Tahiti Infos

Le confinement levé dans les archipels, allégé à Tahiti et Moorea


Tahiti, le 12 mai 2020 - Les mesures de confinement sont levées à compter de ce mercredi dans les îles polynésiennes, ailleurs qu’à Tahiti et Moorea-Maiao, ont annoncé mercredi à la mi-journée Dominique Sorain et le président Fritch lors d’une intervention conjointe. Aux îles du Vent les mesures de confinement sont encore allégées. Un nouveau point de situation est annoncé avant la fin du mois.
 
A partir de ce mercredi zéro heure, les mesures sont totalement levées dans les archipels autres que celui des îles du Vent et la circulation intra-archipel est rétablie, ont annoncé mercredi à la mi-journée Dominique Sorain et le président Fritch lors d’une intervention conjointe.  

A Tahiti et Moorea, seule une poursuite de l'allègement des mesures de confinement est annoncée. Ces restrictions aux îles du Vent ne devraient pas évoluer avant le nouveau point de situation officiel programmé d’ici “la fin du mois” de mai.

Le haut-commissaire a également annoncé qu’il n’envisageait plus d’ordonner de nouveau couvre-feu en Polynésie. Cette mesure liberticide “ne correspond plus à la situation sanitaire du fenua”, a-t-il déclaré.

Mais, “nous ne devons en aucun cas relâcher notre vigilance” a-t-il prévenu, en estimant, pour exhorter la population à poursuivre l'application des gestes barrières, que les Polynésiens “devrons apprendre à vivre avec le risque du virus” alors qu'aucun traitement efficace n'est attendu avant plusieurs mois.
Depuis le 13 avril, aucune transmission locale du virus n'a été constatée dans la collectivité. Seuls cinq cas ont été identifiés depuis 28 jours sur un total de près de 2 000 tests réalisés.  

Levée totale du confinement dans les archipels

Dans les îles polynésiennes autres que Tahiti et Moorea, tous les établissements accueillant du public peuvent rouvrir sans restriction à compter de mercredi 13 mai, zéro heure.
Les personnes sont autorisées à circuler librement. Les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales sont de nouveau autorisés, quelle que soit leur importance.
Les liaisons maritimes intra archipel en bateau sont rétablies.

​Possibilités nouvelles à Tahiti et Moorea

Dans l’archipel des îles du Vent, sont désormais autorisés :
  • Les rassemblements jusqu’à la limite de 100 personnes. Les compétitions sportives et les manifestations sportives et culturelles de quelque nature que ce soit, devront tenir compte de cette limitation de 100 personnes. “Les activités sportives peuvent donc reprendre, que ce soit dans un club ou dans une salle de sport dédiée”, précise le représentant de l’Etat en Polynésie française.
  • La réouverture au public des bars, des restaurants et des discothèques pourront, avec le maintien d’une distanciation physique dans tous les cas. Les pistes de danse restent fermées à ce stade. Les cinémas et les salles de spectacles peuvent également rouvrir.
  • Les cérémonies et les cultes. Les lieux de culte sont autorisés à recevoir les fidèles en limitant la participation à la moitié des capacités d’accueil des édifices religieux. Jusqu’à présent, les rassemblements y étaient limités à 50 personnes quelle que soit la taille du lieu de culte.

Les liaisons aériennes inter-îles toujours suspendues

Les liaisons aériennes entre Tahiti et les îles sont maintenues à l’arrêt mais pourraient être rétablies partiellement à partir du 21 mai, en liaison avec la compagnie Air Tahiti et avec l’accord des maires.

La vente d’alcool en question dans les archipels

L’arrêté ministériel réglementant la vente d’alcool sur l’ensemble du territoire de Polynésie française s’applique “jusqu’à la fin du confinement”. Ce texte autorise depuis le 29 avril dernier la vente d’alcool dans les magasins, pour les boissons de moins de 14°, non réfrigérée, du lundi au jeudi de 8 à 16 heures.
Pour l’instant, cette restriction demeure donc en vigueur à Tahiti et Moorea où les mesures de confinement ne sont pour l’heure qu’allégées. En revanche, la question se pose dans les archipels où le confinement est effectivement levé à partir du 13 mai, rendant litigieuse dans ces localités la rédaction de l’article 1er de cet arrêté 310 du conseil des ministres.

Quatorzaine stricte pour les nouveaux arrivants

Les vols de continuité territoriale réalisés par la compagnie aérienne Air Tahiti Nui sont maintenus durant le mois de mai entre Tahiti et Paris, pour le transport de matériel médical. Ils pourraient être reconduits durant le mois de juin. Une centaine de passagers est acceptée à bord de ces vols pour des motifs “impérieux, d’ordre familial, de santé ou professionnel”. “Nous aurons en priorité des résidents polynésiens”, a confirmé le haut-commissaire.
Le protocole sanitaire pour toute entrée sur le territoire prévoit que ces passagers soient testés négatifs au Covid-19 avant leur départ de métropole, placés en quatorzaine stricte dès leur arrivée à Tahiti et testés à l'issue de cette période d'isolement.

​Municipales : un 2nd tour avant fin juin, sous réserve

La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie bénéficient d’un régime dérogatoire par rapport au cadre national qui leur permet d’installer les conseils municipaux élus le 15 mars avant la fin du mois de mai et d’organiser le deuxième tour des élections municipales avant la fin du mois de juin. La semaine dernière, le gouvernement a officiellement manifesté le souhait de la Polynésie française d’organiser le second tour des élections municipales le 21 juin prochain.
“Bien évidemment, il faudra que les conditions sanitaires permettent ce processus électoral”, a expliqué Dominique Sorain lors de son allocution. “A cet effet, le conseil scientifique national va se prononcer prochainement. En cas de réponse favorable, le processus électoral pourra donc se dérouler avant la fin du mois de juin, comme l’ont demandé le Président du Pays et le Président du Syndicat pour la promotion des communes ainsi que l’ensemble des Tavana. C’est un enjeu démocratique mais c’est aussi un enjeu économique car il est nécessaire de prendre au plus vite des décisions en matière de gestion communale.”

​La relance avec l’aide de l’Etat et des banques

Les conséquences économiques de la limitation brutale du fonctionnement de l’économie polynésienne avec la crise du Covid-19 est aujourd’hui estimé à près de 120 milliards de Fcfp, soit près de 20% du Produit intérieur brut de la collectivité.
Jusqu’à présent, deux pistes étaient évoquées par le gouvernement pour faire face à la dépression économique qui se profile : une aide de l’Etat ou un emprunt massif. Interrogé à ce propos, le président Fritch annonce s’orienter vers un mix des deux. Il a rappelé mercredi que des discussions avec l’Etat sont en cours : “Nous avons eu un échange avec le président de la République. Nous avons expliqué par le biais de courriers que nous aurions souhaité avoir une avance de trésorerie qui nous permette d’avoir les moyens de la relance pour la commande publique. Mais nous savons aussi que la commande publique, c’est des emprunts massifs”. Pour lui la question de l’emprunt reste cependant “fondamentale” : “Mon souci est de ne pas hypothéquer l’avenir de ce pays, en particulier lorsqu’il faudra emprunter pour financer du fonctionnement (…). Je ne veux pas que mes enfants, demain, passent leur vie à rembourser les emprunts que nous aurons faits. Depuis 2013 nous nous efforçons de réduire le taux d’endettement du Pays parce qu’il est important. (…) Aujourd’hui, nous avons des capacités, bien sûr. Mais ce n’est pas parce que nous avons des capacités qu’il faut les utiliser d’une façon égoïste pour faire face aux obligations du jour.”

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 12 Mai 2020 à 12:48 | Lu 4106 fois