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Le belvédère de Moorea pris d'assaut pour l'exercice Sauvages 2022


Moorea, le 20 septembre 2022 – Le régiment d'infanterie de marine du Pacifique – Polynésie (Rimap-p) a organisé durant trois jours, à Moorea, un exercice grandeur nature, auquel 200 militaires ont pris part. Point d'orgue de celui-ci, la prise du belvédère par les troupes polynésiennes, mardi matin, suivie de la mise en place du contrôle de la zone qui était le poste central de la force ennemie.
 
Le régiment d'infanterie de marine du Pacifique – Polynésie (Rimap-p) a organisé durant trois jours, à Moorea, l'exercice annuel Sauvages, du nom de la première compagnie de réserve. Un exercice grandeur nature qui a mobilisé 200 militaires –des réservistes, des militaires permanents en poste en Polynésie pour trois ans et des militaires en mission de courte durée, qui sont présents pour quatre mois– avec l'appui de la marine et de l'armée de l'air, du commissariat des armées et du service de santé des armées. L'objectif de l'exercice : “Apprendre à tout le monde à travailler ensemble dans un environnement interarmées”, explique le chef de corps du Rimap-p, le colonel Wierzbinski.
 
L'armée a eu connaissance qu'un État voisin convoite des mines situées sur Moorea. Celui-ci a infiltré des éléments sur l'île pour faire de la déstabilisation. Dimanche, les troupes du Rimap-p sont projetées sur l'île sœur par la marine nationale avec le patrouilleur côtier Manini et par voie aérienne avec l'avion Casa de l'armée de l'air et de l'espace. Une section en harpon est alors mise en place pour sécuriser l'aéroport. Les troupes, sous les ordres du centre opérationnel, entament ensuite une série de reconnaissances sur les axes et dans les montagnes en vue de reprendre le contrôle de l'île et de rétablir le calme.

Deux axes d'approche

Lundi, plusieurs phases d'observation ont lieu avec la force ennemie. Et très tôt, mardi matin, le centre opérationnel, qui s'est installé à la salle omnisports de Afareaitu pour être au plus près des opérations, est informé par les troupes ayant établi leur camp dans la montagne qu'une dizaine de personnels armés se dirigeaient vers le belvédère de Opunohu. “Cela nous a permis de déduire par la suite que c'était le point sanctuaire des adversaires que l'on cherchait”, explique le responsable de la cellule renseignement du centre opérationnel. La décision est alors prise de monter une manœuvre sur deux axes d'approche, un par le nord et un par l'est.
 
9h06, l'État-major tactique donne l'ordre de lancer l'assaut. Sur le terrain, une soixantaine d'hommes s'élancent, arrivant des deux côtés, déstabilisant ainsi l'ennemi. Les balles fusent. L'ennemi est vite neutralisé. Une fois le site récupéré, Néo, le chien militaire, est chargé de fouiller la zone pour repérer si des armes ont été oubliées ou s'il reste d'éventuels ennemis “qu'on n'aurait pas vus et qui attendraient un moment favorable pour s'échapper ou reprendre le combat”, explique le colonel Wierzbinski. Et justement, un belligérant prend à partie les troupes polynésiennes avant de prendre la fuite. Il est de suite intercepté par le chien. “Le but, c'est détecter, intercepter”, indique le maître-chien. “Aujourd'hui, Néo s'en est très bien sorti !” L'ennemi neutralisé, les hommes sont ensuite redéployés pour sécuriser la zone. L'opération aura duré une trentaine de minutes. En début d'après-midi, un second exercice, cette fois-ci de ravitaillement de vivres par voie aérienne avec l'hélicoptère Dauphin, s'est déroulé lui aussi sur le site du belvédère de Moorea.

Colonel Wierzbinski, chef de corps du régiment d'infanterie de marine du Pacifique - Polynésie : “Une manœuvre qui n'était pas forcément évidente”

Quel premier bilan tirez-vous à l'issue de cet exercice ?
“Ça s'est bien passé. C'était une manœuvre qui n'était pas forcément évidente à mener parce qu'il y avait deux compagnies différentes qui se coordonnaient sur ce point. Une compagnie qui était derrière nous qui arrivait du nord et une autre qui a passé la nuit dans les montagnes. Avec deux unités différentes, ce n'est pas forcément évident d'avoir le bon tempo pour que l'attaque se passe bien.”
 
Le décor est idéal pour ce genre d'exercice ?
“Oui, on s'entraîne à défendre la Polynésie et il faut qu'on évolue dans un environnement type des îles du Pacifique. C'est un environnement qui est rustique, c'est quelque chose qu'on recherche pour l'armée de terre en général, et c'est parfaitement représentatif de ce qu'on peut retrouver sur d'autres îles montagneuses.”
 
Le scénario, à savoir un État voisin qui convoite des mines situées sur Moorea, est loin de ce qu'on peut avoir comme menace ici ?
“Ce n'est pas le but, on n'a pas de menace en Polynésie à court terme, donc il faut qu'on trouve des façons de s'entraîner assez exigeantes, c'est pour ça qu'on a créé ce scénario-là.”

Capitaine Baudouin, commandant d'unité : “Des dénivelés et des distances qui sont celles de soldats en opération de façon classique”

Comment s'est déroulée l'opération sur le terrain ?
“Après avoir été mis en place par avion, nous avons sécurisé le site, puis les autres compagnies nous ont rejoints sur position avant d'entamer la progression aux ordres du centre d'opération du Rimap-p. Nous menons une série de reconnaissances au vu de reprendre le contrôle de l'île, qui est un exercice majeur pour le Rimap-p. On dort sur le terrain avec nos équipements, duvets, hamacs… Le rythme de la manœuvre est un rythme plutôt réel avec des dénivelés et des distances qui sont celles de soldats en opération de façon classique. Le timing est bien respecté.”
 
Y a-t-il eu des dommages collatéraux ?
“Non, il n'y a pas eu de dégâts collatéraux, c'est une manœuvre qui a été plutôt bien menée. Cette manœuvre visait à reconnaître le belvédère en vue de s'assurer de sa possession parce que c'est une route qui permet un accès au cœur de l'île. C'était un point clé du terrain. Nous avions face à nous une dizaine de belligérants que nous avons mis hors de combat.”

Le centre opérationnel, le cœur des décisions

Le centre opérationnel de l'exercice Sauvages, l'État-major tactique, s'est installé à la salle omnisports de Afareaitu. Il est composé de la partie commandement, qui dirige et coordonne l'opération, “c'est là où sont élaborés les ordres”, et la partie logistique avec la réparation des véhicules, le secours des blessés et l'alimentation.
C'est le centre de commandement du régiment, c'est ce qui permet de donner les ordres à toutes les unités et de faire une appréciation sur la situation ennemie. Le but est d'avoir une appréciation générale ennemie et amie et d'être capable de donner les ordres corrects aux unités au bon moment pour qu'elles soient capables d'accomplir la mission”, explique le chef de corps du Rimap-p, le Colonel Wierzbinski, qui est celui qui prend la décision finale.
 
“On a différentes cellules qui nous permettent de contrôler l'ensemble de la manip'”, précise le responsable de la cellule renseignement. “Chaque cellule a une responsabilité bien particulière : le renseignement afin d'avoir un maximum d'éléments par rapport au terrain, la partie logistique qui nous permet de faire notre suivi empreinte au sol avec les véhicules, la partie effectif et enfin la partie conduite qui nous permet de suivre les opérations par rapport aux ordres qui ont été élaborés. Les unités qui sont sur le terrain nous remontent les informations par radio en priorité et à défaut par satellite. On analyse les données et ensuite, on prend les décisions par rapport à notre effet final.”


Le belvédère de Moorea pris d'assaut pour l'exercice Sauvages 2022

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mercredi 21 Septembre 2022 à 18:01 | Lu 1467 fois