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Le monde de la plongée sous-marine en deuil: Décès d’Henri Pouliquen


Henri, avec une de ses jeunes plongeuses, à bord du “Moana Roa”. C’est sans doute l’image que tout le monde conservera de lui.
Henri, avec une de ses jeunes plongeuses, à bord du “Moana Roa”. C’est sans doute l’image que tout le monde conservera de lui.
PAPEETE, le 14 avril 2016- Celui qui avait souvent été surnommé le “Monsieur Plongée” de la Polynésie française, Henri Pouliquen, est décédé aujourd'hui à la mi-journée, à l’âge de 77 ans, au CHT de Pirae. Il luttait avec une rare énergie, depuis cinq mois, contre un syndrome de Guillain-Barré qui aura été plus fort que lui…

On ne verra plus Poupou, avec son bi-bouteilles, ses palmes Jetfin à la main et son sourire un rien moqueur qui illuminait jusqu’à ses yeux bleus, se jeter à l’eau au large du tombant de Saint-Etienne. Depuis cinq mois, ce robuste gaillard, apparemment invincible, se battait contre une saleté de syndrome de Guillain-Barré et si ses enfants et ses proches ont évidemment toujours voulu croire à une rémission (comme dans presque tous les Guillain-Barré), la maladie n’a jamais desserré son étreinte et Henri a fini par rendre les armes hier.

Tahiti Plongée fondé dès 1978

C’est en 1975 que le jeune Henri Pouliquen, un pur Breton (par ses parents), né par un hasard de l’histoire à Toulon le 1er juin 1938, débarque en Polynésie française. Il est militaire et est affecté, pendant près de quatre ans, à Mururoa et Hao, où il découvre les splendeurs de la plongée sous-marine dans nos eaux, après avoir déjà goûté à la plongée à Madagascar, aux Comores, en Tunisie... A cette époque, Henri Pouliquen est responsable des centres de plongée du CEP (il effectuera 2 500 plongées à Hao et 500 à Moruroa).
En permission à Tahiti, il comprend que ces coraux, ces poissons, cette eau plus claire que celle d’une piscine, tout ce monde extraordinaire est à portée de palmes de la côte, dans le grand lagon face à l’hôtel Beachcomber. Retraité de la Défense fin 1978, il décide de rester à Tahiti où il fonde le centre Tahiti Plongée, auquel sera vite rattaché le club de la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins) Corail-Sub.
La petite structure sera implantée à la marina du Lotus, déménagera provisoirement vers l’actuelle marina Taina, avant de s’ancrer définitivement sur la plage de l’hôtel Bel-Air.

Priorité aux enfants, dès 3 ans

Le trait de génie d’Henri, qui adorait les enfants, aura été de comprendre que ce monde du silence, encore un peu élitiste à la fin des années soixante-dix, méritait, dans le cadre de la Polynésie française, d’être ouvert aux plus petits. Dès trois ans, les “barboteurs” sont accueillis : Henri fait adapter du matériel et les baptêmes et stages se multiplient pour des centaines et des centaines de “petits marmots” qui jouent alors au commandant Cousteau.
A l’époque de sa plus forte fréquentation, Corail Sub était la plus grande structure sportive du territoire en termes de licenciés (plus de 1 000 !) et le centre de plongée le plus actif de France, outre-mer compris.
Très vite, Henri devint une vedette médiatique, faisant l’objet de nombreux reportages et de tout autant de documentaires sur de nombreuses chaînes de télévision françaises ou étrangères. A RFO, en décembre, on ne manquait pas de venir filmer son Père Noël sous-marin, qui enchantait les petits recevant des cadeaux dans deux ou trois mètres d’eau, au pied d’un sapin immergé.

Président de la “Fédé”

Henri fut longtemps président de la CTR, la commission technique régionale du Comité polynésien de la FFESSM, et instructeur national de cette même fédération (lorsque la plongée sous-marine polynésienne était rattachée à la puissante FFESSM).
Par la suite, Henri devint le président de la CTR de la FPESSM, la jeune Fédération polynésienne études et de sports sous-marins, avant d’en devenir le président.
Avec beaucoup de sagesse, il sut ne jamais rompre les liens très forts qui unissaient l’activité plongée dans nos archipels à la “maison mère” que fut (et que reste, au moins de coeur) la FFESSM.

Plongeurs de bronze, d’argent et d’or

Des diplômes nationaux survivront à cet infatigable plongeur : Henri avait créé à Tahiti, pour les enfants, les brevets de plongeur de bronze, d’argent et d’or, et la FFESSM a fait sienne ces récompenses, désormais décernées dans toute la France.
Henri n’aurait pas été Henri sans l’accompagnement permanent de son épouse, Josiane, disparue il y a deux ans déjà, et qui fut celle qui organisa littéralement la vie de son plongeur de mari en gérant toute la partie administrative de Tahiti Plongée et de Corail Sub.
Henri et Josiane s’étaient mariés en 1961 à Bizerte, en Tunisie (il avait 23 ans, elle en avait tout juste 18). Ensemble, ils avaient eu deux enfants, Eve et Fabrice, bien connus, eux aussi, sur le territoire et qui ont donné huit petits-enfants à leurs parents.

A la famille d’Henri Pouliquen, à ses proches, à ses amis, à tous les plongeurs de Polynésie française qui ont perdu, avec “Poupou”, un de leurs ancrages les plus solides, Tahiti Infos présente ses condoléances attristées.




Henri avec un de ses jeunes diplômés. Des centaines et des centaines d’enfants ont découvert le monde sous-marin grâce à lui.
Henri avec un de ses jeunes diplômés. Des centaines et des centaines d’enfants ont découvert le monde sous-marin grâce à lui.
Henri Pouliquen : un CV bien rempli

- A débuté la plongée en 1960
- Fondateur du Scuba-Club de Chartres en 1969
- Moniteur auxiliaire en 1971
- Responsabilité du Centre de plongée de l'école interarmée des sports de Fontainebleau de 1971 à 1975.
- Moniteur national en 1974
- BEES 2
- Responsable des centres de plongée du CEP de 1975 à 1978
- Président de la CTR Comité Polynésie française de la FFESSM à partir de 1987, puis de la CTR “FPESSM”.
- Président de la FPESSM
- Président du Club Corail Sub Jeune
- Directeur de Tahiti Plongée
- Photographe sous-marin
- Instructeur national de la FFESSM en 1980
- En 1979, a créé la première école de plongée pour enfants
- Spécialisé dans la formation des plongeurs et des moniteurs à tous les niveaux
- Avait fêté, fin 1999, sa 30.000e plongée (12 000 avec des enfants)
- Médaille d’or de la FFESSM
- Médaille d’or de la jeunesse et des sports (1997)










Henri Pouliquen avait reçu de très nombreuses distinctions au cours de sa carrière ;  sur ce cliché, il est décoré par Francis Imbert, alors président de la FFESSM.
Henri Pouliquen avait reçu de très nombreuses distinctions au cours de sa carrière ; sur ce cliché, il est décoré par Francis Imbert, alors président de la FFESSM.

Rédigé par D. Pardon le Jeudi 14 Avril 2016 à 16:43 | Lu 17305 fois