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Les bon baisers de Russie du Contre-amiral fidjien


Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama au cours d’un entretien en fin de semaine dernière avec le chef de l’exécutif russe, Dmitri Medvedev. (Source photo : ministère fidjien de l’information).
Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama au cours d’un entretien en fin de semaine dernière avec le chef de l’exécutif russe, Dmitri Medvedev. (Source photo : ministère fidjien de l’information).
SUVA, mardi 2 juillet 2013 (Flash d’Océanie) – Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama, qui dirige un gouvernement issu de son putsch du 5 décembre 2006, a achevé ce week-end une visite officielle d’une semaine, au cours de laquelle cet archipel océanien a significativement resserré ses relations avec Moscou, notamment dans les domaines de la coopération militaire, éducative, sanitaire et culturelle.
M. Bainimarama, qui se trouvait à la tête d’une délégation de haut niveau, a notamment rencontré, en fin de semaine dernière, le chef de l’exécutif russe, Dmitri Medvedev, ainsi que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Ce dernier avait effectué une visite officielle à Fidji en février 2012.
Ces rencontres, selon le gouvernement fidjien, « soulignent la politique étrangère robuste » de l’archipel, qui « s’aligne sur celle d’autres nations insulaires du Pacifique et recherche de nouvelles opportunités, au-delà de ses partenaires régionaux traditionnels ».
Parmi les accords signés, le plus visible concerne une coopération militaire « technique » entre Suva et Moscou, notamment dans le cadre général de la participation des forces fidjiennes aux contingents de maintien de la paix de l’ONU.
Le dernier de ces contingents, fort de près de deux cents soldats, est parti fin juin 2013 pour le Golan, à la frontière israélo-syrienne, afin de suppléer dans cette zone-tampon les forces d’(autres États (Autriche, Croatie, Japon) qui s’en sont retirées ces derniers jours en raison d’une détérioration dans cette bande-tampon frontalière.
Fort d’une expérience de plus de trente années au sein des forces onusiennes, Fidji a promis d’envoyer dans cette zone jusqu’à 540 soldats.
M. Lavrov, à l’issue de ses entretiens avec le Contre-amiral, a applaudi l’engagement fidjien sur ces théâtres internationaux qui, selon lui, accroît le rôle de cet archipel, mais aussi du Pacifique Sud, sur la scène internationale.

Le chef de la diplomatie du Kremlin a aussi lancé un signal fort, en soutien à cet archipel qui promet des élections législatives au cours du dernier trimestre 2014, en guise de retour à la démocratie.
« Il devrait être permis à Fidji de déterminer son propre avenir sans qu’on lui dicte de l’extérieur », a-t-il commenté en référence directe aux partenaires occidentaux de développement qui ont fermement condamné le putsch de décembre 2006 et mis en place, depuis, des sanctions pour cause de non-retour rapide à la démocratie.

En matière culturelle, un centre russe à vocation régionale devrait être ouvert dans les mois à venir à Suva, tout comme ces dernières années un centre culturel chinois « Confucius » a aussi été implanté au sein de l’Université du Pacifique Sud (USP) dans la capitale.

Les autres accords signés entre Fidji et la Russie portent sur une coopération en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et les profits d’actes criminels ou de financement du terrorisme, un accord de coopération en matière de santé publique, ainsi que des échanges universitaires entre l’Université russe de l’Extrême Orient et l’Université Nationale de Fidji (Fiji National University, FNU).
Un autre projet, en matière fiscale, viserait à mettre en place un régime de réciprocité.
Un autre accord porte sur l’exemption réciproque de visas pour les ressortissants désireux de se rendre dans l’autre pays.
Cet accord pourrait, à terme, être suivi d’arrangements en matière de desserte aérienne entre Moscou et Nadi, pour promouvoir la destination Fidji en Russie.
Ce resserrement des liens entre Fidji et la Russie s’inscrivent aussi dans une logique plus régionale de volonté de retour d’influence dans la région Pacifique.
Pour ce faire, Moscou considère que Fidji est le tremplin idéal.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, se trouvait à Fidji en visite officielle en février 2012.
Le ministre fidjien de la défense, Joketani Cokanasiga, devrait pour sa part emboîter le pas du Contre-amiral en se rendant lui aussi en Russie dans les jours à venir, à l’occasion d’un salon maritime militaire international, à Saint Petersburg, du 3 au 7 juillet 2013.

Mi-février 2013, le conseil des ministres des îles Fidji, sur avis du ministre Cokanasiga, a entériné le principe du lancement d’une nouvelle coopération avec la Russie, y compris au plan militaire.
Cette coopération devrait prendre la forme d’un accord bilatéral portant sur une coopération « militaire et technique », annonçait alors le ministère fidjien de l’information.
Ce concept a été approuvé par le Cabinet fidjien, sur recommandation du ministre de la défense, de la sécurité nationale et de l’immigration, Joketani Cokanasiga, l’autorisant à aller plus en avant.
Selon le ministre, cette coopération « aidera les Forces Militaires de Fidji à améliorer ses capacités en vue d’acquérir les technologies et le matériel appropriés pour ses troupes, dans le cadre de ses missions au sein des Nations-Unies ».
Les prémices de cette coopération remontent à une mission à Suva d’une délégation russe, déployée à partir de l’ambassade basée à Canberra (Australie), début juin 2010.
Objectif : formaliser une coopération en matière de renseignement avec cet archipel océanien, boudé par les grandes armées de la région depuis le putsch militaire mené le 5 décembre 2006 par le Contre-amiral Franck Bainimarama.
En confirmant la présence de cette mission, le Contre-amiral avait alors confié qu’il accordait une grande importance à cette nouvelle alliance potentielle, car la Russie « est une grande nation et qui est membre du Conseil de Sécurité de l’ONU ».
Au menu des discussions, selon l’homme fort de Suva : des sujets d’ordre bilatéral et, de manière pratique, une coopération technique entrevue dans le cadre de la formation d’une nouvelle agence fidjienne spécialisée dans le renseignement, la lutte contre le terrorisme et la sécurité nationale.
« Les russes ont l’expertise, et nous pourront en bénéficier », déclarait alors M. Bainimarama.
Début février 2010, Isikeli Mataitoga, magistrat de carrière, devenait le premier ambassadeur fidjien en poste à Moscou, où il présentait alors ses lettres de créances au Président russe de l’époque, Dmitri Medvedev.
M. Medvedev est, depuis mai 2012, Président du gouvernement russe.
Il a laissé sa place à Vladimir Poutine.
« Nous sommes prêts à bâtir une coopération (russe) avec la République des îles Fidji, notamment par le truchement des Nations-Unies et d’autres organisations internationales », déclarait alors M. Medvedev.
« Il y a de bonnes opportunités pour développer une coopération dans des domaines tels que les pêcheries et le tourisme », ajoutait alors le Président russe devant le diplomate océanien.
Dans la ligne de ces pistes annoncées le diplomate fidjien a d’ores et déjà rencontré, outre le ministre russe des affaires étrangères, de hauts responsables des ministres du développement économique, du ministère de l’agriculture, de l’agence fédérale des pêcheries et de la fédération des chambres de commerce et d’industrie.
Courant décembre 2009, le Président de Nauru, à l’époque Marcus Stephens, effectuait une visite remarquée d’abord à Moscou, puis en Ossétie du Sud et en Abkhazie, où il annonçait la reconnaissance par son État de ces provinces géorgiennes.

Coopération militaire aussi avec la Chine

À Fidji, une délégation militaire de haut niveau conduite par le Général Qian Lihua, Chef de la cellule affaires étrangères au sein du ministère chinois de la défense, a rencontré le 21 janvier 2013 le Contre-amiral Bainimarama.
À l’ordre du jour des entretiens annuels de coopération de défense sino-fidjienne, qui se sont tenus au QG de l’armée, à Suva : le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays.
Cette coopération pourrait concerner la fourniture d’équipements, sous forme de véhicules, d’uniformes et de matériel de bureau, ou encore de machines destinées à entretenir et remettre à niveau les routes et les ponts, en particulier en milieu rural, selon les mêmes sources, qui évoquent aussi la possibilité d’échange de personnel et de stages de formation au bénéfice des soldats fidjiens.

Remplacer les patrouilleurs australiens par des chinois

À l ‘issue de ces entretiens, le Contre-amiral Bainimarama a également évoqué la possibilité que la flotte vieillissante de patrouilleurs de la marine fidjienne, fourni s par l’Australie au cours des années 1980, soit renouvelée par la Chine.
« Nous cherchons actuellement à remplacer nos vaisseaux de la marine et aussi une aide éventuelle à notre fanfare », a précisé le Contre-amiral.
À cette occasion, le Contre-amiral Bainimarama a réitéré sa reconnaissance vis-à-vis de Pékin pour le soutien apporté à cet archipel.
Un premier lot de matériel avait été livré par la Chine courant 2011, dans le cadre d’un programme de soutien à la capacité de l’armée fidjienne à intervenir dans les domaines des travaux publics et des infrastructures.
La coopération militaire fidjienne avec la Chine s’est significativement renforcée depuis le putsch de décembre 2006, les grands partenaires traditionnels dans ce domaine, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, ayant gelé leurs relations (y compris militaires) avec le gouvernement fidjien issu du coup d’État.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 2 Juillet 2013 à 05:22 | Lu 334 fois