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Le volcan d’Ambae placé à son tour sous vigilance


Le volcan d’Ambae placé à son tour sous vigilance
PORT-VILA, mercredi 13 juillet 2011 (Flash d'Océanie) – Après des alertes successives lancées pour les volcans de Tanna et d’Ambrym, c’est au tour du volcan Manaro d’Ambae (Nord-est de l’archipel) d’être placé sous vigilance, en raison d’un regain d’activité qui a suscité la mise en alerte un sur une échelle de quatre.
Dans son dernier bulletin, le bureau gouvernemental des risques géophysiques a placé un niveau d’alerte 1 sur ce volcan d’Ambae, le Mont Manaro.
Ce bureau a justifié cette mise en alerte par le fait que l’activité de ce cône (en matière d’éruptions et d’émissions de gaz et de cendres) s’était considérablement modifiée au cours des derniers jours.
À la suite de la dernière mission d’observation en date du 4 juillet 2011, décision a été prise de réactiver une zone de sécurité a été réactivée, excluant toute visite dans un périmètre de trois kilomètres autour du cratère principal.
Le bureau scientifique vanuatuan, qui continue à surveiller la situation de près, établit par ailleurs un lien clair entre ce regain d’activité et les secousses sismiques ressenties de plus en plus fréquemment par la population.

Nouvelle alerte 1 à Ambae : déjà vu

Cette forte activité volcanique ne concerne pas seulement le volcan de Gaua : depuis le début de l’année, plusieurs volcans de l’archipel de Vanuatu connaissent un regain d’activité, suscitant ces dernières semaines plusieurs mises en garde de la part des autorités locales, notamment concernant les visites touristiques sur ces sites.
Le Mont Manaro était déjà classé début 2010 dans la catégorie « très haut niveau d’activité », tout comme le Mont Bembow, volcan situé sur l’île d’Ambrym (Nord de l’île principale).
En 2010, ces alertes concernaient aussi le volcan Yasur (Tanna) et le Mont Garet (groupe des îles Banks, extrême Nord de l’archipel).
En raison de la même configuration, c’est aussi le même scénario qui inquiète aussi concernant le volcan situé sur l’île d’Ambae (altitude environ 1.500 mètres), qui connaît aussi un fort regain d’activité.
Lors de la précédente séquence intense, l’activité du Mont Manaro s’était caractérisée par des émanations « inhabituelles » observées mi-mai 2010.
Principaux symptômes alors rapportés par les observateurs : d’importantes émissions de fumée, des émanations nauséabondes et caractéristique de l’émission de soufre (volume estimé de ces émissions : trois mille tonnes de gaz sulfurique par jour), une forte décoloration des eaux du lac (marron et parfois bleu pâle) indiquant l’incorporation de dioxyde de soufre, ainsi qu’un panache quasi-permanent au-dessus de l’île.
Ce volcan, le Manaro, est coiffé d’un lac, le Vui.

Le précédent d’Ambae

Le Manaro avait donné des signes similaires il y a une dizaine d’années, faisant craindre là aussi une entrée en contact du magma de la chambre et de l’eau du lac.
Un plan d’évacuation avait été alors sérieusement envisagé pour toute la partie Nord de cette île du Nord-est de Vanuatu.
La dernière éruption significative du volcan Manaro, en novembre 2005, avait provoqué l’évacuation partielle de plusieurs milliers de personnes, mais aussi donné naissance à une nouvelle île, au milieu du lac Vui, qui surplombe le cratère.
Les scientifiques et volcanologues vanuatuans (service gouvernement de la géologie et des mines), français (de l’Institut français de Recherche pour le Développement, IRD) et néo-zélandais estimaient alors que cette nouvelle île, née de l’éruption en milieu aquatique, mesurait quelque 525 mètres de diamètre et culmine à une cinquantaine de mètres au milieu de ce lac acide.
Par ailleurs, l’évaporation provoquée par la chaleur et l’éruption, à l’intérieur du cratère en-dessous du lac, a entraîné une baisse de niveau des eaux de l’ordre de « deux à trois mètres » par rapport aux mesures pré-éruption, ont constaté les scientifiques, soit environ un tiers des quelque quarante cinq millions de mètres cubes contenus auparavant.
L’archipel lui-même est constitué d’îles qui sont toutes d’anciens volcans, et qui longent la fosse tectonique des Nouvelles-Hébrides.
Vanuatu et une bonne partie de sa région font partie de ce qu’il est convenu d’appeler la « ceinture de feu du Pacifique », zone à forte sismicité et activité volcanique.

Fin juin 2011, le Mont Bembow, volcan situé sur l’île d’Ambrym (Nord de l’île principale), a lui aussi suscité l’inquiétude de la part des autorités de cet archipel qui ont émis lundi 27 juin un bulletin spécial consacré à ce cône en activité quasi-permanente.
Dans son dernier bulletin, le bureau gouvernemental des risques géophysiques a placé un niveau d’alerte 1 sur ce volcan d’Ambrym, en raison de son niveau toujours considéré comme élevé de dégazage et les explosions occasionnelles qui surviennent à l’intérieur du cratère principal.
Le niveau « élevé » des lacs de lave également situés à l’intérieur du cratère sont surveillés de près et les volumes de gaz émis quotidiennement « pourraient provoquer des dégâts à l’environnement et à l’eau potable dans les villages », estime le bureau vanuatuan, qui a recueilli, courant juin, des témoignages des populations riveraines évoquant d’importantes retombées de cendres et des pluies acides qui ont « brûlé la végétation à l’Ouest, au Sud et à l’Est de l’île ».
« Cela signifie que l’activité du volcan d’Ambrym s’est légèrement accrue, par rapport à son activité normale et que le risque demeure près du cratère, sur la plaine de cendres (en raison des projections, des forts dégazages et des coulées pyroclastiques), ainsi que dans certaines zones de l’Ouest, du Sud et de l’Est de l’île (risque de retombées acides mineures et de pluies acides), en fonction des vents dominants », précise le bureau qui n’exclut pas que le niveau d’alerte « pourrait encore évoluer au cours des prochains jours ».
L’alerte un sur une échelle de quatre) a donc été maintenue à la fois à l’attention des populations résidentes, mais aussi des tours opérateurs qui acheminent régulièrement des touristes sur site.
Pour ceux-là, il est désormais conseillé de se tenir à l’écart des cratères jusqu’à nouvel ordre.

Volcan de Tanna : alerte 2

Début juin 2011, les autorités de l’archipel de Vanuatu ont décidé de maintenir à un niveau trois (sur une échelle de quatre) la gradation d’alerte en vigueur concernant le volcan Yasur de l’île de Tanna (Sud Vanuatu), réputé pour être l’un des volcans actifs les plus accessibles au monde et qui est entré, depuis début mai 2011, dans une nouvelle phase d’activité soutenue.
Ce niveau d’alerte impliquait en particulier l’entrée en vigueur d’une interdiction de visite dans un périmètre de cinq cent mètres autour du cratère.
Depuis début juillet 2011, le niveau d’alerte a été rabaissé à deux.
L’observatoire gouvernemental des risques géophysiques estime néanmoins, au vu des constatations faites sur le terrain, que le volcan Yasur se trouve actuellement en phase d’intense activité, caractérisée par de « fortes explosions » et des « émissions de cendres et de bombes volcaniques à partir des trois cratères » que comporte ce volcan.
Certaines de ces bombes atteignent parfois les zones désignées d’observation et de garage des voitures sur lesquelles se rendent quotidiennement les touristes.
Des bombes volcanique de taille importante, véritables amas de lave incandescente d’une masse de plusieurs dizaines de kilogrammes chacune, continuent en effet à être projetées dans l’atmosphère et atterrissent très fréquemment dans la zone où sont d’ordinaire garés les véhicules acheminant les touristes sur ce site.
Vanuatu, situé sur la « ceinture de feu du Pacifique », comporte, outre le volcan de Tanna, d’autres cônes actifs notamment sur les îles d’Ambae, Ambrym et Gaua (groupes de îles Banks/Torrès, extrême Nord).
Courant 2010, une phase d’intense activité du volcan Yasur et ses retombées acides avaient déjà provoqué une situation alimentaire et sanitaire très préoccupante, du fait de la destruction d’une bonne partie des cultures vivrières dans les villages les plus exposés.

Précédent réveil en mai 2010

La précédente éruption notable du volcan Yasur remonte à fin mai 2010 : cette phase d’intense activité avait là aussi entraîné une interdiction de pénétrer dans un périmètre de cinq cent mètres autour du cône.
Ces importants panaches de fumées et de cendres émanant du Yasur, dissipés dans la région au gré des courants atmosphériques, avaient provoqué par deux fois l’annulation des vols de la compagnie Air Calédonie (lignes intérieures du territoire français voisin de Nouvelle-Calédonie) à destination des îles Loyautés (les plus proches de Tanna).
Environ deux mois plus tard, le niveau d’alerte avait été rétrogradé à une gradation deux, mais avec toujours d’importants volumes de retombées de cendres, en particulier sur la côte Ouest de Tanna.
Lors d’une précédente phase d’intense activité, au milieu des années 1990, une touriste japonaise avait été tuée par l’un de ces projectiles, qu’elle avait reçu sur la tête.

Effet cumulés avec ceux des cyclones

Cette situation de disette avait été aggravée début 2011, avec le passage de deux cyclones, Vania et Atu, à quelques jours d’intervalle.
Cette situation avait suscité la mobilisation de plusieurs partenaires de développement de la région, en mode humanitaire, pur livrer sur place des vivres et mettre en place un plan rapide de reconstitution des cultures.
Ces efforts avaient notamment mobilisé la Plateforme d’intervention régionale pour le Pacifique Sud (PIROPS), antenne de la Croix Rouge française basée en Nouvelle-Calédonie et qui affiche une vocation régionale d’intervention.

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Rédigé par PaD le Mercredi 13 Juillet 2011 à 11:34 | Lu 1937 fois