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Les Dessinateurs du fenua pensent déjà à leur prochaine expo


PAPEETE, le 20 septembre 2016 - Le collectif de dessinateurs et graphistes Les Dessinateurs du fenua vient tout juste d’organiser une exposition à la galerie des Tropiques. Elle s’est achevée samedi. Elle devrait, si les partenariats se confirment, s’envoler dans les îles de la Société. Le groupe d’artistes songe déjà à un prochain événement qui pourrait avoir pour thème les mangas.

L’exposition "Les mythes à la sauce polynésienne" qui vient de s’achever à la galerie des Tropiques présentait une cinquantaine d’œuvres produites par une quinzaine d’artistes. Ces artistes, membres du collectif Les Dessinateurs du fenua, s’affichaient pour la première fois. Ils devraient réitérer l’opération. "On pense déjà à la suite avec une exposition qui pourrait être sur les mangas car il y a beaucoup de dessinateurs de ce genre de bande dessinée. En attendant, on essaie de faire partir Les mythes à la sauce polynésienne dans d’autres îles de la Société : Moorea, Raiatea, Huahine, Bora bora. Nous avons les salles, il nous manque une confirmation pour le transport."

Le collectif Les Dessinateurs du fenua est né il y a deux ans, à l’initiative de Sébastien Bousquet, alias Esbay. Après avoir réalisé des comics puis des mangas, l’artiste s’est mis à peindre. Pendant quatre ans, il a été professeur en arts appliqués au lycée professionnel de Mahina. "Ce que j’ai vu pendant ces années d’enseignement m’a vraiment subjugué. En France on a par classe deux ou trois élèves qui s’intéressent aux arts et qui sont doués, ici en Polynésie c’est l’inverse. Je ne sais pas s’il y a d’autres endroits dans le monde comme ça, mais ici de nombreux jeunes ont un talent incroyable. Ils ont de l’or dans les doigts et n’ont pas de moyens ou d’aides pour le faire valoir."

Esbay a passé sa vie "à préparer et passer des concours pour entrer dans des écoles, alors qu’autour de moi je vois des jeunes qui ont du talent, un don pour certain même si j’ai du mal à croire à l’idée de capacités innées. Ils n’ont pas suivi de grandes écoles et ont une technique pourtant remarquable." En créant Les Dessinateurs du Fenua, Esbay, a voulu donner un coup de pouce, engager un mouvement pour faire connaître les talents. "Mais aussi", ajoute-t-il "parce qu’à plusieurs on est plus fort, on peut échanger sur ses techniques, ses idées, ses projets, on peut s’entraider quand il s’agit de se vendre ou disons de faire parler de soi."

En 2014, une page Facebook a vu le jour. Ou plutôt un groupe fermé dans lequel transitent plus de 200 membres. "Tous ne sont pas dessinateurs ou graphistes", nuance le fondateur. L’idée du collectif était et reste de promouvoir les arts graphiques, "et pas seulement le dessin", précise Esbay qui a découvert de nouveaux moyens d’expression. "Aujourd’hui, dans notre collectif 90% travaillent avec des outils numériques. Ils créent des œuvres sans pinceaux ni crayons."

Ce qui ajoute un nouvel objectif aux Dessinateurs du fenua. À savoir : changer la mentalité des visiteurs d’exposition et des acheteurs de tableaux, les sensibiliser à ces nouveaux modes d’expression. "Des artistes ont vendu quelques œuvres à la galerie des Tropiques mais pas autant que s’ils avaient proposé des pièces uniques. Le fait d’utiliser un outil numérique laisse à penser que les artistes proposent maintenant des pièces en série." Autre élément important à souligner, le numérique n’enlève rien au processus créatif. "En voyant le résultat, on se dit que c’est l’ordinateur qui a tout fait, mais il n’est qu’un outil !", insiste Esbay.

À terme, le fondateur du collectif rêve de passer les frontières "ou plutôt que les jeunes d’ici travaillent à l’international. Vous saviez que dans les studios Pixar et Disney se sont des Français qui bossent ? Des anciens des Gobelins. Nous ne sommes pas loin de Hollywood ici, et puis il y a internet. Pourquoi ne pas oser l’envisager ?".


Distinguer mangas et comics

Les mangas comme les comics sont des bandes dessinées. Les mangas, rédigés par des "mangaka", sont d’origine japonaise. Par extension, le manga désigne une bande dessinée qui n’est pas forcément japonaise mais qui en respecte les codes. Parfois, improprement, il désigne des produits visuels rappelant ces bandes dessinées (dessins animés, style graphique…). Le plus souvent les mangas sont en noir et blanc, publiés d’abord dans des revues peu couteuses sur du papier recyclé. Le nombre de pages est important (une ou deux centaines). Le dessin y est moins "statique" que dans les bandes dessinées occidentales, le découpage temporel se rapproche de celui du cinéma, les onomatopées sont nombreuses.
Les comics désignent spécifiquement la bande dessinée américaine. Le terme vient du mot signifiant comique en anglais car les premières bandes dessinées étaient humoristiques. Ce genre de bande dessinée utilise beaucoup d’onomatopées comme son cousin japonais et met généralement en scène des super héros. Actuellement le marché se divise grossièrement en deux tendances : les comics mainstream (aventures de super-héros) et les comics books souvent appelés alternative comics aux genres variés et édités par de petites maisons d’édition.


Les Dessinateurs du fenua pensent déjà à leur prochaine expo

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 20 Septembre 2016 à 10:50 | Lu 1745 fois