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Les États-Unis au secours des mangroves océaniennes


Les États-Unis au secours des mangroves océaniennes
SUVA, mercredi 20 mars 2013 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement américain, via son agence d’aide internationale au développement (UsAid), a lancé mi-mars 2013 une série de projets ayant tous pour dénominateur commun la protection d’un environnement océanien menacé par les changements climatiques.
Parmi ces projets, l’un fait figure de phare : celui concernant la protection et une possible reconstitution des zones humides caractérisées par les mangroves, écosystèmes considérés comme de véritables tampons et amortisseurs des effets des changements climatiques sur la faune et la flore côtières.
Pour donner le coup d’envoi de ce projet, c’est le nouvel ambassadeur américain en poste à Port-Moresby, Walter North, qui a donné les premiers coups de pioche pour planter les premiers pieds de palétuviers.
À Suva, quelques jours auparavant, le 5 mars 2013, c’est l’ambassadrice américaine Frankie Reed qui a présenté, depuis le campus de l’Université du Pacifique Sud (USP), l’ensemble de l’initiative américaine (9 projets) en vue de protéger l’environnement de la région, aux côtés de la directrice d’UsAid pour le Pacifique (basé à Manille, Philippines), Gloria D. Steele.
Idée-force de cette série de projets : aider les États insulaires de la zone à s’adapter aux effets des changements climatiques qui, pour certains d’entre eux, sont déjà cruellement palpables (montée du niveau des océans et réduction significative des surface côtières arables et vivables).
Dans l’enveloppe américaine consacrée à ces projets environnementaux, 23,6 millions de dollars US iront à la formation et à la sensibilisation de jeunes Océaniens sur les questions de changements climatiques, 7,5 millions de dollars iront au projet replantation des zones de mangroves en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon et à Vanuatu (y compris un volet formation en milieu communautaire pour la gestion durable de ces environnements), 1,5 million de dollars pour la formation et la sensibilisation de techniciens spécialisés dans les questions d’énergies propres (avec en bonne place le photovoltaïque) et 690.000 dollars réservés aux volontaires américains du Peace Corp dans le cadre de leurs actions in situ en Océanie sur des projets environnementaux.
De manière plus générale, les pays de la zone bénéficiant de ces projets, dont une bonne partie sont régionaux, sont au nombre de douze : États Fédérés de Micronésie, Fidji, Kiribati, Nauru, Palau, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Marshall, Samoa, îles Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu.


En juin 2011, cinq États océaniens (Fidji, Samoa, Tonga, Vanuatu et les îles Salomon) se sont engagés avec l’organisation non gouvernementale UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) dans le cadre d’un programme de protection des zones humides, et en particulier des mangroves, dont le rôle est reconnu en matière de protection des côtes contre l’érosion et de siège d’une vaste biodiversité.
Ce programme (baptisé « MESCAL », pour Mangrove Ecosystems Climate Adaptation and Livelihoods, pour adaptation climatique et écosystèmes des mangroves), est doté d’un budget de quelque 2,3 millions d’euros provenant du gouvernement allemand et de son ministère de l’environnement.
Censé courir sur quatre ans jusqu’en 2014, il se place dans une approche globale d’actions visant à favoriser tous les moyens de protection, de gestion et d’adaptation des mangroves de ces pays contre les effets adverses des changement climatiques.
Les mangroves sont reconnues au plan écologique comme étant des zones pouvant servir de « tampons » entre les effets des marées et les zones côtières.
Elles recèlent aussi d’importantes ressources variées d’espèces animales et végétales, qui apportent aussi des moyens de subsistances aux populations riverains en matière de nourriture, mais aussi de bois.
La campagne MESCAL comporte aussi un important volet de sensibilisation publique afin d’inciter les populations à protéger ces importantes zones, souvent utilisées comme dépotoirs en milieu urbain.
Quelques jours auparavant, les îles Salomon ont annoncé leur intention de procéder prochainement à la désignation d’une zone naturelle protégée et sanctuarisée sur l’île de Kolombangara (connue pour sa richesse en espèces d’oiseaux et de batraciens).
Dans cette zone d’une vingtaine de milliers d’hectares, les associations locales ont mis en place des chemins forestiers balisés pour sensibiliser la population locale ainsi que les visiteurs, en mode écotourisme.

En décembre 2012, la Nouvelle-Calédonie a accueilli, une semaine durant, un séminaire international consacré aux mangroves.
Ce séminaire international, du 9 au 14 décembre 2012 à l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) et au centre de Nouméa de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), s’est penché en particulier sur l’avenir des mangroves dans la région, sur fonds de changements climatiques significatifs.

Le « MOSS », observatoire des mangroves

La tenue de ce colloque coïncidait aussi avec l’inauguration d’un observatoire des mangroves, dont la mission sera désormais de surveiller les éventuelles évolutions de cet écosystème, dont une des propriétés reconnues est de développer « des capacités d'adaptation à des conditions extrêmement sélectives et dont la distribution des différentes espèces végétales est fonction de paramètres tels que les apports en nutriments, la salinité, la durée d’inondation, le taux de sédimentation, ou bien encore la teneur en sulfures des sédiments », précise l’IRD.
« La mangrove revêt une importance capitale aussi bien au niveau écologique qu’économique, et représente, avec la forêt tropicale humide, un des écosystèmes les plus productifs en domaine terrestre. Par conséquent, la mangrove joue un rôle fondamental dans les cycles du carbone et des nutriments en milieu côtier. Ainsi, les eaux littorales bordant les mangroves sont généralement riches en crevettes et poissons. Par ailleurs, la mangrove possède une valeur refuge significative et abrite une grande biodiversité animale, notamment diverses espèces de crabe », souligne l’institut scientifique français.
Les mangroves, ces dernières années, ont été particulièrement menacées par des facteurs allant aussi bien de la pression des activités humaines et de la population croissante dans certaines zones côtières (en particulier urbaines, où souvent elles sont considérées comme des décharges publiques) que des activités humaines industrielles (exploitation minière, prospection)
Résultat, selon l’IRD : la mangrove disparaît actuellement à un taux de 1 à 2 pour cent par an.
« Ce taux est équivalent voire supérieur à celui des écosystèmes menacés, tels que les récifs coralliens ou la forêt tropicale primaire. La destruction de cet écosystème se déroule partout à travers le monde, et particulièrement dans les pays émergents, où se trouvent 90 pour cent des mangroves », rappelle l’institut français.

Ce projet d’observatoire est soutenu par les provinces de la Nouvelle Calédonie, ainsi que par plusieurs mécènes privés (Fondation d’entreprise Air Liquide, groupe minier suisse Xstrata), avec pour mission de mieux évaluer les capacités des mangroves à fixer le dioxyde de carbone atmosphérique, sur fonds de changements climatiques.
Son nom de baptême : le « MOSS » (Mangrove Observatory: Sciences and Societies, pour Observatoire des Mangroves, Sciences et Sociétés).
Une fois opérationnel, courant 2013, ce centre devrait s’appuyer sur trois pieds : le premier en Nouvelle Calédonie (25 espèces de mangrove recensées), le second en Nouvelle Zélande (1 espèce) et le troisième au Vietnam (60 espèces), chacun de ces pays possédant des caractéristiques climatiques différentes tout en ayant en commun ce type de végétation marine intercostale.

Outre les scientifiques français, sont également attendus des chercheurs environnementaux australiens, américains, néo-zélandais, qui devraient aussi participer à des visites sur le terrain, en Nouvelle-Calédonie, où se trouvent parfois des sites de mangroves riverains de sites miniers (comme sur le site de Vavouto, usine de nickel en cours de construction au Nord de l’île principale de la Nouvelle-Calédonie).

Rédigé par PAD le Mercredi 20 Mars 2013 à 06:12 | Lu 781 fois