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Le débat sur la peine de mort fait rage en Papouasie-Nouvelle-Guinée


Kerenga Kua
Kerenga Kua
PORT-MORESBY, lundi 29 avril 2013 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a indiqué ce week-end considérer sérieusement une remise en vigueur de la peine de mort, spécifiquement pour endiguer une nouvelle vague d’homicides et exécutions sommaires de présumées « sorcières ».

Le gouvernement papou, exhorté par l’ONU et de nombreuses ONG comme Amnesty International de faire cesser ces actes qualifiés de barbares, a rappelé qu’en théorie, la peine de mort figurait toujours dans l’arsenal juridique du pays, mais n’a pas été appliquée depuis des décennies.

L’Attorney General, Garde des Sceaux et chef des services juridiques du gouvernement papou, Kerenga Kua, a réitéré son intention de remettre au goût du jour cette pratique, concernant les crimes liés aux accusations de sorcellerie, mais aussi les viols et d’autres crimes considérés comme particulièrement graves, rapporte ce week-end la radio nationale publique NBC.
L’Attorney General a affirmé avoir désormais donné des instructions précises à une Commission des Lois pour commencer l’ébauche d’un texte en ce sens, destiné à être inséré au code pénal.
En prenant ces mesures, le ministre a affirmé agir en réaction à des centaines de courriers reçus, parfois sous forme de pétitions exigeant le retour de la peine capitale.

Déjà, début janvier 2013, M. Kua s’était exprimé à ce sujet.
Il rappelait alors que même si cette pratique n’a pas été appliquée depuis des décennies, elle figure toujours dans le code pénal du pays.
Selon M. Kua, sur les dix peines capitales déjà prononcées, mais non exécutées, au moins une pourrait avoir lieu courant 2013.
« Tant que la peine de mort demeurera dans le Code Pénal papou, et tant que les tribunaux appliqueront cette peine en (…), alors le système judiciaire de notre pays est dans l’obligation de l’appliquer. Dans ce domaine, nous n’avons pas le choix (…) On ne peut pas choisir d’obéir à un ordre et pas à un autre », confiait-il alors au quotidien Post Courier.

Outre les nombreux cas d’exécutions sommaires de femmes accusées de sorcellerie, des viols et agressions récents de femmes, dont il y a quelques jours une universitaires américaines, ont aussi contribué à sensibiliser l’opinion locale et internationale à la condition et aux violences faites aux femmes dans ce pays.


Quel mode d’exécution ?

En matière de méthode, concernant les dix condamnés à mort connus à ce jour, une décision prise en conseil des ministres, en 2005, a suspendu de fait toute exécution par pendaison (la pendaison étant la méthode prescrite dans les textes).

Motif : cette méthode avait été jugée cruelle et inhumaine.

Depuis, d’autres méthodes ont été suggérées, comme l’injection létale ou le gaz, rapportait la presse locale fin 2012.
Dans le domaine des peines passibles de la mort, les textes distinguent jusqu’ici la haute trahison et le meurtre.

Manuels du petit bourreau

Selon une première étude réalisée courant 2012 et présentée par l’Attorney General lors des débats parlementaires sur ce sujet, en novembre 2012, il a été estimé que la mise en place d’une nouvelle méthode d’exécution de type injection létale engendrerait des coûts pouvant atteindre le million de dollars US.
« Ce que nous allons faire maintenant, c’est de réactiver cette étude. J’ai demandé à notre gouvernement de se mettre en contact avec des pays qui pratiquent la peine de mort, en particulier les États-Unis. Nous les contacterons via leur ambassade ici, pour qu’ils nous fournissent des détails et même des manuels concernant la façon dont ils le font. Ensuite j’en rendrai compte au conseil des ministres qui aura alors la possibilité d’entériner cette procédure et ensuite, nous enchaînerons avec l’étape suivante », a expliqué M. Kua devant les députés.
L’Attorney General a même assuré que de nombreux volontaires s’étaient d’ores et déjà manifestés pour « participer à ce processus » en devenir, de fait, des bourreaux.

Rédigé par PAD le Lundi 29 Avril 2013 à 06:14 | Lu 900 fois