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Le scénario optimiste de Standard & Poor’s pour la Polynésie est-il déjà compromis ?


PARIS, lundi 9 décembre 2013. L’agence de notation Sandard & Poor's a publié ce lundi son rapport complémentaire sur la Polynésie française qui fait suite à la confirmation -émise le 15 novembre dernier- de la note BB+ avec une perspective positive. Mais le scénario «optimiste» de l’agence inclut des participations de l’Etat qui restent très incertaines.

Le rapport complémentaire publié ce lundi par Standard & Poor’s sur la Polynésie française parait d’un optimisme forcené tant les données brutes sont encore peu avantageuses pour le Pays, mais visiblement les analystes de l’agence ont été convaincus par des arguments forts. Le retour d’une stabilité politique pour cinq ans après les élections de mai 2013, le premier train de mesures fiscales de juillet 2013 et la création des différents fonds de garantie (pour la dette ou la lutte contre la pauvreté) ouvrent pour Standard & Poor’s une nouvelle voie pour la Polynésie française.

Mais ces nouveaux atouts sont aussi fragiles que les tendances conjoncturelles sur lesquelles l’agence bâtit son analyse de scénario optimiste dont les chances d’occurrence sont évaluées à 30%. Et le rapport complémentaire fixe lui-même les limites de cet optimisme : «Nous considérons dans notre scénario central que l’Etat contribuera au plan de départs volontaires du personnel en 2014 (pour la moitié du coût soit 2,7 milliards de Fcfp ) et retournerait de manière pérenne au financement du régime de solidarité de la Polynésie française (RSPF) à partir de 2014 pour un montant annuel de 3,6 milliards de Fcfp». Or pour l’instant ni l’un ni l’autre de ces partenariats avec l’Etat ne sont acquis. Au point que le plan de départs volontaires a déjà été réduit de moitié dans le budget voté la semaine dernière. Quant à la participation de l’Etat au financement du RSPF tout dépendra des conclusions de la mission de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) qui vient d’arriver sur le territoire. Or, il est également écrit noir sur blanc que le CHPF est une véritable épine dans le pied des finances du Pays qui a dû allonger les aides exceptionnelles à son équilibre comptable par deux fois en 2012 et en 2013.

Que dire enfin de ce que le rapport détaille sur la relance du tourisme en Polynésie ? Selon le rapport de Standard & Poor’s le nouveau gouvernement a présenté un plan de relance du tourisme polynésien et «une stratégie de développement à long terme (10-15 ans) avec un objectif de 350 000 touristes à l’horizon 2020. Ce plan se fonde sur une amélioration de l’offre au travers de la mise à niveau des équipements et des infrastructures du secteur et le développement d’offres spécifiques, notamment à destination des jeunes mariés des croisiéristes, mais reste dépendant des stratégies propres des sociétés du secteur, notamment les hôteliers. L’Exécutif soutient financièrement par l’achat de terrains le projet Mahana Beach qui vise à la création de 5 000 places d’hébergement supplémentaires». Arriver à faire venir plus de deux fois plus de touristes sur le territoire en six ans à peine paraît très utopique : au mieux la Polynésie a accueilli jusqu’à 220 000 touristes au début des années 2000 et les offres en chambres restent faibles aujourd’hui. En 2012, il y avait à peine plus de 3 000 unités d’hébergement disponibles sur le territoire.

Pour lire le rapport complémentaire de l'agence de notation sur la Polynésie, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 9 Décembre 2013 à 18:19 | Lu 1923 fois