SUVA, mercredi 6 mai 2015 (Flash d’Océanie) – Le Premier ministre fidjien Franck Bainimarama a lancé mercredi une nouvelle attaque musclée à l’encontre de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, qu’il a accusé une nouvelle fois d’exercer une influence excessive au sein du Forum des Îles du Pacifique (FIP), organisation considérée comme la voix politique de l’Océanie.
Dans un discours prononcé à l’occasion de l’ouverture d’une réunion censée faire avancer le statut diplomatique d’une autre organisation, le Forum de Développement des Îles du Pacifique (Pacific Islands Development Forum, PIDF), créé à l’initiative de Fidji, le chef de l’exécutif a notamment réitéré ses critiques vis-à-vis des deux grands voisins régionaux.
La réunion de cette semaine a pour objectif de recueillir les points de vue des pays de la région concernant un accord visant à accorder un statut diplomatique à cette nouvelle organisation, qui se dit plus ouverte que le Forum en accueillant notamment des gouvernements, mais aussi des entités non-étatiques et des acteurs du secteur privé.
Les premières réunions, en mode sommet, on ainsi attiré près d’une trentaine de représentants, pour certains venus de pays aussi lointains que les Émirats Arabes Unis, la Russie, l’Argentine, le Maroc ou encore le Luxembourg et le Kazakhstan.
Lors du dernier sommet du PIDF, le Président indonésien, à l’époque Susilo Bambang Yudhoyono, avait même fait le déplacement.
Plusieurs partenaires « traditionnels » de développement, comme l’Union Européenne, le Japon, la Chine ou encore la France, ont également assisté à ces réunions qui prônent une approche plus pragmatique et moins bureaucratique que celle du Forum, créé au début des années 1970 sur fonds d’accession de la grande majorité des pays insulaires à l’indépendance.
« Comme je l’ai déjà dit et comme je le redirai sûrement : nous ne voulons pas créer une bureaucratie ventripotente qui gaspille l’argent précieux de nos contribuables », a lancé le chef de l’exécutif fidjien.
Des bureaux provisoires, pour ce PIDF, ont été mis à disposition par Fidji, dans sa capitale Suva.
Lors de cette réunion, plusieurs représentants de collectivités françaises d’Océanie, comme la Polynésie française, ont fait le déplacement.
Faisant référence à une apparente concurrence entre le PIDF et le FIP, au sein duquel Fidji a été invité à reprendre part, après une exclusion post-putsch qui a duré de mai 2009 à septembre 2014 (après les élections qui ont vu le rétablissement de la démocratie à Fidji, huit ans après le putsch mené par M. Bainimarama en décembre 2006, puis son élection démocratique par près de soixante pour cent des suffrages, le 17 septembre 2014), le dirigeant fidjien a clairement indiqué qu’il ne participerait à aucun sommet annuel du FIP « tant que la question de l’influence injustifiée de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et nos divergences de points de vue à ce sujet, n’auront pas été mises à l’ordre du jour ».
« L’Australie et la Nouvelle-Zélande ne sont pas des nations insulaires. Et nous pensons qu’il existe d’autres partenaires de développement comme l’Union Européenne, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Indonésie et d’autres encore », a-t-il asséné.
« Il ne s’agit pas d’un point de vue malavisé qui serait basé sur une rancœur contre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, après leur attitude punitive envers notre programme de réformes qui ont produit la première véritable démocratie de l’histoire de notre pays (…) Mais telles que les choses se présentent, nous ne reconnaissons pas les intérêts de Fidji dans les positions prises par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En particulier concernant la plus grande menace à notre sécurité à laquelle nous ayons dû faire face collectivement, en tant qu’insulaires du Pacifique : la montée du niveau des océans provoquée par les changements climatiques », a-t-il poursuivi.
Sur ce dossier et la question d’adopter des engagements forts et contraignants en matière de réduction des volumes de gaz à effet de serre de la part des pays les plus pollueurs, selon le Premier ministre fidjien, « au lieu de se joindre à nous en première ligne de la campagne internationale pour réduire ces émissions, l’Australie en particulier traîne les pieds. Elle se met du côté de ce que j’appellerai ‘la coalition des égoïstes’ : ces nations industrialisées qui placent le bien-être de leurs industries polluantes au carbone avant le bien-être et la survie des insulaires du Pacifique. À tel point que même certains émetteurs majeurs de carbone se plaignent du refus de l’Australie d’honorer ses engagements internationaux (…) Il n’est donc pas surprenant que nous ayons conçu le point de vue selon lequel le statut de membre plein (de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande) au sein du (FIP) devrait remis en question, réexaminé et redéfini. Tout simplement, ils ne représentent pas nos intérêts alors que nous sommes confrontés à cette question de survie », a-t-il lancé.
Avenir du Forum des Îles du Pacifique : réunion prévue reportée sine die
Une réunion visant à discuter de l’avenir de « l’architecture régionale », à savoir l’organisation des nombreuses institutions régionales du Pacifique, a été reportée à plus tard cette année, a indiqué fin février 2015 la diplomatie australienne.
Cette réunion, largement organisée à la suite de demandes du gouvernement fidjien, visait notamment à réfléchir sur le statut des États membres du Forum des Îles du Pacifique (FIP), à commencer par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Ces deux pays ont été pointés du doigt par Fidji ces derniers mois.
Fidji avait été suspendu de son statut de membre du FIP en mai 2009, sur fonds de gouvernement post-putsch alors dirigé par Franck Bainimarama.
Après la tenue d’élections marquant le retour de Fidji dans le giron des démocraties, le 17 septembre 2014, le FIP avait à nouveau invité Fidji à réintégrer cette organisation régionale, considérée comme la voix politique du Pacifique.
Mais depuis, Suva (qui héberge aussi le siège du FIP) avait fait la sourde oreille et refusé de réintégrer son siège de membre plein du FIP.
Le gouvernement fidjien estime en effet qu’avant de ce faire, une réflexion en profondeur doit avoir lieu, concernant le statut des deux pays les plus influents au sein de cette organisation régionale : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Du point de vue de Suva, le FIP et ses États membres doivent notamment se demander si ces deux pays doivent continuer à être membres à part entière du FIP ou se ranger désormais dans la catégorie des partenaires de développement et pays donateurs, comme ceux (une douzaine) qui forment actuellement le groupe des partenaires du dialogue post-Forum (série d’entretiens multilatéraux entre les FIP et ses partenaires de développement).
On trouve dans cette catégorie des entités comme les France, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Union Européenne.
Lors de la dernière édition du sommet annuel des dirigeants du FIP à Koror (Palau), en 2014, la demande de Cuba de participer au traditionnel dialogue post-Forum a été formellement acceptée.
Toujours selon le raisonnement fidjien, au cas où l’Australie et la Nouvelle-Zélande conserveraient leur statut de membre du FIP, alors ce même statut de membre devrait aussi être octroyé à des pays du bloc post-Forum.
Le principe de ces discussions avait été entériné par la ministre australienne des affaires étrangères, Julie Bishop, lors d’une visite officielle à Fidji en octobre 2014.
Mais les discussions, initialement annoncées pour avoir lieu à Sydney courant février 2015, n’auront pas lieu dans cette fourchette temporelle, a indiqué le Haut-commissariat (ambassade) australien en février 2015.
Motif invoqué : après consultations des gouvernements des États membres, plusieurs d’entre eux ont invoqué des « difficultés » dans leurs « calendriers » respectifs, concernant le déplacement de chefs de gouvernements à Sydney.
« Après consultations avec les dirigeants régionaux, il est clair que les dates que nous avions proposé pendant le premier trimestre 2015 ne conviennent pas à tout le monde », avait alors indiqué un porte-parole à l’ambassade australienne.
« L’Australie a toujours dit qu’elle voulait consulter et recueillir les points de vue des autres (membres) de la région. Nous allons poursuivre ces consultations avec les pays insulaires du Pacifique dans les mois à venir concernant les options en vue de renforcer l’architecture régionale (…) avant la tenue du sommet des dirigeants du FIP à Port-Moresby (en juillet 2015) », ont indiqué les mêmes sources diplomatiques.
La nouvelle Secrétaire Générale du FIP, Meg Taylor (Papouasie-Nouvelle-Guinée), lors de récentes tournées de prise de contact à travers l’Océanie, a indiqué à plusieurs reprises sa volonté de promouvoir le dialogue, y compris sur l’avenir de l’institution régionale qu’elle dirige désormais.
« Il faut que tout le monde se rencontre autour d’une table. Pour discuter de ça. Et pour aussi bien réfléchir, avant cette réunion, des conséquences de chaque scénario (…) Moi, je voudrais voir Fidji revenir en tant que membre très actif du FIP, tout simplement parce que c’est un membre très précieux de la région Pacifique », a-t-elle récemment confié.
pad
Dans un discours prononcé à l’occasion de l’ouverture d’une réunion censée faire avancer le statut diplomatique d’une autre organisation, le Forum de Développement des Îles du Pacifique (Pacific Islands Development Forum, PIDF), créé à l’initiative de Fidji, le chef de l’exécutif a notamment réitéré ses critiques vis-à-vis des deux grands voisins régionaux.
La réunion de cette semaine a pour objectif de recueillir les points de vue des pays de la région concernant un accord visant à accorder un statut diplomatique à cette nouvelle organisation, qui se dit plus ouverte que le Forum en accueillant notamment des gouvernements, mais aussi des entités non-étatiques et des acteurs du secteur privé.
Les premières réunions, en mode sommet, on ainsi attiré près d’une trentaine de représentants, pour certains venus de pays aussi lointains que les Émirats Arabes Unis, la Russie, l’Argentine, le Maroc ou encore le Luxembourg et le Kazakhstan.
Lors du dernier sommet du PIDF, le Président indonésien, à l’époque Susilo Bambang Yudhoyono, avait même fait le déplacement.
Plusieurs partenaires « traditionnels » de développement, comme l’Union Européenne, le Japon, la Chine ou encore la France, ont également assisté à ces réunions qui prônent une approche plus pragmatique et moins bureaucratique que celle du Forum, créé au début des années 1970 sur fonds d’accession de la grande majorité des pays insulaires à l’indépendance.
« Comme je l’ai déjà dit et comme je le redirai sûrement : nous ne voulons pas créer une bureaucratie ventripotente qui gaspille l’argent précieux de nos contribuables », a lancé le chef de l’exécutif fidjien.
Des bureaux provisoires, pour ce PIDF, ont été mis à disposition par Fidji, dans sa capitale Suva.
Lors de cette réunion, plusieurs représentants de collectivités françaises d’Océanie, comme la Polynésie française, ont fait le déplacement.
Faisant référence à une apparente concurrence entre le PIDF et le FIP, au sein duquel Fidji a été invité à reprendre part, après une exclusion post-putsch qui a duré de mai 2009 à septembre 2014 (après les élections qui ont vu le rétablissement de la démocratie à Fidji, huit ans après le putsch mené par M. Bainimarama en décembre 2006, puis son élection démocratique par près de soixante pour cent des suffrages, le 17 septembre 2014), le dirigeant fidjien a clairement indiqué qu’il ne participerait à aucun sommet annuel du FIP « tant que la question de l’influence injustifiée de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et nos divergences de points de vue à ce sujet, n’auront pas été mises à l’ordre du jour ».
« L’Australie et la Nouvelle-Zélande ne sont pas des nations insulaires. Et nous pensons qu’il existe d’autres partenaires de développement comme l’Union Européenne, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Indonésie et d’autres encore », a-t-il asséné.
« Il ne s’agit pas d’un point de vue malavisé qui serait basé sur une rancœur contre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, après leur attitude punitive envers notre programme de réformes qui ont produit la première véritable démocratie de l’histoire de notre pays (…) Mais telles que les choses se présentent, nous ne reconnaissons pas les intérêts de Fidji dans les positions prises par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En particulier concernant la plus grande menace à notre sécurité à laquelle nous ayons dû faire face collectivement, en tant qu’insulaires du Pacifique : la montée du niveau des océans provoquée par les changements climatiques », a-t-il poursuivi.
Sur ce dossier et la question d’adopter des engagements forts et contraignants en matière de réduction des volumes de gaz à effet de serre de la part des pays les plus pollueurs, selon le Premier ministre fidjien, « au lieu de se joindre à nous en première ligne de la campagne internationale pour réduire ces émissions, l’Australie en particulier traîne les pieds. Elle se met du côté de ce que j’appellerai ‘la coalition des égoïstes’ : ces nations industrialisées qui placent le bien-être de leurs industries polluantes au carbone avant le bien-être et la survie des insulaires du Pacifique. À tel point que même certains émetteurs majeurs de carbone se plaignent du refus de l’Australie d’honorer ses engagements internationaux (…) Il n’est donc pas surprenant que nous ayons conçu le point de vue selon lequel le statut de membre plein (de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande) au sein du (FIP) devrait remis en question, réexaminé et redéfini. Tout simplement, ils ne représentent pas nos intérêts alors que nous sommes confrontés à cette question de survie », a-t-il lancé.
Avenir du Forum des Îles du Pacifique : réunion prévue reportée sine die
Une réunion visant à discuter de l’avenir de « l’architecture régionale », à savoir l’organisation des nombreuses institutions régionales du Pacifique, a été reportée à plus tard cette année, a indiqué fin février 2015 la diplomatie australienne.
Cette réunion, largement organisée à la suite de demandes du gouvernement fidjien, visait notamment à réfléchir sur le statut des États membres du Forum des Îles du Pacifique (FIP), à commencer par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Ces deux pays ont été pointés du doigt par Fidji ces derniers mois.
Fidji avait été suspendu de son statut de membre du FIP en mai 2009, sur fonds de gouvernement post-putsch alors dirigé par Franck Bainimarama.
Après la tenue d’élections marquant le retour de Fidji dans le giron des démocraties, le 17 septembre 2014, le FIP avait à nouveau invité Fidji à réintégrer cette organisation régionale, considérée comme la voix politique du Pacifique.
Mais depuis, Suva (qui héberge aussi le siège du FIP) avait fait la sourde oreille et refusé de réintégrer son siège de membre plein du FIP.
Le gouvernement fidjien estime en effet qu’avant de ce faire, une réflexion en profondeur doit avoir lieu, concernant le statut des deux pays les plus influents au sein de cette organisation régionale : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Du point de vue de Suva, le FIP et ses États membres doivent notamment se demander si ces deux pays doivent continuer à être membres à part entière du FIP ou se ranger désormais dans la catégorie des partenaires de développement et pays donateurs, comme ceux (une douzaine) qui forment actuellement le groupe des partenaires du dialogue post-Forum (série d’entretiens multilatéraux entre les FIP et ses partenaires de développement).
On trouve dans cette catégorie des entités comme les France, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Union Européenne.
Lors de la dernière édition du sommet annuel des dirigeants du FIP à Koror (Palau), en 2014, la demande de Cuba de participer au traditionnel dialogue post-Forum a été formellement acceptée.
Toujours selon le raisonnement fidjien, au cas où l’Australie et la Nouvelle-Zélande conserveraient leur statut de membre du FIP, alors ce même statut de membre devrait aussi être octroyé à des pays du bloc post-Forum.
Le principe de ces discussions avait été entériné par la ministre australienne des affaires étrangères, Julie Bishop, lors d’une visite officielle à Fidji en octobre 2014.
Mais les discussions, initialement annoncées pour avoir lieu à Sydney courant février 2015, n’auront pas lieu dans cette fourchette temporelle, a indiqué le Haut-commissariat (ambassade) australien en février 2015.
Motif invoqué : après consultations des gouvernements des États membres, plusieurs d’entre eux ont invoqué des « difficultés » dans leurs « calendriers » respectifs, concernant le déplacement de chefs de gouvernements à Sydney.
« Après consultations avec les dirigeants régionaux, il est clair que les dates que nous avions proposé pendant le premier trimestre 2015 ne conviennent pas à tout le monde », avait alors indiqué un porte-parole à l’ambassade australienne.
« L’Australie a toujours dit qu’elle voulait consulter et recueillir les points de vue des autres (membres) de la région. Nous allons poursuivre ces consultations avec les pays insulaires du Pacifique dans les mois à venir concernant les options en vue de renforcer l’architecture régionale (…) avant la tenue du sommet des dirigeants du FIP à Port-Moresby (en juillet 2015) », ont indiqué les mêmes sources diplomatiques.
La nouvelle Secrétaire Générale du FIP, Meg Taylor (Papouasie-Nouvelle-Guinée), lors de récentes tournées de prise de contact à travers l’Océanie, a indiqué à plusieurs reprises sa volonté de promouvoir le dialogue, y compris sur l’avenir de l’institution régionale qu’elle dirige désormais.
« Il faut que tout le monde se rencontre autour d’une table. Pour discuter de ça. Et pour aussi bien réfléchir, avant cette réunion, des conséquences de chaque scénario (…) Moi, je voudrais voir Fidji revenir en tant que membre très actif du FIP, tout simplement parce que c’est un membre très précieux de la région Pacifique », a-t-elle récemment confié.
pad