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Le récit terrifiant d'une habitante de Christchurch, qui a vécu le séisme


Clemessy M. est enseignante à l'université de Christchurch, elle a vécu le tremblement de terre "de l'intérieur" et nous envoie un témoignage poignant et chargé d'émotions:

Traduction

"J'étais dans mon bureau au moment du séisme, au septième étage c'est-à-dire au sommet du bâtiment des mathématiques et des statistiques de l'Université, un building construit il y a douze ans. Je dois dire que l'expérience a été absolument terrifiante : la violence de la secousse et le bruit terrible produit par la terre qui se fissurait ont été profondément traumatiques. J'ai vu les étagères à livres s'éjecter verticalement du mur, les vitres et les appareils projetés autour de moi alors que je me réfugiais sous le bureau. C'était tout simplement horrible et totalement angoissant.

C'est drôle, 20 secondes peuvent sembler durer sembler une éternité. J'ai eu une brève panique car ma porte était bloquée par des gravats. J'ai eu peur de ne pas pouvoir ouvrir la porte de mon bureau en raison des débris tombés, mais j'ai réussi à sortir, et je m'en sors avec avec des contusions mineures.

Nous avons évacué le bâtiment et il est devenu clair que la situation était grave. Un collègue m'a conduite en voiture (bien sûr nous avions quitté le bâtiment avec seulement nos vêtements ; j'avais abandonné mes clés, mon portable, ma serviette et d'autres objets personnels dans mon bureau) dans les rues de Christchurch directement jusqu'à l'école de mes garçons, où les enfants avaient été regroupés sur le terrain de l'école.Tous les enfants étaient en sécurité, Dieu merci, mais fortement choqués. La ville était sans électricité ni eau courante, et continuait à être secouée. Les gens ont commencé à se regrouper, apportant le peu de nourriture et de liquide qu'ils avaient à partager, pour se sentir ensemble dans cette épreuve.

Cette nuit-là, nous avons hébergé 19 personnes dans notre maison qui n'a subi que des fissures mineures. En effet, nous étions une des seules maisons qui avaient eu la chance de récupérer le courant. Yann, mon mari, a creusé de magnifiques toilettes dans la cour de derrière, avec des marchepieds, un rouleau de papier hygiénique à l'abri de la pluie, et un tas de terre avec une pelle et de la chaux pour recouvrir. Nous avons essayé de tenir le coup devant nos enfants et nous avons évité qu'ils voient les images à la télévision.

Après une nuit ponctuée de secousses importantes, les difficultés se sont multipliées : pour obtenir de l'eau potable, pour éliminer les eaux usées, pour obtenir de l'essence, à quoi s'ajoutait la fermeture de l'école, de notre lieu de travail, ainsi que le traumatisme énorme dû aux pertes humaines.
Je me suis installée dans notre maison de vacances dans les montagnes, au bord du lac Tekapo au sein d'une communauté, avec ma famille, et les familles d'amis qui habitaient à la fac. Nous étions des sans-abri. Il y a une petite école où j'ai inscrit mes garçons à l'essai, P. et G., afin qu'ils restent dans l'ambiance scolaire. Nous avons été profondément émus par l'hospitalité et la gentillesse que cette communauté nous a prodiguées.

Les répliques ont continué à être significatives mais ont perdu peu à peu en magnitude. Un site étonnant (développé par les ingénieurs Canterbury Uof):
http://www.christchurchquakemap.co.nz
vous donne une idée du nombre, de la fréquence et de la taille des répliques.

Les réactions internationales ont été incroyables. En quelques heures, les soldats australiens de recherche et de secours étaient sur place, bientôt suivis d'équipes spécialisées et de renfort de l'armée des USA, du Royaune-Uni, de Chine, du Japon; de Taïwan et d'autre encore. http://www.stuff.co.nz/

Après seulement quelques jours de comptages, 800 bâtiments du centre-ville ont été condamnés et ce n'est que le début. La fac est bouclée et l'armée composée de troupes de nombreuses nations patrouille dans les rues avec des tanks. Des dizaines de milliers de tonnes de liquéfaction graveleuse, vomies par les fissures, couvrent le sol de la banlieue de la ville. Des nuées de bénévoles bénévoles aident à creuser ; c'est vraiment étonnant de voir nos étudiants à mobiliser : l '«armée étudiante", comme on l'appelle, manie les bêches pour apporter de l'aide là où elle peut.

L'université a cependant bien résisté, et tous les bâtiments ont passé le "test de la vue". Ils vont maintenant être soigneusement examinés par les ingénieurs de structures avant que quiconque puisse y pénétrer. On parle de recommencer l'année universitaire dans les stades, peut-être dans quelques semaines. Des mises à jour régulières peuvent être consultés sur :
http://www.canterbury.ac.nz/

Après une semaine, l'optimisme renaît dans de nombreux domaines. Mais nous sommes toujours bouleversés en voyant que notre ville natale est complètement dévastée. Des gens autour de nous ont perdu leurs proches et leurs amis, leurs maisons, leurs biens, leurs activités et leurs moyens de subsistance. Cela défie toute description, je n'ai pas de mots pour l'exprimer. Je cherche un sens à tout cela, mais je n'en vois pas. Je ne sais pas ce que réserve l'avenir. Cependant, nous sortirons de cela,et en tout cas, nous aurons acquis un sens renouvelé de l'humanité et de la communauté.

À long terme, nous devons nous accrocher à l'espoir que nous aurons la possibilité de reconstruire une cité éblouissante, moderne, selon les meilleures règles de l'art, soucieuse de l'environnement. Une ville soigneusement conçue, qui va attirer des gens de partout dans le monde.

Dr Clemency M.


Le texte original :

I was in my office when the quake struck, the seventh and top floor of the 12-year old Mathematics and Statistics building. I have to say the whole experience was utterly terrifying, the violence of the shaking and the terrible cracking sound of the earth was deeply traumatic. Watching one’s book shelves eject themselves vertically from the walls and glass and fixtures come smashing down around you as you hover under your desk is simply horrible and incredibly destabilising. It is funny how 20 seconds can seem like an eternity. I had a slight panic as opening my office door was difficult due to fallen debris, but got out with minor bruising. We evacuated the building and it become clear that this was serious. A colleague drove me (of course we had left the building with only the clothes on our back- I had left keys, wallet, cell phone, and other personal items in the office) through the streets of Christchurch straight to my boys’ school where the children had evacuated to the school field. All children were safe thank goodness, but badly shaken. The city was without power, running water, and continuing to shake. People began to group together, bringing whatever food and liquid they had to share and to be close to one another. We had 19 people stay at our house that night, which only sustained some minor cracking, as we were one of the lucky households to have power restored-our guests had to evacuate their houses because they were too dangerous to stay in. Yann my husband dug a magnificent toilet in the backyard, complete with footrests, rain proof toilet roll holder and dirt pile with shovel and lime for cover-up, and we put on the bravest faces we could for our children, and kept them away from the images on the television.

After a night continually punctured by significant aftershocks, worries about clean water supplies, sewage, food supplies, petrol, the indefinite closure of schools and work, and the building emotional trauma from watching the human cost, me along with members in my extended family and family friends who lived in the CBD who are now homeless, decided to move temporarily to our vacation house in a small community in the mountains, Lake Tekapo. There is a local school where I have enrolled Pierre and Gabriel to try and keep a rhythm for them. We have been overwhelmed by the welcome and kindness this community has shown.

Significant aftershocks continue, but seem to be decreasing in magnitude. An amazing website (developed by Uof Canterbury engineers):
http://www.christchurchquakemap.co.nz/
just gives you the sense of the number, frequency and size of aftershocks. You can go all the way back to Sept 4th and run the program and see them unfold. There have been 5188 aftershocks in the last 5 months, and 280 in the last week. Also, the site
http://quake.crowe.co.nz/
gives a picture of the shakes from September to the present. There is every
reason to expect these rattles to continue. They are disconcerting; no-one truly gets used to them. I have to say that people who were cautious about coming here would not be unreasonable to be so.

The international response has been amazing. Within hours Australian search and rescue troops were on the group, soon followed by specialist teams and army support from US, UK, China, Japan, Taiwan and others. News as it unfolds can be seen on:
http://www.stuff.co.nz/


After just several days of checks, 800 inner city buildings have been condemned and this is just the beginning. The CBD is cordoned off and the army comprised from troops from many nations patrols the streets with tanks. Tens of thousands of tons of gritty liquefaction spewed from cracks in the ground covering suburbs in the city. Armies of volunteers help dig it out-it is really amazing to see our university students mobilize (the so-called ‘student army’) grabbing spades to lend help wherever they can. The university however has withstood well, with all buildings passing the “sight test”. They will now be thoroughly scrutinized by structural engineers before anyone can enter them. Talk about recommencing the university year in stages have begun, perhaps in several weeks. Regular updates can be seen at:
http://www.canterbury.ac.nz/
A week on, optimism is growing in many respects.

But more profoundly are the continuing effects of watching one’s home town completely devastated, the people around you who have lost their loved ones and their friends, their houses, their possessions, their businesses and their livelihoods; it all defies description-I have no words for this. I search for the sense in this, but I see none. I don’t know what the future holds. However, we will come out of this, and if with nothing else, a renewed sense of humanity and community.

In the long term, we must cling to the hope that we have the opportunity to rebuild a stunningly modern, brilliantly state of the art, environmentally conscious, carefully planned city which will attract people from all over the world.

Dr. Clemency M.




Rédigé par Na M le Samedi 5 Mars 2011 à 09:42 | Lu 1815 fois