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Le camp de l’île de Manus sur le banc des accusés


Le camp de l’île de Manus sur le banc des accusés
PORT-MORESBY, mercredi 23 janvier 2013 (Flash d’Océanie) – L’un des deux camps océaniens mis en place à la demande de l’Australie pour héberger des immigrants clandestins interceptés au large de ses côtes fait désormais l’objet d’une action en justice de la part du chef de l’opposition de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Ce dernier, Belden Namah, a déposé via ses avocats ce recours en fin de semaine dernière, avec comme clé de voûte de son argumentaire le point de vue selon lequel ce « centre de traitement », qui fonctionne déjà depuis octobre 2012 et accueille plus de deux cents demandeurs d’asile (pour un objectif de près de 500, en vitesse de croisière), est contraire à la Constitution papoue en privant les pensionnaires de leur liberté.
Selon les éléments d’argumentaire des plaignants, les personnes détenues sur ce camp de l’île de Manus n’ont enfreint aucune loi papoue et par conséquent, le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée (signataire d’un accord avec le gouvernement australien) devrait faire cesser immédiatement son fonctionnement.
Le gouvernement papou, pour sa part, a fait savoir la semaine dernière son point de vue, selon lequel ces clandestins, en quittant leur pays, savaient pertinemment à quelle réponse ils s’exposaient éventuellement et avaient de fait « consenti » à se retrouver dans ces camps (l’autre, en Océanie, est celui de l’île de Nauru).
Cette action en justice a été accueillie favorablement par plusieurs groupes et organisations non gouvernementales spécialisés dans la défense des droits des réfugiés, y compris en Australie.
Ces « solution Pacifique » au problème de lutte contre l’immigration clandestine en Australie a aussi été critiquée de manière persistante par des organismes internationaux tels que le Haut-commissariat des Nations aux Réfugiés, qui a, à plusieurs reprises, rappelé l’Australie à ses obligations en matière de respect des conventions internationales dont ce pays est signataire.
Ces organismes reprochent aussi à l’Australie, en mettant en place ce genre de réponse, de tenter de transférer ses responsabilités vers des pays tiers.
Ils dénoncent aussi les conditions de vie dans ces camps, qui ont fait l’objet de plusieurs incidents (grèves de la faim, automutilations, rixes entre détenus), constatés notamment par plusieurs missions d’ONG internationales au cours des dernières semaines.
Le tribunal national, saisi de l’affaire, n’a pas encore fixé de date pour le début des audiences et pourrait même se déclare incompétent en renvoyant cette affaire devant la Cour Suprême, instance d’ordinaire chargée d’entendre ce genre de cas constitutionnels.

Les camps extraterritoriaux de Manus et de Nauru avaient été activés un première fois lors du mandat d’un précédent Premier ministre australien, le conservateur John Howard, fin 2001.
Ils étaient censés héberger des clandestins en provenance du Moyen Orient et du Sri-Lanka, interceptés le plus souvent au large des côtes Nord-ouest de l’Australie, tout près de l’Indonésie, où un réseau de passeurs organise le transit sur des bateaux de fortune.
Cette politique de « Pacific Solution », abandonnée lors de l’arrivée au pouvoir des travaillistes à l’issue des législatives australiennes de novembre 2007, a ensuite été ressuscitée, en réponse à un rapport d’un panel d’experts rendu en août 2012.
Cette seconde version de cette réponse met l’accent sur le caractère dissuasif de ces mesures, censées ôter l’envie aux candidats à l’immigration clandestine d’utiliser ce genre de filière.

Rédigé par PAD le Mercredi 23 Janvier 2013 à 06:01 | Lu 529 fois