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Le tourisme médical, un sillon à creuser pour l'économie cubaine


Le tourisme médical, un sillon à creuser pour l'économie cubaine
LA HAVANE, 30 juillet 2013 (AFP) - Diego Maradona avait montré la voie en venant à Cuba en janvier 2000 pour soigner son addiction à la drogue. Après la gloire du football argentin, d'autres célébrités, plus discrètes, et des milliers de particuliers, pratiquent à Cuba un "tourisme médical" encouragé par les autorités.

Désintoxications, réhabilitations moteur après des accidents ou chirurgies plastiques en tous genres, le service de santé cubain a développé des capacités multiples à des prix attirant particulièrement les patients d'Amérique latine.

"J'ai fait des progrès incroyables. Je bouge les bras, j'ai du mouvement dans les jambes et je peux presque tout faire tout seul", explique le Vénézuélien Cruz Ramos qui, à son arrivée il y deux mois à la clinique de La Pradera, dans le secteur résidentiel de l'ouest de La Havane, ne pouvait bouger que les yeux à la suite d'un accident de voiture.

Dans le centre de La Havane, dans une clinique spécialisée dans les interventions oculaires - grande spécialité cubaine -, son compatriote Carlos Armando Montana a reçu une transplantation rétinienne à l'oeil gauche, après une blessure par un feu d'artifice.

"L'attention médicale ici est sans pareille, tant pour la qualité des soins que pour l'environnement et les installations", dit-il à l'AFP.

Nombre des interventions médicales pratiquées sur des étrangers à Cuba sont le résultat de conventions entre Etats. Cuba s'est fait une spécialité de l'exportation de professionnels de santé, mais accueille aussi chaque année des milliers de Vénézuéliens, Boliviens ou Equatoriens, notamment pour des opérations aux yeux.

Dans toute l'île, 43 centres médicaux reçoivent ainsi des Vénézuéliens, de loin les plus nombreux à bénéficier de ces accords entre pays.

A La Havane, certains grands hôtels un peu surannés du front de mer sont exclusivement réservés à ces "touristes médicaux". Et beaucoup d'hôpitaux ont ouvert des "salles internationales" qui leur sont réservées.

"La convention de santé entre Caracas et La Havane va continuer, les Vénézuéliens ont besoin de notre soutien", affirme à l'AFP Pedro Llenera, directeur de La Pradera qui a reçu 23.500 Vénézuéliens depuis 13 ans.

Mais au-delà des conventions entre Etats, se développe le tourisme médical des particuliers, alléchés par la qualité des médecins cubains et la modicité des prix.

Avec un médecin pour 148 habitants en 2012, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Cuba est le pays au monde le mieux pourvu dans ce secteur.

Cette spécialisation de Cuba dans le domaine de la santé date de l'avènement de la Révolution en 1959 lorsque Fidel Castro décida de faire de la santé et de l'éducation les deux axes prioritaires de sa politique de développement.

L'émigration de milliers de médecins aux premières années de la Révolution obligea alors le régime à accélérer la formation et aujourd'hui il est beaucoup plus facile à Cuba de trouver un médecin qu'un plombier ou un électricien.

"Cuba a les meilleurs médecins du monde", avait assuré Maradona, ami personnel de l'ex-président cubain Fidel Castro, et dont l'épaule droite est ornée d'un tatouage d'Ernesto Che Guevara et la cheville gauche d'un portrait de Fidel.

A l'étranger, "ce qui coûte le plus cher, ce sont les médecins, mais à Cuba ils sont payés comme tout le monde", explique à l'AFP Maria Antonieta Gonzalez, la vice-directrice de la clinique Cira Garcia de La Havane, réservée au étrangers.

"Ce qui nous coûte le plus, ce sont les matériels que nous avons du mal à importer à cause de l'embargo" imposé à Cuba par les Etats-Unis depuis 1962, ajoute-t-elle.

Dans ce centre médical du quartier résidentiel de Miramar, une pose de prothèses mammaires coûte 1.250 dollars ("prothèse non incluse", précise la clinique). La même opération pourra coûter 2.500 dollars au Mexique, plus de 4.000 au Royaume-Uni et jusqu'à 6.000 aux Etats-Unis.

"Il n'a jamais été dans l'intérêt de l'Etat cubain de s'enrichir" avec ces activités, s'empresse d'ajouter la vice-directrice de la clinique qui reçoit chaque année quelque 2.000 patients venus de plusieurs dizaines de pays du monde entier.

Mais dans la stratégie de réformes de son système économique obsolète, le régime communiste cubain place pourtant le développement de tout le secteur bio-médical en tête de ses priorités.

"Le potentiel est grand", a seulement confirmé à l'AFP un responsable du ministère de la Santé, sous couvert d'anonymat et sans apporter de chiffres précis.

Rédigé par Par Rigoberto DIAZ le Mercredi 31 Juillet 2013 à 07:23 | Lu 299 fois