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Le Faati Moorea bousculé par la météo


Shell domine la course en imposant un gros rythme du début jusqu’à la fin.
Shell domine la course en imposant un gros rythme du début jusqu’à la fin.

Tahiti, le 6 juillet 2025 - Des conditions climatiques compliquées ont eu raison du parcours classique du Faati Moorea. Samedi matin, les participants de cette grande course de va’a se sont tournés vers Hitia’a. Exit la grande boucle de 90 kilomètres autour de Moorea : direction l’est de Tahiti pour un combat de 66 kilomètres, où la team Shell Va’a a dominé ses adversaires en imposant un gros rythme, malgré une remontée face au vent. L’équipage franchit la ligne d’arrivée en 04:46:28,98. Chez les femmes, c’est encore une fois Ihilani Va’a qui brille et poursuit sa très belle saison. Les rameuses bouclent le parcours de 20 kilomètres en 01:46:25,19. 

 

Vendredi, la Fédération tahitienne de va’a (FTV) a connu une journée mouvementée. Entre appels à la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) et échanges avec des connaissances à Moorea, la cellule d’organisation de la Fa’ati Moorea, menée par Marc Atiu, directeur de la course, a dû prendre une décision difficile mais cruciale pour la sécurité des rameurs : annuler le parcours classique de 90 km – qui part du Taaone jusqu’à Moorea pour en faire le tour complet avant un retour sur Tahiti – et le remplacer par le parcours alternatif. 

 

Un itinéraire plus sécurisé, vu les conditions annoncées. Toujours au départ du Taaone mais en direction cette fois de Hitia’a avant de revenir au point de départ. 

 

Changement de parcours pour le Faati  

 

Une course de 66 kilomètres qui a permis aux dix équipes seniors de pratiquer leur sport dans de meilleures conditions. “Notre directeur a appelé quelques pêcheurs de Ha’apiti qui lui ont confirmé que les conditions rendraient le parcours dangereux. Et moi, j’ai eu la direction de la DPAM, qui m’a confirmé que la solution du parcours B était la meilleure. La houle qui monte des Australes pouvait toucher la côte ouest ce matin [samedi], donc il était préférable de prendre une autre option”, confiait le président de la Fédération, Rodolphe Apuarii. 

 

Samedi matin, sur la plage du Taaone, les 65 équipages inscrits pour cette course prenaient un départ décalé, afin de fluidifier la navigation sur le parcours, car tous allaient dans la même direction. Les seniors partaient vers Hitia’a, tandis que les autres catégories se dirigeaient jusqu’au Motu Martin pour en faire le tour et revenir. Seuls les cadets et cadettes allaient jusqu’à Toahiro (Pointe Vénus), avant de rentrer au parc Aorai Tini Hau de Pirae. 

 

Le premier départ fut, bien sûr, pour la grande boucle. Les seniors avaient hâte d’en découdre, et le changement de parcours n’avait pas entamé leur motivation. Les premiers coups de rame démontraient déjà toute la détermination que les équipes voulaient mettre dans cette course à changements. 

 

À la sortie de la passe du Taaone, Shell et Enviropol étaient au coude à coude. Derrière eux, l’équipage de Rangiroa, Manihi Va’a, renforcé pour l’occasion par des rameurs d’OPT, se tenait non loin du duo de tête. Une bataille s’engageait. La course allait être longue et difficile, et les choix de cap comme les changements d’équipiers seraient déterminants. 

 

À l’approche de la Pointe Vénus, Shell Va’a commençait à creuser l’écart avec la team Enviropol. Manihi Va’a ne lâchait rien. Une donnée inhabituelle : le vent soufflait dans le dos pendant la descente, ce qui permettait aux va’a de s’appuyer sur les vagues pour économiser de l’énergie. Car le retour s’annonçait difficile, avec le vent de face et une houle montante. 

 

Une remontée face au vent  

 

Ce fut bien le cas, et dans ces conditions, c’est l’équipe de Shell qui a pris le dessus. Avec un rythme soutenu et une vitesse digne des plus grandes courses, les jeunes pousses menées par le peperu Hotuiterai Poroi, encore présent en raison de l’absence de son équipe Air Tahiti, creusaient l’écart avec leurs adversaires. 

 

Grâce à des changements maîtrisés et un effort constant, l’équipage Shell a maintenu cette intensité jusqu’au bout, sans rien lâcher, pour la plus grande fierté de leur coach, David Tepava. 

 

Derrière, l’écart se creusait également entre Enviropol et Manihi, qui ont tout donné pour garder leur troisième place. En embuscade, l’équipage de Arue a réalisé une remontée extraordinaire et est parvenu à se classer quatrième, en prenant l’avantage sur la team Banque de Tahiti, qui avait pourtant longtemps occupé cette position. 

 

Avec plus de huit minutes d’avance à l’arrivée, la team Shell a, une fois de plus, démontré sa progression et tout le travail accompli par ces jeunes rameurs. Même si leurs concurrents habituels n’étaient pas présents lors de cette course, le temps final (04:46:28,98) montre que peu d’équipes auraient pu rivaliser avec eux ce samedi. 

 

Enviropol réalise une très belle course et boucle l’épreuve en 04:55:02,50. En troisième position, Manihi Va’a a fait preuve de beaucoup de résilience pour conserver sa place sur le podium. 

 

La team Ihilani toujours au rendez vous 

 

Sur le parcours des 20 kilomètres, les catégories juniors, seniors dames, vétérans 50 et 60, ainsi que les mixtes, ont connu les mêmes conditions que les seniors : vent dans le dos à l’aller et de face au retour. 

 

Même si la course se déroulait dans le lagon, les rameurs et rameuses ont tout donné pour réaliser la meilleure performance possible. 

 

Les filles de Ihilani Va’a confirment leur excellente forme du moment. Malgré l’absence de leur leader Vaimiti Maoni, actuellement brillante aux Mini Jeux de Palaos, les filles de Pirae ont eu la chance d’être menées par la championne Iloha Eychenne. Dans une équipe déjà bien rodée, cet apport de qualité leur a permis de briller encore une fois. 

 

Chez les jeunes, les équipes investies dans la formation se sont également imposées, comme EDT chez les cadets et OPT chez les juniors. 

 

En mixte, c’est la belle formation de Tahuareva no Tautira qui l’emporte. 

 

Malgré la période des vacances et les Mini Jeux, cela n’a pas empêché le bon déroulement d’un événement important, inscrit dans la période du Heiva. Une présence indispensable pour un sport qui représente parfaitement la culture polynésienne. 


Interviews : 

Rodolphe Apuarii, président de la fédération tahitienne de Va’a 

“On peut remercier tous les participants de ces courses. Malgré le changement de parcours ils ont répondu présent. Malgré l’absence de rameurs partis à Palaos, on a réussi à avoir une très belle course. C’était très important de le maintenir car en cette période de Heiva, notre sport culturel se doit d’être présent.”  

 

Iloha Eychenne, rameuse de Ihilani Va’a 

“C’était une très bonne course. On fait un joli départ avec 30 pirogues. On ne savait pas où était les autres filles. Mais on a réussi à tirer notre épingle du jeu. On a fait une belle descente dans le surf alors que c’est souvent le contraire sur ce parcours. Par contre la remontée après le demi-tour au Motu Martin, ça a été plus compliquée face au vent. J’ai pris un plaisir immense à ramer en compagnie de filles qui sont très bien entrainées et qui ont une énergie incroyable sur l’eau.” 

 

David Tepava, coach Shell Va’a 

“Je suis très fier de mes gars. Ils ont bien bossé sur cette course. En plus ce n’est pas simple : c’est une course a changements. Malgré ça on a maintenu une même vitesse du début à la fin. Aujourd’hui, on a fait un très bon chrono. C’est encourageant. On commence à trouver de bonnes sensations ensemble sur l’eau et le groupe grandi bien et vite. J’aurais bien aimé faire les 90 kilomètres pour que mes gars connaissent une épreuve de longue distance. Ils ont besoin de faire des kilomètres pour avoir plus d’expérience.” 

 

Yoann Cronsteadt, rameur Mahini va’a 

“Finalement la réduction du parcours était une bonne initiative parce qu’avec les conditions annoncées ça aurait été compliqué. On a essayé de rester longtemps dans le match, surtout pour sécuriser notre troisième place. On a fait une belle course et on est très contents de faire un podium. Merci aux copains de OPT va’a qui nous ont aidé aujourd’hui. Le va’a est un sport de copains et c’est super de vivre une expérience comme ça.” 










Rédigé par Manu Rodor le Dimanche 6 Juillet 2025 à 19:15 | Lu 1452 fois