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Le tremblement essentiel, une maladie fréquente en mal de reconnaissance


Le tremblement essentiel, une maladie fréquente en mal de reconnaissance
PARIS, 12 sept 2012 (AFP) - Trembler en se rasant, en se lavant les dents, en laçant ses chaussures, en écrivant ou en utilisant une carte bleue: c'est ce que vivent 300.000 Français atteints du tremblement essentiel, une maladie neurologique fréquente mais largement méconnue.

Le diagnostic de cette maladie pour laquelle existent encore peu de traitements efficaces relève souvent "du parcours du combattant", souligne le docteur David Grabli, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, qui reconnaît que les médecins généralistes pensent rarement au tremblement essentiel.

"On pense d'abord à l'alcool, aux drogues, à l'anxiété, ou à l'âge" ajoute-t-il, avant de suspecter la maladie de Parkinson, une autre maladie neurologique chronique, pourtant trois fois moins fréquente en France que le tremblement essentiel.

Fabrice Barcq, le vice-président de l'Association des personnes concernées par le tremblement essentiel (Aptes), souligne de son côté le caractère invalidant de la maladie.

"Tous les gestes de la vie quotidienne deviennent progressivement difficiles voire impossibles" a-t-il indiqué mardi lors d'une conférence de presse à Paris destinée à faire le point sur cette maladie.

Le tremblement -qualifié d'essentiel car ne découlant d'aucune autre maladie- n'est pas mortel. Il est principalement d'origine familiale avec un mode de transmission autosomique dominant (un enfant a une chance sur deux de porter le ou les gènes à l'origine du tremblement essentiel si un de ses parents en souffre).

Généralement évolutive, la maladie ne provoque pas de paralysie ni d'atteinte du système cognitif, touche autant les hommes que les femmes et peut apparaître dès l'enfance. Elle peut également apparaître entre 55 et 65 ans, avec un taux de prévalence atteignant entre 2,3% et 14,3% selon les pays après 60 ans.

Les tremblements se produisent uniquement lors d'un geste volontaire et touchent essentiellement les mains, les bras et la tête, plus rarement les jambes et les pieds. "Certaines formes de la maladie restent très modérées, d'autres s'aggravent rapidement" relève le Dr Grabli. Les formes bénignes n'ont pas forcément besoin de traitement.

Mais comme beaucoup de malades ne sont pas correctement identifiés, ils souffrent de dépression ou de phobie sociale.

Les personnes qui souffrent de tremblements "sont jugées nerveuses et culpabilisent", souligne de son côté M. Barcq et le diagnostic est souvent vécu comme "un intense soulagement".

Seul un neurologue peut diagnostiquer un tremblement essentiel car il n'existe aujourd'hui aucun marqueur spécifique permettant de le détecter par analyse de sang, scanner ou IRM.

Quant aux traitements, ils se limitent pour la plupart du temps aux bêta-bloquants (utilisés en cardiologie) et aux anti-épileptiques qui permettent seulement d'atténuer les tremblements de moitié mais pas de les faire disparaître, précise le Dr Grabli.

La stimulation cérébrale profonde - avec des électrodes implantées chirurgicalement dans le cerveau - , utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson, donne une amélioration de 80% mais qui diminue au-delà de 6 ans, ajoute-t-il.

Des équipes françaises expérimentent actuellement les stimulations magnétique ou électrique transcrâniennes pour modifier l'activité cérébrale, précise Emmanuelle Apartis, neurologue à l'hôpital Saint Antoine à Paris.

Les recherches entamées ces dernières années ont permis des avancées génétiques, avec la découverte cet été par des chercheurs canadiens de mutations d'un gène appelé FUS - déjà retrouvées dans la sclérose en plaques - dans certains cas de tremblement essentiel.

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Rédigé par Par Elisabeth ZINGG le Mardi 11 Septembre 2012 à 22:07 | Lu 1392 fois