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Le foncier au cœur de l'audience foraine


Mangareva, le 18 septembre 2020  Pendant une semaine le juge forain a été présent à la mairie de Rikitea pour traiter notamment des affaires foncières avec la population.
 
Depuis le mardi 8 septembre, le juge forain est arrivé sur les Gambier afin de traiter divers dossiers. Installé à la mairie de Rikitea, le juge intervient sur les affaires pénales, les affaires familiales et celles de terres de la circonscription des Tuamotu- Gambier et Australes. Historiquement, le juge se déplaçait une fois par an sur les sept îles où une gendarmerie est présente.
 
Le but de ces audiences foraines est de traiter les dossiers en cours et de vérifier s’il n’y en a pas de nouveaux qui méritent ouverture. Le second axe de ces missions est aussi d’informer et de conseiller la population dans ses démarches. Depuis la dernière audience sur place, il y a deux ans, le juge forain Gérard Joly dit noter : "une augmentation de nouvelles requêtes pour la ré-appropriation des terres, ce qui donne le sentiment que les gens de Mangareva commencent à se préoccuper de la situation foncière et essaient de trouver des solutions. Pour le moment, les dossiers vus sont bien préparés, il y a un vrai travail qui a été fait en amont. On sent que les dossiers ont été travaillés et que les gens se sont préparés."
 
Pour les affaires de terres, la particularité est le nombre de dossiers qui ont la problématique "Polynésie française par défaut". Un principe voulant que lorsqu'une terre n'a pas été revendiquée, elle deviennent la propriété du Pays au moins jusqu'à ce qu'une personne privée en revendique valablement la propriété. Comme l'explique le juge forain : "Normalement la Polynésie française est un propriétaire minoritaire dans la plupart des îles, mais celles qui sont toujours en difficultés sont Rurutu, Rimatara et les Gambier." Une problématique particulière à Rikitea, des revendications foncières privées ont bien eu lieu par le passé, mais avec des tomite dont la constitution n'a pas été publiée au Journal officiel. Et dans ce cas, la Polynésie française considère qu'à défaut de publication, les revendications de ces tomite ne sont pas valables.

​Une association en soutien


Présente lors de la plupart des audiences, l’association Togo'iti Mangareva est venue en aide aux familles. "Nous encadrons les familles pour les aider à monter des dossiers de requête, car nous voulons poursuivre notre action de revendication et de réappropriation de nos terres présumées domaniales. Aujourdhui, il y a une famille qui a 71% de son patrimoine classé "Polynésie française par défaut". Et on estime que 60% à 80% des terres de Mangareva sont présumées domaniales", confie la présidente de l’association.
 
L’association est une aide que le juge forain a remarqué et salué : "Si lassociation est aidante envers la population tant mieux, car il est vrai que les dossiers de terres effraient souvent les gens par la quantité de papier à fournir ou la peur de mal faire, donc si il y a des gens qui aident et qui conseillent je ne peux quencourager cela". La prochaine mission du juge forain aux Gambier se tiendra dans environ un an.

Rédigé par Shana Boosie-Mu le Vendredi 18 Septembre 2020 à 08:31 | Lu 949 fois