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Le Japon lutte pour éviter un accident nucléaire majeur


Les deux explosions survenues lundi dans le bâtiment abritant le réacteur 3 de la centrale de Fukushima n°1 ont fait sept disparus, dont six soldats, et trois blessés
Les deux explosions survenues lundi dans le bâtiment abritant le réacteur 3 de la centrale de Fukushima n°1 ont fait sept disparus, dont six soldats, et trois blessés
SENDAI, 14 mars 2011 (AFP) - Le Japon était engagé lundi dans une course contre la montre pour éviter un accident nucléaire majeur après de nouvelles explosions dans une centrale et pour porter secours aux centaines de milliers de sinistrés du plus fort séisme de son histoire.

Les autorités tentaient en outre de limiter l'impact économique de la catastrophe, qui a drastiquement réduit l'approvisionnement électrique dans la région de Tokyo où des entreprises ont suspendu partiellement leur production.

Deux explosions se sont produites lundi en fin de matinée au niveau du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Fukushima 1, accidenté à la suite du séisme.

Le réacteur a résisté, a assuré peu après l'opérateur, Tokyo Electric Power (Tepco). La possibilité de fuites radioactives est "faible", a ajouté le gouvernement.

Une explosion similaire avait eu lieu samedi sur le réacteur N°1 de la même centrale, située à environ 250 km au nord-est de Tokyo. Tepco avait entrepris une opération pour relâcher de la pression sur ce réacteur, dont le système de refroidissement était tombé en panne.

Cette explosion a produit des rejets radioactifs "très importants", a indiqué dimanche l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français. Mais les autorités japonaises ont assuré que ces rejets n'avaient pas eu de conséquences sur la santé des personnes hors de la zone proche de la centrale.

Cet accident a été évalué au niveau 4 sur une échelle de 0 à 7 des événements nucléaires et radiologiques (Ines), contre 5 pour celui de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979 et 7 pour celui de Tchernobyl, en Ukraine en 1986.

Une autre centrale, celle de Tokai 2, à 120 km au nord-est de Tokyo, a également connu dimanche des problèmes de refroidissement, sans dommages selon les autorités.

Dans la région dévastée par le séisme de magnitude 8,9 suivi du tsunami, les sauveteurs redoublaient d'efforts lundi matin pour tenter de retrouver des survivants.

Mais l'espoir diminuait d'heure en heure autour de Sendai, où le bilan officiel s'élevait à 1.597 morts, selon la police.

L'autre priorité des autorités était de porter secours aux 590.000 personnes évacuées, selon un décompte des Nations unies, dont beaucoup manquaient d'eau, d'électricité et parfois de vivres.

Le Japon a pour cela mobilisé 100.000 soldats, soit 40% des effectifs de son armée, tandis que de nombreuses équipes de sauveteurs étrangers continuaient à arriver sur les lieux.

Le Premier ministre, Naoto Kan, a affirmé dimanche que le pays faisait face à "sa plus grave crise en 65 ans, depuis la Seconde Guerre mondiale".

"La capacité du Japon à se relever dépend de chacun d'entre nous", a ajouté le chef du gouvernement, qui porte depuis vendredi l'uniforme des services d'urgence.

Une nouvelle secousse sismique, d'une magnitude de 5,8 selon l'institut de géophysique américaine (USGS), a secoué lundi matin la région de Tokyo tandis qu'une alerte au tsunami était lancée dans le nord-est.

Plusieurs pays, comme la France ou l'Allemagne, ont encouragé leurs ressortissants habitant la région de Tokyo à partir s'ils le pouvaient, par crainte notamment d'une éventuelle réplique de magnitude 7 qui pourrait survenir d'ici mercredi dans le nord-est.

La Bourse de Tokyo a ouvert en forte baisse lundi, pour sa première séance depuis la catastrophe. L'indice Nikkei chutait de 4,53% à la mi-séance après avoir dégringolé de près de 6% peu après l'ouverture.

Le gouvernement a prévenu que le séisme allait "avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs".

Les principaux constructeurs nippons d'automobiles ont suspendu lundi leur production dans tout le pays, à cause de difficultés d'approvisionnement.

Afin de "stabiliser" la situation, la Banque du Japon a procédé lundi à la plus importante injection de liquidités de son histoire, mettant 7.000 milliards de yens (61,4 milliards d'euros) sur le marché.

"Nous prenons toutes les mesures possibles, dont l'apport de liquidités, pour assurer la stabilité des marchés financiers et faciliter les opérations", a déclaré un porte-parole de la banque centrale.

Le yen est monté en Asie lundi à son plus haut niveau face au dollar depuis quatre mois, les opérateurs s'attendant à ce que les Japonais rapatrient des fonds en masse pour financer la reconstruction des zones dévastées.

Le séisme pourrait coûter 34,6 milliards de dollars aux assurances, selon une estimation d'AIR Worldwide, spécialiste de l'évaluation du risque.

La situation au Japon a relancé le débat sur l'énergie nucléaire, notamment en Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a dû intervenir dimanche pour rassurer la population à deux semaines d'un scrutin régional crucial.

En France, qui compte de nombreuses centrales, le gouvernement a assuré qu'il allait "tirer les enseignements utiles des événements japonais" pour son propre système d'exploitation.

bur-jri/ep

Rédigé par Par Hiroshi HIYAMA le Dimanche 13 Mars 2011 à 18:47 | Lu 655 fois