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Les Tahitiens de la brigade de parachutistes SAS, ou "Qui ose gagne"


Caporal-Chef Manari’i Fateata : "Chef de groupe énergique et courageux".
Caporal-Chef Manari’i Fateata : "Chef de groupe énergique et courageux".
PAPEETE, 4 février 2019 -  L’association Mémoire polynésienne et la Maison de la culture organisent une conférence sur le thème Les Tahitiens dans les guerres d’Indochine et de Corée, mardi 12 février au Petit théâtre. Tahiti Infos s’associe à cet événement en publiant chaque jour un épisode de ces épopées tahitiennes en Orient.
 
La réinstallation de l’autorité française en Indochine, après la capitulation japonaise, fait apparaître la nécessité de pouvoir recourir à des troupes aéroportées. En novembre 1945, est créé un Bataillon parachutistes de Choc de type SAS. Trois natifs de Tahiti venus des rangs du glorieux 4e SAS qui a sauté en Bretagne en juin 1944, intègrent la demi-brigade de parachutistes SAS : Manari’i Fateata, Ernest Tetuaea Constantin et Étienne Colombani.
 
Le 4 février 1946, les Tahitiens embarquent sur le croiseur Gloire pour atteindre l’Indochine le 23 février 1946. En mars 1946, le 1er Bataillon SAS mène des incursions opérationnelles dans le secteur de Nha Be dans le district de Saïgon où la guérilla vietminh est active. Il opère ensuite dans le secteur d’Hoc Mon, de Ba Queo, de Vinh Loc, de Ba Dien et de Thu Duc. Les SAS tendent des embuscades pour surprendre l’ennemi et se familiarisent au combat dans la jungle. 
 
La première opération aéroportée de la demi-brigade SAS porte le nom de Vientiane au Laos. Les trois Tahitiens, en leur qualité de vétérans parachutistes, participent à la mission de sécuriser le secteur de Vientiane évacué par les troupes chinoises qui ont reçu la reddition des Japonais.
 
Leur second objectif est Luang Prabang un port fluvial situé sur le Mékong à environ 200 kilomètres en amont de Vientiane. Un commando SAS fort de 92 hommes va remonter le fleuve Mékong du port fluvial de Luang Prabang à Vientiane avec la mission de débusquer et de réduire tout rebelle infiltré sur les rives du fleuve ; mais surtout de se saisir de leur monnaie d’achat d’armes : l’opium.
 
La petite flottille est accrochée. L’accès des villages fluviaux leur est interdit par des redoutes vietminh dont les tirs tuent cinq parachutistes et en blessent deux gravement. Un mortier de 60 pouces est mis en batterie. Étienne Colombani, un des servants du mortier, fait baisser par ses salves la tête des défenseurs du Vietminh. Les résonances de ses salves lui perforent un tympan. Il est déclaré inapte au rang de parachutiste.

La devise des parachutistes SAS.
La devise des parachutistes SAS.
Siem Reap, capitale du Cambodge est investi par 500 rebelles Khmers Issaraks. La garnison de Siem Reap retranchée dans le Grand hôtel est menacée. Quatre -vingt parachutistes sont droppés sur un terrain de sports, proche du Grand hôtel. Les deux Tahitiens ont été répartis dans des sticks distincts. L’ennemi se réfugie dans le temple d’Angkor Vat à 5 km de Siem Reap d’où ils sont délogés. Le Tonkin s’enflamme. Les deux SAS tahitiens sont alors aérotransportés à Hanoi puis gagnent Haiphong pour engager le nettoyage de la ville jusqu’à la rivière et le pont de Dong Son. Le mouvement insurrectionnel général gagne tout le Tonkin et le centre Annam. Les deux Tahitiens, faute de sauter avec la 2e vague sur Nam Dinh, sont engagés dans les opérations de nettoyage de Hanoi et de sa périphérie.

En mars 1947, Manari’i Fateata et Ernest Tetuaea Constantin ramenés du Tonkin sur Saigon participent à plusieurs opérations aéroportées dans la plaine des Joncs. Manari’i et Ernest sont des  combattants émérites :
 
- Ernest Constantin : "Vieux parachutiste" en Indochine depuis février 1946 a participé à toutes les opérations de la demi-brigade. Parachuté à Vientiane, Luang Prabang, Siem Reap, au Tonkin et dans la plaine des Joncs. Le 5 février à Xon Cai (Cochinchine) s’est porté à l’assaut des rebelles qui essayaient d’encercler une compagnie voisine donnant ainsi un bel exemple de courage. 
 
- Caporal-Chef Manari’i Fateata : "Chef de groupe énergique et courageux". Le 21 mai 1948, participait à une opération ayant eu lieu à Ap Binh (province de Binh Hoa). Progressant habilement, a surpris un groupe adverse et l’a dispersé en lui infligeant des pertes.
 
Ernest Tetuaea Constantin et Manari’i Fateata sont affectés à la protection des plantations d’hévéas dans le secteur de Dian. 
 
L’opération Ceinture fait directement suite à l’opération Léa dont l’objectif fut d’anéantir le réduit vietminh du quadrilatère Cho Chu- Tuyen Quang- Chiem Hoa- Chora dans la région de Bac Kan et de couper sa route de ravitaillement avec la Chine.
 
Sept groupements sont engagés dans l’opération Ceinture. Le SAS tahitien Fateata est dans le groupement S aux ordres du lieutenant-colonel Sauvagnac. Ernest Tetuaea Constantin atteint de paludisme a été hospitalisée.
 
Le 2 juillet 1948, Manari’i Fateata et Ernest Tetuea Constantin quittent l’Indochine. Manari’i rengage pour un deuxième séjour en Indochine pour être versé au 7e bataillon de parachutistes coloniaux. 

​Conférence le 12 février

L’association Mémoire polynésienne et la Maison de la culture organisent une conférence sur le thème Les tahitiens dans les guerres d’Indochine et de Corée.
Jean-Christophe Shigetomi relatera l’épopée des Tamari’i Tahiti engagés dans le corps expéditionnaire d’Extrême-Orient, entre 1945 et 1954. Il parlera aussi de ceux, moins nombreux, qui ont servi au sein du Bataillon français de l’ONU, entre 1950 et 1953 en Corée.

Date : le 12 février 2019 à partir de 18 heures

Lieu : Petit théâtre

Entrée libre et gratuite


Rédigé par TI le Lundi 4 Février 2019 à 08:00 | Lu 1859 fois