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Le "désosseur" de Tubuai condamné à 22 ans de réclusion criminelle


La hache retrouvée dans le sac de l'accusé le jour des faits.
La hache retrouvée dans le sac de l'accusé le jour des faits.
PAPEETE, le 26 juin 2019 - Le procès de l'homme poursuivi pour une tentative d'assassinat commise sur sa mère en décembre 2016 à Faa'a s'est achevé mercredi au terme de deux jours d'audience. L'avocat général, affirmant que l'intention du mis en cause était bien de tuer la victime et non de lui faire peur, avait requis une peine « pas inférieure » à 20 ans de prison à l'encontre de l'accusé. Ce dernier a finalement été condamné à 22 ans de réclusion criminelle.

Au terme de deux jours de procès, l'avocat général, soulignant le changement d'axe de défense « tardif » du « désosseur de Tubuai » a requis "une peine pas inférieure" à 20 ans de prison à son encontre. En décembre 2016, l'accusé s'était présenté au domicile de sa mère avec le projet de la tuer et de la désosser. Il en avait été empêché par l'arrivée de son beau père qui l'avait mis en joug à l'aide d'une batte de base-ball.


« Sens du discernement »

Plus tôt dans la journée, l'audience avait débuté par l'audition des deux psychiatres qui ont examiné l'accusé dans le cadre de la procédure. Pour le premier spécialiste entendu par la cour d'assises, le mis en cause ne souffre pas d'anomalie mentale et ne présente aucun « moment de déstructuration ». La « rupture » avec sa mère se serait organisée autour d'un « conflit de génération et de paternité ». Il l'aurait « beaucoup » aimée mais elle l'aurait « trahi » lors du placement de ses deux filles. Et si son geste n'était pas « raisonnable », ce n'était pas un « acte de folie » puisque l'accusé, un homme « froid » et « psychorigide », avait le contrôle de ses actes et un « grand sens du discernement ».

Selon le second psychiatre, même si l'accusé présente une « somme de haine manifeste », il attend toujours un « geste de la part de sa mère ». « Geste » esquissé ce matin par la victime qui a de nouveau témoigné devant la cour d'assises. Après avoir décrit sa peur de la solitude depuis les faits, la quinquagénaire s'est en effet tournée vers son fils pour lui dire qu'elle l'« aimait », qu'elle lui « pardonnait » et qu'elle avait de la « compassion » pour lui. Face à ces déclarations et à la détresse de sa mère, l'accusé, comme à son habitude depuis le début du procès, a fixé le plafond sans montrer le moindre signe d'empathie.

« Traîtrise subie »

Après deux années de procédure à répéter qu'il avait toujours l'intention de tuer sa mère et à quelques heures du verdict, l'homme a d'ailleurs déclaré que ce n'était désormais plus le cas. Selon ses déclarations, il a réussi à lui faire payer la « traîtrise subie » à hauteur de « 80% ».

Témoignage éclairant que celui du beau-père de l'accusé qui a ensuite détaillé à la cour les nombreuses fois où il avait essayé d'aider son fils adoptif, un homme « travailleur » mais instable, un adolescent protecteur qui jouait parfaitement son « rôle d'aîné »  au sein de la fratrie de cinq enfants.


« Forme de sadisme »

A l'heure des plaidoiries, le conseil de la mère et du beau-père de l'accusé, le bâtonnier Benoît Bouyssié,a souligné la grande souffrance de la victime qui se trouve dans la « situation inconcevable d'avoir engendré son meurtrier. » Pour l'avocat, le motif de cette tentative d'assassinat réside dans le fait qu'à l'époque du drame, l'accusé a vu la « façade d'une vie bien rangée sur le point de s'écrouler », il savait que sa « crédibilité » aux yeux des autres allait être « perdue ».

Me Chouinni a affirmé pour la défense de l'accusé qu'il fallait voir ce dernier au-delà de sa « façade arrogante » et de son « vocabulaire fabuleux » . « C'est une personne dont il faut voir la souffrance » a-t-elle déclaré avant d'expliquer que son client s'était « préparé » à purger une longue peine.

L'homme a finalement été condamné à 22 ans de réclusion criminelle.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 26 Juin 2019 à 21:51 | Lu 1749 fois