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Le patron de Google rejoint le club des brillants ingénieurs indiens


Bombay, Inde | AFP | mercredi 12/08/2015 - Propulsé à la tête du géant américain de l'internet Google, Sundar Pichai est une nouvelle illustration de ces brillants ingénieurs indiens qui deviennent des dirigeants de sociétés américaines.

Nommé lundi PDG de Google, M. Pichai rejoint le club des patrons originaires d'Inde, à l'image de Satya Nadella, directeur général de Microsoft, de Rajeev Suri, patron de Nokia, et d'autres Indiens à des postes de direction à l'étranger, parmi lesquels Indra Nooyi chez Pepsico et Ajay Banga chez MasterCard.

Entré à Google en 2004, il est derrière de nombreux produits phares du géant internet, du navigateur Chrome au système d'exploitation mobile Android.

Sundar Pichai, 43 ans, est né dans une famille modeste à Chennai, ville du sud l'Inde. Il a étudié à l'Institut indien de technologies Karagpur, dans le Bengale occidental, avant d'aller aux Etats-Unis pour y poursuivre ses études et faire carrière.

M. Pichai a suivi un parcours assez classique d'étudiants indiens -- comme MM. Nadella et Suri -- formés dans de prestigieux instituts d'ingénierie, où la concurrence est rude pour un nombre de places limitées.

"Félicitations @sundarpichai, bien mérité", a écrit le directeur général de Microsoft sur son compte Twitter.

"Je suis sûr que tous les ITT (institut indiens de technologies, ndlr) fêtent ça aujourd'hui. Fier de vous @sundarpichai", a renchéri Padmasree Warrior, directrice sortante des technologies chez Cisco, qui a étudié le génie chimique à l'ITT à New Delhi.

Des centaines de milliers d'étudiants indiens qui veulent se lancer dans l'ingénierie passent chaque année un examen très difficile pour essayer d'obtenir une place aux ITT indiens financés avec des fonds publics.

"L'ingénierie est l'une des disciplines les plus courues en Inde; il est donc très logique que les meilleurs aspirent à cela", explique à l'AFP l'expert en ressources humaines Padmaja Alaganandan.

"Les étudiants ont fait face à une concurrence très rude et surmonté des épreuves pour y arriver. Cela représente un très, très fort vivier de talents", ajoute-t-il.

- Culture de la méritocratie -

La famille de M. Pichai a vécu dans un deux-pièces où il dormait par terre dans le salon, selon des médias locaux. Il était attiré par la technologie en partie en raison du métier de son père qui était ingénieur électrique dans une usine.

M. Pichai a quitté l'Inde pour les Etats-Unis après avoir apparemment gagné une bourse de l'université de Stanford, et il a étudié ensuite à la Wharton School à l'université de Pennsylvanie.

La forte concurrence dans les instituts de technologie et les masters des écoles d'élite américaines sont une recette gagnante, observe M. Alaganandan.

Du même avis, Vikram Dhawan, directeur à Equantis Capital à Bombay, estime que la poursuite des études aux Etats-Unis aide aussi ces Indiens à "s'américaniser".

"Un dénominateur commun est l'adaptation de professionnels indiens au système et à l'environnement locaux. C'est la clé", explique-t-il à l'AFP.

Les multinationales recherchent de plus en plus les "prochains grands noms" sur les marchés en développement. Les Indiens ont souvent un avantage par rapport à nombre de leurs pairs d'autres pays asiatiques, grâce à une excellente maîtrise de l'anglais, analyse M. Dhawan.

L'Inde, qui compte 1,25 milliard d'habitants, produit chaque année environ un million d'ingénieurs et est devenu un pays réputé pour l'externalisation de son secteur des technologies de l'information, grâce à la pratique très répandue de l'anglais.

De plus, la culture d'entreprise aux Etats-Unis offre aux Indiens ambitieux de meilleures chances de prospérer que dans leur pays, ajoute-t-il.

"Je crois que l'une des motivation de ces personnes émérites pour aller à l'étranger (aux Etats-Unis, ndlr) est la culture basée sur l'extrême méritocratie alors que le système indien est encore assez centré sur la famille", observe M. Dhawan.

"Après avoir émergé d'un système qui peut les figer, ils finissent dans un endroit où ils sont jugés sur leurs capacités, leurs qualités, et c'est la raison pour laquelle ils ont tendance à prospérer à l'étranger", dit-il.

pdh/tha/bfi/at


Rédigé par () le Mercredi 12 Août 2015 à 06:00 | Lu 265 fois