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Les enseignants mobilisés contre la nouvelle loi sur l'école


PAPEETE, le 4 avril 2019. Les syndicats ont appelé tous les enseignants, des 1er et 2nd degrés, à faire grève ce jeudi pour soutenir les mouvements nationaux contre le projet de loi initié par Jean Marie Blanquer, le ministre de l'Education nationale.

Certains élèves de Polynésie n'ont pas cours aujourd'hui. L'appel national à la grève lancé par les syndicats d'enseignants a aussi été relayé localement.

En Polynésie, la FSU (SNES, SNEP, SNUEP, SNUIPP) a appelé à un rassemblement pour "montrer au gouvernement et à nos autorités de tutelle sur le Territoire qu’ici non plus, ils n’ont pas notre accord pour cette démolition programmée de l’Ecole".

Les représentants des syndicats seront reçus ce jeudi par le secrétaire général et le directeur de cabinet du haut-commissaire.

Plusieurs points du projet de loi "pour une école de la confiance", qui concerne essentiellement le primaire, suscitent l'inquiétude de la communauté éducative, dont la création d'"établissements publics locaux d'enseignement des savoirs fondamentaux" (EPSF). Cette nouvelle organisation fait craindre la disparition des directeurs d'école.

Les syndicats et enseignants y voient la mise sous tutelle des écoles, sous l'autorité du principal de collège, et la disparition des directeurs d'école, lien entre les familles, les élus et l'école.

Devant le haut-commissariat à Papeete, des pancartes déposées par les manifestants proclament: "Loi Blanquer, l'école de la défiance" ou "L'école n'est pas une entreprise ! L'éducation n'est pas une marchandise ! ".

Le ministre Jean-Michel Blanquer tente depuis plusieurs jours de calmer ces inquiétudes. En métropole, il a reçu les syndicats, avant l'arrivée du projet de loi devant le Sénat (en mai), et a écrit aux enseignants, puis aux directeurs d'école.

D'autres points du projet de loi suscitent l'inquiétude des syndicats : l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans, qui se traduit par une dépense supplémentaire des communes au profit des maternelles privées, ou la possibilité pour des étudiants en première année de master de remplacer des profs absents.

"L’impact localement dépendra de la politique du Pays puisqu'il y a un partage des compétences", souligne Maheanuu Routhier, secrétaire général FNEC FP FO. "Quand il y avait eu la réforme du collègue, on avait demandé au Pays de demander un report d'un an. Le Pays avait refusé. Pour la loi Blanquer, cela dépendra du point de vue du Pays. S'ils veulent l'appliquer dans sa totalité, ils pourront. C'est ce qui risque d'arriver aujourd'hui.

La ministre de l’Education Christelle Lehartel a indiqué qu’elle discutera de ce dossier à Paris.

Taux de grévistes selon le ministère de l'Education

Le ministère de l’Education a communiqué ce jeudi midi les taux de participation au mouvement de grève de ce jour pour la totalité des écoles et des établissements scolaires du second degré public en Polynésie.

A 11 heures, sur la base des personnels fonctionnaires d'Etat attendus dans les écoles et établissements scolaires du second degré :
Personnels enseignants grévistes du 1er degré :  13,78 %
Personnels enseignants grévistes du 2nd degré :  8,51 %
Personnels non enseignants grévistes du 2nd degré :  2,08%
Tous les personnels grévistes du 2nd degré : 6,50%
Taux général : 10,22%

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 4 Avril 2019 à 11:27 | Lu 1276 fois