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Les 22 professeurs stagiaires expliquent leur refus de partir en métropole


Les 22 professeurs stagiaires expliquent leur refus de partir en métropole
Le communiqué ci-dessous émane du collectif des professeurs stagiaires. Pour la première fois depuis que l'affaire a éclaté, ces lauréats des concours de l'enseignement secondaire, au nombre de 22, expliquent pourquoi ils refusent leur affectation en métropole.

Ils dénoncent les conditions dans lesquelles cette affectation s'est faite : dans l'urgence, et de façon "abusive" puisque selon eux, il y a suffisamment de place au Fenua pour les accueillir. "Toutes les conditions techniques sont réunies pour que nous puissions effectuer l’année de stage sur le Territoire", affirment-ils, tout en laissant entendre que des raisons "financières" pourraient avoir motivé le choix de l'Etat, puisqu'un professeur stagiaire coûte moins cher en métropole qu'en Polynésie française en raison de l'indexation.

Cette décision du vice-rectorat va également selon eux à l'encontre de la politique d'océanisation des cadres et de constitution d'une "élite" locale. Voici leur communiqué.


"Suite à la commission de suivi entre l’Etat et la Polynésie française qui s’est tenue le 12 juillet 2011, le Vice-recteur en Polynésie française a décidé d’affecter de manière unilatérale plus de la moitié des lauréats des concours de l’enseignement secondaire en Métropole (soit 22 sur 41). Devant l’urgence de la situation, il s’est donc créé le Collectif des futurs professeurs stagiaires duquel émane ce communiqué.

Des critères supplémentaires de sélection ont été imposés par le Vice-recteur de façon abusive au vu des textes directeurs du Ministère de l’Education Nationale, alors que le Collectif répond aux conditions posées par la règlementation en vigueur pour prétendre à une affectation sur le fenua. En effet, ces critères doivent s’appliquer uniquement dans le cas où les places disponibles sur le Territoire seraient inférieures au nombre de candidats. Or, le Ministère de l’Education en Polynésie française avait assuré 41 postes pour les 41 stagiaires (avec tuteurs et formateurs). Ainsi, toutes les conditions techniques sont réunies pour que nous puissions effectuer l’année de stage sur le Territoire, quand bien même il serait plus judicieux financièrement pour l’Etat de nous affecter en Polynésie en cette période de restriction budgétaire.

Le Collectif a appris l'affectation de 22 d'entre eux en métropole à quelques semaines de la rentrée scolaire, sans qu’aucune information ne leur soit parvenue des services compétents du Vice-rectorat, et alors qu'ils avaient eu l'assurance d'obtenir un poste d'enseignant en Polynésie française. Par conséquent, l’organisation et la charge financière que demande un déplacement d’une telle ampleur, sans garantie de retour, paraît extrêmement difficile à tenir dans un délai aussi court, sachant qu’il perdure un traitement inégal au niveau de la mobilité entre les expatriés de Métropole et ceux du Territoire.

Du 14 juillet au 31 juillet, le Collectif s’est efforcé de rencontrer les différentes autorités du Territoire et de l’Etat présentes encore à Tahiti pendant cette période de vacances. Toutefois, la fermeture exceptionnelle du Vice-rectorat sans permanence ces deux dernières semaines de juillet a empêché tout contact avec ses services, laissant ainsi les lauréats sans interlocuteur dans cette situation des plus urgentes. A ce jour, ni l’Etat ni ses représentants sur le Territoire n’ont apporté de réponses à nos demandes vivement répétées.

D’autre part, il est bon de rappeler que la majorité des lauréats aux concours de cette session 2011 revient de plusieurs années d’études en Europe (entre 3 et 8 ans), et que les candidats de Polynésie ne sont pas favorisés par les conditions matérielles (décalage horaire) et financières (paiement du billet d’avion, du logement) de passage du concours, ce qui rend d’autant plus honorable l’obtention d’un tel concours de niveau national.

Par ailleurs, nous souhaitons que les instances du pays, qui n’ont cessé de nous apporter leur soutien, continuent à nous épauler dans notre démarche en insistant auprès des autorités de l’Etat.

En définitive, nous ne pouvons être d’accord avec la décision prise par le Vice-recteur car celle-ci va à l’encontre de la politique gouvernementale d’océanisation des cadres et de la constitution de l’élite dont il souhaitait pourtant l’émergence. C’est pourquoi, nous faisons valoir nos droits et demandons légitimement l’affectation de tous les lauréats sur le fenua à compter de la rentrée scolaire 2011.

Le Collectif des Professeurs Stagiaires 2011/2012

le Mardi 2 Août 2011 à 08:46 | Lu 3278 fois