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Les emplois cabinets douteux de la présidence Tong Sang à la barre


S'il venait à être condamné, et après toutes les voies de recours, Gaston Tong Sang encourt notamment une peine d'inéligibilité.
S'il venait à être condamné, et après toutes les voies de recours, Gaston Tong Sang encourt notamment une peine d'inéligibilité.
PAPEETE, le 19 octobre 2015 - Gaston Tong Sang, en sa qualité d'ancien président du gouvernement de la Polynésie française, et deux ex-ministres de l'époque, Fernand Roomataaroa et Clarenntz Vernaudon, ont rendez-vous ce mardi devant le tribunal correctionnel. Tous les trois sont renvoyés devant la juridiction pour "détournements de fonds publics par personnes dépositaires de l'autorité publique". La Polynésie française est partie civile dans ce dossier symbole de l'instabilité politique des années 2008-2009.

La justice reproche aux trois hommes d'avoir manigancé, sur fond de remaniement ministériel destiné à préserver la majorité d'un président mis à mal à cette époque, le reclassement ou l'embauche injustifiée d'une vingtaine de personnels dispatchés entre le ministère des Sports de Clarenntz Vernaudon et celui de l’Agriculture, portefeuille confié à Fernand Roomataaroa.

L’accusation soutient que ces mouvements de personnel ne sont rien d'autre que des embauches ou des reconductions tacites de postes à des fins politiques, des collaborateurs rémunérés sur fonds publics.

Une manœuvre dont la finalité aurait été de contenter les ténors des partis qui composaient la majorité de l’époque, et notamment le très influent Ai’a Api d'Emile Vernaudon, connu pour sa capacité à bouleverser l'échiquier politique.

L'ancien maire tout puissant de Mahina avait été entendu sous le statut de témoin assisté dans cette affaire, du fait de l’influence qu’il aurait pu avoir sur la constitution du cabinet de Fernand Roomataaroa. L’élu des îles Australes s’était retrouvé propulsé ministre du gouvernement Tong Sang en remplacement d’une autre figure du Ai’a Api, Haamoetini Lagarde, moins d'un mois après avoir rejoint les rangs du shériff. Les collaborateurs de la ministre démissionnaire, elle aussi entendue en tant que témoin assisté lors de l'instruction de cette affaire, auraient ensuite été ventilés dans les deux ministères dont les équipes étaient pourtant déjà constituées. Ces deux-là ne sont pas poursuivis.

Emplois fictifs ? Juste "un sureffectif" soutient la défense

Le volume en personnel qu'avaient pris ces deux cabinets ministériels avait été dénoncés par l’opposition à l’époque, et notamment l’élue Tahoeraa Lana Tetuanui. Evincé du Ai’a Api un mois plus tard, Fernand Roomataaroa lui-même, dans une interview aux Nouvelles de Tahiti, lâchait qu'on lui avait "imposé le personnel de Haamoetini Lagarde (…) et pas toujours des personnes qui bossent".
Une enquête préliminaire avait été ouverte dans la foulée par le parquet, suivie en 2010 d'une information judiciaire confié au juge d'instruction pour des faits présumés de détournements de fonds publics.

Gaston Tong Sang, par la voie de ses avocats, s'est toujours défendu des accusations d'emplois fictifs ou de connivence planant sur ce dossier, préférant le terme de "sureffectif". La justice s'attachera donc à décortiquer les missions et le travail réel fourni par tout ce petit monde entre mai 2008 et mars 2009, et si les dépenses de fonctionnement inhérentes, sur fonds publics, sont justifiées. Ou pas.

S'il venait à être condamné, Gaston Tong Sang encourt notamment une peine d'inéligibilité.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 19 Octobre 2015 à 17:36 | Lu 1668 fois