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Le torchon brûle entre Evans Haumani et son 1er adjoint


Tahiti, le 3 décembre 2020 - Les relations sont glaciales entre le tāvana de Moorea-Maiao Evans Haumani et son 1er adjoint Ataria Firiapu. Le premier indique ne pas savoir ce qui se passe, ce qui est aussi crédible qu'un iceberg dans la baie de Cook. Le second assure ne pas vouloir être associé à ses “magouilles”. Ce qui au moins explique le froid entre les deux hommes.
 
Ils avaient peut-être des idées communes, mais ils n'ont pas du tout les mêmes idées pour la commune. Depuis plusieurs semaines, le tāvana de Moorea-Maiao, Evans Haumani, et son 1er adjoint, Ataria Firiapu, s'entendent aussi bien que le feu et la glace. Et l’élection de la maire déléguée de Paopao n’a rien arrangé à leurs relations polaires. Pour rappel, fin novembre, la majorité de Evans Haumani avait pris ses aises avec la loi électorale pour l'élection du maire délégué de Paopao. Elle avait proposé et soutenu Gina Kautai, élue de la minorité (majoritaire dans la commune déléguée) contre le candidat vainqueur de cette minorité, Hugues Hanere. Mais Ataria Firiapu n'avait pas suivi son maire dans cette manœuvre peu élégante et avait voté pour Hanere, en vain. Selon ses déclarations, il avait fait ce choix pour ne pas être “complice de ces manœuvres politiciennes”. Mais qu'en est-il de cette guerre froide entre le maire et son (encore) premier adjoint.
 
Haumani dit ne pas comprendre
 
Evans Haumani confirme la mauvaise ambiance, et explique, sans convaincre, qu'il en ignore l'origine : “Cela ne va pas entre nous. Mais je n’ai aucun problème avec lui, peut-être que lui en a avec moi”. Il rappelle d'ailleurs qu'il a été remplacé par Ataria Firiapu lorsqu’il était en arrêt maladie pendant trois semaines. Le maire invite son second à venir lui parler : “S’il est adulte qu’il vienne me voir (…) et on va en discuter”. Haumani reconnaît n'avoir pas beaucoup vu Firiapu lors des derniers temps, mais se dit “déçu” de son adjoint : “Je l’ai pris car j’ai confiance en lui et que je suis proche de lui. Je ne sais pas ce qu’il a. En plus il va raconter des choses sur mon dos, par exemple que je l’ai chassé”. Légère contradiction, mais passons. Haumani, en tout cas, se défend de l'avoir “chassé” puisque seul son conseil municipal peut lui retirer sa fonction de 1er maire adjoint.
 
Le maire abandonné par son adjoint y va aussi de sa complainte : “J’ai mal au cœur car je l’ai beaucoup aidé. Je ne lui ai pas retiré sa fonction de maire adjoint (…). Cela fait quatre mois que cela dure et je ne sais plus comment faire”, précisant quand même que les élus de la majorité sont en colère et donc que “s’ils décident de lui retirer sa fonction on va le faire”. Il ajoute que son adjoint a prévenu par SMS une employée de la commune qu'il allait “s’astreindre uniquement à ses fonctions de simple conseiller municipal”. “J’étais surpris quand j’ai lu ce SMS, j’ai eu mal car nous étions sur la même pirogue, ce n’est pas facile” regrette enfin Evans Haumani, la larme à l’œil.
 
Mais concernant l'élection controversée de Paopao, Evans Haumani reproche tout de même à Ataria Firiapu de ne pas l'avoir suivi : “Pourquoi il n’est pas venu ? Lors du vote, il a donné sa procuration. Il est libre, mais il est adjoint au maire. Je suis triste car il ne nous a pas soutenus”.
 
Ataria Firiapu accuse
 
Si Evans Haumani ne sait pas ce que son adjoint lui reproche, ce dernier a bien voulu l'expliquer. La brouille entre les deux élus a des origines plus profondes, selon l'encore 1er adjoint Ataria Firiapu qui minimise l'importance de l’élection de la maire déléguée de Paopao : “Un prétexte (…). C’est comme un iceberg, on ne voit que ce qui sort de l’eau (…) La plus grosse partie est sous l’eau”.
 
L’élu explique que depuis, les choses se sont enchaînées. Il explique que sa boîte mail a été coupée -“Je n’ai plus de lien avec la commune”- que ses délégations lui ont été retirées -“dès qu’il s’est fâché après moi”- et qu'il a interdiction de se rendre dans les services de la commune. “Toutes ces petites choses sont des messages qu’il me fait passer. Cela sous-entend qu’il faut que je laisse ma place”. L'élu dit sentir que la décision est déjà prise et que la majorité municipale n'a rien à voir là-dedans : “Cela ne sert à rien qu’ils se réunissent, puisqu’il m’a déjà tout retiré”.
 
Ataria Firiapu décrit surtout la partie invisible de “l'iceberg” précité, à savoir la manière de faire de son tāvana. Et il n'est pas tendre. Il prétend par exemple que la parole est confisquée aux élus : “Il ne faut surtout pas penser différemment de lui. Quand tāvana dit une chose, il faut absolument suivre ce qu’il dit et ne pas penser autrement. Cela ressemble presqu'à de la dictature, c’est la pensée unique”. Défendant sa liberté de penser, il admet : “C’est vrai que quand je ne suis pas d’accord, je dis ce que je pense et cela ne plait pas toujours”.
 
Mais ça n'est pas tout. Ataria Firiapu a d'autres critiques : “Je pense qu’il a peur d’autre chose comme les différentes magouilles. Il y a beaucoup de choses qu’il fait qui ne sont pas réglementaires. Ils ont l’habitude de ces pratiques. Aujourd’hui j’ai vu leur vrai visage (…). Je ne veux surtout pas qu’on m’associe à toutes ces magouilles (…). Cela m’attriste mais le temps nous dira qui de nous dit la vérité et qui ment”.
 
Ataria Firiapu a prévu de siéger chez les non-inscrits : “Je ne suis pas là pour casser et diviser le conseil municipal. Par contre, je vais continuer à dire ce que je pense même quand je ne suis pas d’accord”. Il espère seulement que les élus de la majorité vont voter des projets pour le bien de la population, pas d’une seule personne.
 
Au moins Evans Haumani sait-il dorénavant d'où vient sa relation glaciale avec son adjoint : c'est l'iceberg a priori…
 

Rédigé par Pierre Daumont et Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 3 Décembre 2020 à 19:02 | Lu 7412 fois