10 octobre, 209.000 (400.000).
Mardi, le cabinet Occurrence réalisera le comptage dans la capitale pour un collectif de médias, dont l'AFP. 

le Mardi 22 Mai 2018 à 03:47 | Lu 369 fois