Tahiti Infos

Les crypto-monnaies au cœur du financement de l'île flottante


L'ingénieur Daniel A. Nagy travaille pour Ethereum, une crypto-monnaie de deuxième génération qui est désormais une référence dans ce petit monde. Il est en Polynésie pour travailler sur le financement du projet d'île flottante. Jeudi dernier, il a expliqué (in English) le fonctionnement de ces technologies à un public de technophiles polynésiens.
L'ingénieur Daniel A. Nagy travaille pour Ethereum, une crypto-monnaie de deuxième génération qui est désormais une référence dans ce petit monde. Il est en Polynésie pour travailler sur le financement du projet d'île flottante. Jeudi dernier, il a expliqué (in English) le fonctionnement de ces technologies à un public de technophiles polynésiens.
PAPEETE, le 9 janvier 2017- Le projet d'île flottante dans le lagon de Tahiti, porté par les libertariens très high tech de la fondation Seasteading, veut utiliser les toutes dernières technologies de levée de fonds pour financer cette expérience. Un ingénieur de la fondation Ethereum, la principale crypto-monnaie de "deuxième génération", est justement présent à Tahiti pour aider à préciser les modalités techniques d'une telle opération.

La fondation Seasteading organisait un "Workshop Blockchain" jeudi dernier dans le nouveau siège social de sa branche polynésienne, Blue Frontiers, à Punaauia. Une trentaine de membres du public avait été invitée à écouter la présentation de Daniel A. Nagy, un des ingénieurs travaillant sur Ethereum, une crypto-monnaie de deuxième génération qui connait une croissance phénoménale depuis 2014. Ceux qui étaient présents avaient tous été invités. Il s'agissait de personnes intéressées par les nouvelles technologies mais pas forcément des membres du projet. Nous résumons le contenu de la présentation dans notre encadré, mais en bref Daniel Nagy a expliqué en 40 minutes comment fonctionne la technologie révolutionnaire qui a permis la création du Bitcoin et les nouvelles utilisations qui sont trouvées pour cette fameuse "blockchain" avec l'arrivée de "contrats intelligents" complètement décentralisés.

C'est cette technologie qui veut être mise à profit par la fondation seasteading pour financer les 60 millions de dollars (presque 6 milliards de francs cfp) que coutera son île artificielle. Car comme nous vous le révélions le 30 novembre dernier, le projet d'île flottante dans le lagon tahitien prévoit un financement par l'émission d'une nouvelle crypto-monnaie, ce que les spécialistes appellent une ICO, l'acronyme de "Initial Coin Offering".


DES MILLIONS DE DOLLARS DEJA FINANCES EN CRYPTO-MONNAIE

"Tous les fonds que nous avons déjà levés ont été récoltés en Bitcoins" Marc Collins, président de la société Blue Frontiers, la branche polynésienne chargée de créer à Tahiti un prototype d'île flottante par la fondation Seasteading.
"Tous les fonds que nous avons déjà levés ont été récoltés en Bitcoins" Marc Collins, président de la société Blue Frontiers, la branche polynésienne chargée de créer à Tahiti un prototype d'île flottante par la fondation Seasteading.
Une telle stratégie de financement n'est pas irréaliste puisque la plus grosse ICO de l'histoire a eu lieu en milieu d'année 2017 et a levé 153 millions de dollars pour Bancor, une plateforme d'échange de crypto-monnaies. Il faut juste arriver à convaincre les investisseurs potentiels...

Mais Seasteading est confiant. Marc Collins expliquait lors de la soirée que la fondation a déjà réussi à lever plusieurs dizaines de milliers de dollars comme premiers fonds, utilisés en particulier pour financer les deux études d'impacts, économique et environnementale, livrées fin décembre 2017. "Tous les fonds que nous avons déjà levés ont été récoltés en Bitcoins" assure-t-il, citant l'intérêt important que le projet aurait réussi à susciter auprès des premiers investisseurs en Bitcoins, ceux qui ont vu leur fortune exploser avec l'essor de la crypto-monnaie. Partie de rien, la monnaie virtuelle a atteint les 20 000 dollars par bitcoin cette année, avant de redescendre aux alentours de 15 000 dollars. Ceux qui l'avaient achetée à l'époque où elle ne valait que quelques centimes sont aujourd'hui millionnaires (en Bitcoins). Ce sont surtout des libertariens convaincus, puisque la philosophie même du Bitcoin était de se débarrasser de l'emprise des banques et des institutions financières... Justement le type même de personnes susceptibles d'être intéressées par le projet libertarien et innovant de Seasteading !


PLUSIEURS CHOIX POUR FINANCER L'ILE FLOTTANTE

Daniel Nagy explique qu'il est possible de créer une monnaie qui serait la devise officielle de l'île, utilisées pour acheter des appartements sur l'île flottante et pour toutes les transactions commerciales qui y auraient lieu.
Daniel Nagy explique qu'il est possible de créer une monnaie qui serait la devise officielle de l'île, utilisées pour acheter des appartements sur l'île flottante et pour toutes les transactions commerciales qui y auraient lieu.
Comme l'expliquait Daniel Nagy lors de sa présentation, les dernières innovations apportées par la blockchain permettent d'envisager différents types d'ICO adaptées au projet d'île flottante. Sa présence à Tahiti a d'ailleurs pour but de choisir les pistes principales qui seront développées, avec les responsables locaux et internationaux de la fondation.

Il explique ainsi qu'il est possible de créer une monnaie qui serait la devise officielle de l'île, utilisées pour acheter des appartements sur l'île flottante et pour toutes les transactions commerciales qui y auraient lieu. C'est la piste privilégiée pour le moment.

Mais il est également possible de créer des crypto-monnaies associées à des "contrats intelligents", qui pourraient par exemple donner un droit de vote dans les affaires de la citée (on "achèterait" ou vendrait le droit d'habiter dans la ville) ; ou encore agir comme des titres financiers plus classiques, à l'instar d'une reconnaissance de dette virtuelle ou même d'une action virtuelle, qui donnerait droit au versement de dividendes dans le futur.


Blockchain : le secret des Bitcoins et des contrats intelligents a été inventé dans le Pacifique !

Pour expliquer le concept de la blockchain au public globalement néophyte qui a assisté au Workshop Blockchain de la semaine dernière, l'ingénieur Daniel Nagy a raconté comment cet instrument très high tech a été inspiré par un système économique vieux de 500 ans, créé sur une toute petite île du Pacifique.

Les pièces en pierres taillées de Yap

Depuis 500 ans les mélanésiens habitant l'île de Yap, à l'Ouest du Pacifique, utilisent de gigantesques pierres taillées comme monnaie officielle pour leurs grosses transactions. Seul problème, ces pierres pèsent très lourd, parfois plus d'une tonne. Elles sont fabriquées dans une carrière sur une île éloignée et sont très compliquées à transporter. Elles ont donc une grande valeur, mais sont impossibles à transférer physiquement. Du coup elles ne sont jamais déplacées... Quand elles sont utilisées, par exemple pour payer une dot ou acheter un terrain, tout le village se rassemble devant la pierre et le propriétaire annone à tous qu'elle change de propriétaire.

L'histoire de chaque pierre est connue depuis ses origines, conservée par la tradition orale dans chaque famille, ce qui empêche toute fraude. Le système fonctionne si bien qu'une pièce victime d'un naufrage et tombée au fond du lagon continue à être utilisée sur l'île !

500 ans plus tard, le Bitcoin est né

Le Bitcoin a été créé sur le même principe. Un bitcoin est un puzzle mathématique compliqué que seul un ordinateur peut résoudre. Quand le puzzle a été résolu, un bitcoin est créé qui appartient à celui qui l'a trouvé. Tous les autres utilisateurs notent dans un grand répertoire le nom (ou du moins le numéro de portefeuille) du propriétaire. Si ce bitcoin est vendu, le changement de propriétaire est annoncé à tous les autres utilisateurs de bitcoins et la transaction n'est validée que quand tout le monde a mis à jour son répertoire. Cet immense répertoire qui enregistre publiquement toute l'histoire de chaque bitcoin jamais créé est appelé "blockchain".

La valeur de n'importe quelle monnaie est basée sur la confiance que l'on accorde au système. Et si des vols de bitcoins ont eu lieu depuis sa création en 2009 (généralement sur les serveurs mal sécurisés des propriétaires), la blockchain elle-même n'a jamais été percées. Le système est tellement robuste qu'il est de plus en plus utilisé par les plus grandes entreprises financières et les institutions monétaires mondiales pour sécuriser leurs échanges...

Ethereum et le contrat intelligent

Arrivent maintenant les crypto-monnaies de deuxième génération, au premier rang desquelles se trouve Ethereum, créé en 2014. Elles résolvent quelques problèmes du bitcoin, en particulier sa lenteur : la crypto-monnaie originale ne permet de traiter que 5 paiements par seconde, incompatible avec une utilisation à grande échelle. Surtout, Ethereum introduit des contrats intelligents avancés.

Un "smart contrat" est un petit programme enregistré sur une blockchain qui établit toutes les conditions à remplir pour respecter un contrat. Il permet par exemple de demander plusieurs signatures avant d'effectuer un versement (assurant que la marchandise a bien été livrée), de créer des lettres de crédit virtuelles, des "carnets de chèques" virtuels... Mais aussi de créer des instruments financiers très avancés.

Ainsi il devient possible de lier un bien physique à une "pièce", ou "token". On peut créer des actions et des obligations virtuelles, des marchés à terme pour parier sur l'évolution du prix d'un bien, d'une monnaie, ou même de la météo ou de résultats sportifs. Au niveau économique, un outil qui permet de créer des contrats infalsifiables et qui s'exécutent automatiquement a de nombreux débouchés. Une blockchain remplacerait facilement des entreprises comme Uber, Kickstarter ou AirBnB, ou permettrait de créer des réseaux électriques renouvelables 100% décentralisés...

En allant encore plus loin, Daniel Nagy nous explique que la blockchain a des applications complètement extérieures au monde de la finance ou de l'économie. Elle permet de stocker des données infalsifiables et inaltérables, elle est donc idéale pour créer un cadastre virtuel ; gérer les votes électroniques des membres d'une association ; établir des contrats civils (mariages, jugements, naissances...) ; certains imaginent des carnets de santé virtuels placés sur une blockchain ; ou même des entreprises sans aucun cadre ni directeur, où des contrats intelligents coordonnent les efforts de travailleurs indépendants...


http://forsuccessnow.com/blog/blog/20170709-004/amazing-case-of-rai-

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 9 Janvier 2018 à 09:29 | Lu 3551 fois