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Les élections vanuatuanes produisent un nouveau Parlement morcelé


Dans cette configuration, M. Regenvanu, symbole d’une classe politique relativement jeune, est d’ores et déjà ressenti comme l’un des premier-ministrables en puissance.
Dans cette configuration, M. Regenvanu, symbole d’une classe politique relativement jeune, est d’ores et déjà ressenti comme l’un des premier-ministrables en puissance.
PORT-VILA, lundi 25 janvier 2016 (Flash d’Océanie) – Les élections législatives anticipées, tenues vendredi 22 janvier 2016 à Vanuatu, ont produit une nouvelle fois un Parlement toujours aussi morcelé, où aucune force politique ne peut prétendre gouverner seule et où, une fois de plus, les négociations en coulisses ont d’ores et déjà débuté entre partis afin de tenter de former un semblant de majorité.
Ces élections avaient été provoquées par la dissolution du Parlement par le Président de Vanuatu, Baldwin Lonsdale, mardi 24 novembre 2015.
Le chef de l’État avait alors justifié cette décision par une paralysie de la chambre, après la condamnation, le 20 novembre 2015, de 14 députés par la Cour d’Appel de Vanuatu.

Tous les élus avaient été reconnus coupables de corruption et condamnés à des peines allant de trois à quatre ans de prison ferme.
Le scrutin de vendredi s’est tenu dans le calme, sans incident majeur, et sous le regard de plusieurs groupes d’observateurs étrangers, dont ceux du Commonwealth et ceux des pays plus proches du Forum des Îles du Pacifique, ou encore du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui comprend Fidji, Vanuatu, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie).

Après la clôture des bureaux de vote, vendredi soir, les résultats provisoires ont été progressivement annoncés par le bureau des élections, qui doit encore toutefois faire l’annonce officielle de ces résultats dans le courant de la semaine.
Selon ces résultats provisoires, aucun parti en lice n’obtient plus de six des 52 sièges de l’assemblée, qui devra pourtant, au cours de sa séance inaugurale, élire un Premier ministre à la majorité relative.
Dans cet archipel au régime parlementaire fort, hérité du « Westminster system » britannique, le Premier ministre désigné aura ensuite pour tache de former un gouvernement.

Parmi les blocs les plus significatifs qui ressortent de ce scrutin, les grandes formations sortantes, dont le Vanuaaku Pati (VP) historique, l’Union des Paris Modérés (UMP) mais aussi la force émergente du Graon Mo Jastis Pati (GJP, parti pour la terre et la justice, fondé par Ralph Regenvanu), semblent tirer leur épingle du jeu.
Mais le reste des sièges est occupé soit par des députés sans étiquettes ou, fait similaire, par des partis (7) représentés par un seul député.
Dans ce contexte, les négociations entre blocs et plus petites formations devraient, tout comme par le passé, déboucher sur des accords de circonstances et des majorités plus fragiles que jamais, vulnérables aux changements d’alliances à venir.
Les non-inscrits et les partis à un siège, aux humeurs souvent changeantes, devraient, tout comme lors de situations similaires passées, jouer un rôle déterminant de « faiseurs de rois » en faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Selon les premières annonces faites sur place par les acteurs majeurs de l’échiquier politique local, une coalition semble se dessiner entre le VP et le GJP, sous le sigle de United Front for Change (Front Uni pour le Changement), avec l’appui de plusieurs députés minoritaires, avec ou sans étiquette.

Dans cette configuration, M. Regenvanu, symbole d’une classe politique relativement jeune, est d’ores et déjà ressenti comme l’un des premier-ministrables en puissance.

Le PPP (People's Progress Party) du Premier ministre sortant Sato Kilman (qui ne récolte jusqu’ici que trois sièges) n’a jusqu’ici pas fait d’annonce.
Le gouvernement de M. Kilman avait été amputé de la moitié de ses membres après le verdict de la justice.
La Confédération des Verts d’un autre ancien Premier ministre, Moana Carcasses, principal protagoniste dans l’affaire de corruption sanctionnée par la justice, semble jusqu’ici n’avoir obtenu que deux sièges.

Au sein de ce nouveau Parlement, aucune femme n’a été élue.

Les premières analyses de ce scrutin croient y voir un rejet massif des électeurs des partis politiques traditionnels, qui se sont succédé, en mode chaises musicales, à la tête du pays, sur fond d’instabilité politique chronique, au cours des 25 dernières années.
La première décennie postindépendance de Vanuatu (ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, devenu indépendant le 30 juillet 1980) avait été caractérisée par un régime fort où le Vanuaaku Pati du pasteur anglican et Premier ministre Walter Lini gouvernait sans partage.

Entre-temps, le Parlement, désormais dissout, n’a pas été en mesure de voter avant la fin de l’année la loi de finances 2016, alors que l’économie de l’archipel a été durement frappée par les énormes dégâts matériels causés par le cyclone Pam, le 13 mars 2015.
Le pays est par ailleurs aussi durement touché, depuis plusieurs mois, par une vague de sécheresse provoquée par la persistance du phénomène climatique El Niño.

Ce nouvel épisode dans l’histoire politique chargée de Vanuatu a une nouvelle fois relancé le débat sur la nécessité de toiletter a Constitution actuelle, mise en place lors de l’accession des Nouvelles-Hébrides (condominium franco-britannique jusqu’en juillet 1980).
Dans un système de régime parlementaire britannique (dit de « Westminster »), les très faibles majorités ont entraîné au cours des 25 dernières années une instabilité chronique, à la faveur de revirements d’alliances et de votes-surprise de motions de censure, renversant gouvernement après gouvernement.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 27 Janvier 2016 à 05:26 | Lu 286 fois