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Le MMA passé à la loupe


La conférence a donné un avant-goût du programme de vendredi
La conférence a donné un avant-goût du programme de vendredi
PAPEETE, le 9 octobre 2019 - Le docteur en sociologie Yann Ramirez a animé mardi une conférence dans l’amphithéâtre de l’Institut de la jeunesse et des sports. "Du free fight aux arts martiaux mixtes : sportivisation, violence et réception d’un sport de combat".
 
Yann Ramirez a présenté toute une série d’arguments documentés visant à faire tomber contre-vérités et rumeurs circulant autour des arts martiaux mixtes (MMA) véhiculées par le cinéma, internet, les médias "mainstream"... La conférence a débuté par une partie historique sur le MMA. Anciennement appelé "combat libre" ou "free fight", il associe divers arts martiaux, notamment la lutte, la boxe thaï, le jiu jitsu…
 
C’est là qu’est tombée la première contre-vérité puisque le MMA n’est absolument pas un combat "libre"  mais est au contraire extrêmement réglementé, codifié, en tout cas dans sa forme actuelle. On a pu entendre au sujet de l’argument phare de ses détracteurs, les fameuses "frappes au sol", qu’elles ne seraient pas si dévastatrices que cela car la plupart du temps "l’assaillant n’a que peu de recul".
 
On a également entendu que "la boxe est plus sujette à déclencher l’encéphalopathie traumatique chronique" (ETC) car les gants de boxe sont plus lourds que ceux de MMA. Yann Ramirez a également pris un exemple concret : un combattant ayant subi un KO en rugby est autorisé à retourner plus rapidement sur le terrain (délai correspondant à rater un match du Top 14 et pas deux) qu’un combattant de MMA qui doit s’arrêter deux mois.
 
Il a reconnu malgré tout, concernant les cas d’ETC, dont Wanderlei Silva, BJ Penn, Mark Hunt ou Mirko Crocop sont victimes, que nous ne possédons pas le recul nécessaire,
le MMA étant une discipline récente.

Yann Ramirez a déconstruit les mythes et contre-vérités liés au MMA
Yann Ramirez a déconstruit les mythes et contre-vérités liés au MMA
Le sociologue a également mis en lumière les amalgames qui induisent le grand public en erreur. En Russie par exemple, "laboratoire expérimental", les promoteurs de seconde zone font tout et n’importe quoi avant de disparaître. "Le MMA, le vrai, lui s’inscrit dans la durée et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Les athlètes sont suivis médicalement, contrôlés. Les blessures sont le plus souvent des coupures au visage, spectaculaires car sanguinolentes mais faisant moins de ravages que dans certains autres sports" a-t-il déclaré, pourcentages et études à l’appui.
 
Il a déconstruit également certains mythes liés à l’argent. "Oui, il y a beaucoup, beaucoup d’argent, certains en vivent mais beaucoup sont simplement des passionnés" a-t-il dit, prenant l’exemple de la Belgique où certains promoteurs ont du mal à rentabiliser les soirées de combat. "Le MMA a été développé et a eu du succès dans la frange riche de la société, au Brésil par exemple, contrairement à ce que l’on pourrait penser, notamment à travers le pay-per-view."
Si la progression est globalement constante, le chiffre d’affaires de l’ultimate fighting championship, l’organisation majeure, a subi une grosse baisse de chiffre d’affaire depuis que Connor Mc Gregor s’est retiré. Le MMA semble dépendant de ses stars et l’argent est donc centralisé sur l’UFC et sur certaines de ses têtes d’affiche, un argument sonnant comme une mise en garde envers ceux qui pensent forcément gagner de l’argent à travers le MMA.
 
"Les femmes gagnent autant que les hommes, voire plus" : bonne nouvelle pour les représentantes de la gente féminine qui souhaiteraient se lancer dans le MMA, encore faut-il qu’elles aient moins de trente ans.
 
Le sociologue a en effet évoqué un nombre plus important de blessures et d'ETC après 30 ans, également un nombre de cas de dopage plus important, comme si les combattants cherchaient à lutter contre la marche du temps. "Je n’ai rien contre les trentenaires, j’en suis un moi-même, a-t-il ironisé,  mais la pratique de cette discipline est déconseillée après la trentaine, il faut savoir s’arrêter".

Au programme le 11 octobre

Vendredi, de 8 à 17 heures à l’Intercontinental Tahiti, la journée sera consacrée aux conférences sur le MMA, en présence de Kerrith Brown et de Bertrand Amoussou, respectivement président et directeur France de la Fédération internationale (IMMAF).
7h50 : To’a Huhina, discours
8h30 : sociologie
10 heures : développement
13 heures : MMA amateur
15 heures : MMA pro

Rédigé par SB le Mercredi 9 Octobre 2019 à 16:44 | Lu 1461 fois