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Le Siva Afi, cet art qui a le feu en poupe


Tahiti le 25 novembre 2025 – Ils seront 90 compétiteurs, toutes catégories confondues, à s’affronter lors de la compétition internationale de couteau de feu qui se tient vendredi et samedi à Arue dans les locaux de l’hôtel Le Tahiti.
 

La deuxième édition de la compétition internationale de couteau de feu, la Siva Afi Tahiti, aura lieu les 28 et 29 novembre à Arue, où l’accueille l’hôtel Le Tahiti.
 
L’occasion de “réunir les compétiteurs internationaux et locaux (…) amateurs ou professionnels qui pratiquent la discipline pour pouvoir se mesurer avec un haut niveau”, précise Tumata Vairaaroa à l’initiative et organisatrice de cette compétition internationale à Tahiti. Le Siva Afi est d’origine Samoane et ressemble à la danse du feu du Fenua. Mais à la place du bois que l’on utilise habituellement ici, les compétiteurs vont utiliser un couteau avec à chaque bout des crochets.
 
Les compétiteurs sont bien sûr principalement originaires du triangle Polynésien comme les îles Cook ou encore la Nouvelle-Zélande mais aussi des États-Unis ou du continent Africain avec, cette année, la participation de concurrents éthiopiens. Pour cette édition, 90 compétiteurs sont en lice, toutes catégories confondues. L'année dernière, on comptait 76 inscriptions avec notamment la participation de Taïwan. Joseph Cadousteau s’en souvient encore et assure qu’il était étonné de voir un Taïwanais qui a d’ailleurs fait sa prestation avec un couteau long de deux mètres. On a été tous surpris, quand il est arrivé. Il a un style différent, il voulait apprendre de nous tous qui étions là. C'est dommage qu'on n'ait pas vraiment eu le temps d'avoir plus de moments pour échanger culturellement. Quand il est passé sur scène, tout le monde était là à l’encourager et c'est un des seuls pour qui même les compétiteurs de derrière voulaient voir ce qu'il valait, ce qu'il faisait, le style qu'il apportait à la compétition. C'est toujours bien d'avoir cette surprise de personnes qui viennent de différents pays et on ne s'y attend pas du tout.”
 
Cette année, une catégorie féminine a été ouverte. Elles sont d’ailleurs neuf concurrentes à s’être inscrites, dont deux du Fenua, et certaines de la Nouvelle-Zélande où des îles Cook. “On nous a demandé d’ouvrir cette catégorie car dans la culture samoane les femmes sont mises en avant.”

Tolérance zéro sur l'alcool et la drogue

La compétition promet d’être disputée, et concernant le règlement imposé aux concurrents Tumata Vairaaroa se veut claire pour éviter d’éventuel excès. Notamment sur la consommation d’alcool et de drogue par les compétiteurs lors de ces soirées. “Effectivement, on se met à jour par rapport à la société. Il n’y aura pas de test pour cette année, mais bien évidemment qu'on le voit, on le sent, on le sait. Me connaissant, je suis très stricte à ce sujet. Moi, je n'aime pas du tout ce genre de comportements. Et si cela arrive, le compétiteur sera forcément éliminé, qu'il fasse ou pas sa prestation.”
 
L’organisatrice rappelle que la mise en place de cette compétition internationale à Tahiti a pour ambition de donner les conditions d’une amélioration du niveau des pratiquants locaux. “On a créé cette compétition pour nos compétiteurs, pour qu'ils aient un avenir et un niveau beaucoup plus élevé et beaucoup plus reconnu. Et puis, on nous a demandé de créer cette compétition, justement grâce à notre rigueur et à notre respect des valeurs. Donc, pas de test, je rappelle, pour cette année, mais je suis là et ceux qui me connaissent, ils savent.”
 
Rex explique ensuite que la sécurité lors de ces compétitions est “notre priorité, autant pour les compétiteurs que pour l'audience”. Il est donc important lors de ces compétitions que les couteaux utilisés soient “de très bonne qualité” les distances de sécurité doivent évidemment être maintenues avec le public et avec tout ce qui est inflammable.
 
Les deux soirées de concours promettent un beau spectacle et des prestations de haut niveau pour cette discipline qui ne laissera personne de marbre.

Rex Tiumalu Membre du jury “Aussi haut que tu vas, n'oublie jamais d'où tu viens”

“J’ai commencé la danse du feu avec ma famille. Mon père et mon frère, qui a été trois fois champion du monde de la danse du feu, étaient mes premiers professeurs ainsi que Mika et mon oncle Alvin. Ce sont toutes ces personnes qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. C’est un honneur pour moi d’être ici et de faire partie des membres du jury, avec mon savoir je vais pouvoir apporter toute mon expertise dans cette compétition. Cela fait longtemps qu'on attendait qu’une compétition internationale de danse de feu du couteau soit organisée à Tahiti. Aujourd’hui on peut dire qu’enfin on a notre propre compétition internationale. Grâce à cet échange culturel, on est devenu non seulement des amis, mais des frères (…). C'est un honneur et une bénédiction de recevoir ce don du ciel que d’être champion, et il faut le partager avec la prochaine génération. Mon message : suis ta passion, fais ce que tu aimes dans la vie, parfois c'est dur, parfois il y a des sacrifices, mais si tu continues, il y aura toujours quelqu'un qui va t'aider, peu importe où tu arrives, aussi haut que tu vas, n'oublie jamais d'où tu viens." 

Makaele Oloa Quintuple champion du monde “C'est un travail de toute une vie”

C'est un peu la même histoire, c'est aussi avec ma famille que j’ai commencé à apprendre la danse du couteau de feu. Mon premier professeur a aussi été mon père. On a eu beaucoup d'entraînement avec Rex et sa famille surtout lors de nos rassemblements. Ce que j’aimerais voir lors de cette compétition, ce sont les connaissances des compétiteurs, l'authenticité de la culture samoane, la force samoane qu’ils vont mettre dans leur danse. C’est tout cela que je veux voir et que j’ai envie qu’ils me montrent et aussi ce qu'ils vont apporter à la danse du feu, leurs mouvements, leur créativité. C'est vraiment un honneur pour moi d'être ici et c'est vraiment un honneur aussi de voir les Tahitiens perpétuer cette tradition et surtout de partager cela au monde entier. Maintenant on marche ensemble comme des frères pour partager notre passion. Même si nous sommes des champions du monde, nous sommes tous sur la même pirogue. Nous voulons toujours améliorer la culture et la danse (…). C'est un travail de toute une vie. Être champion, ce n'est pas juste être champion, et c'est fini. Non car il faut apporter la discipline à des niveaux incroyables.”
 

Joseph Cadousteau Trois fois champion du monde “Il y a beaucoup de sacrifices à faire”

“Être champion du monde c'est vraiment l'accomplissement de plusieurs années de travail. Il faut vraiment s'entraîner tous les jours. Toutes ces années de sacrifice… Parfois, tu ne peux aller faire la fête. Il faut te concentrer. Il faut rester assidu. Et des fois, dans mon cas, j'ai dû partir à l'étranger pour me perfectionner. Donc c'est des années de sacrifices, mais quand les résultats tombent on est très content. Et ce n’est pas seulement pour nous, mais pour le Fenua et aussi pour tous ceux qui nous ont soutenu à travers toutes ces années, comme ma famille et mes amis de Tahiti qui m'ont toujours soutenu. Quand je suis allé à l'étranger, pour continuer à me perfectionner, c’était dans le but d’obtenir ce titre de champion du monde pour Tahiti. Ce n'est pas seulement mes espoirs que je prenais avec moi. Mais aussi les espoirs de tous les champions qui n'ont pas eu la chance de venir. Maintenant, les jeunes voient en moi une possibilité. Avec beaucoup de travail, c'est possible d'y arriver mais il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de sacrifices à faire. Si tu aimes la danse du couteau de feu. Vas-y ! Suis ta passion."

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 25 Novembre 2025 à 20:31 | Lu 944 fois